jeudi 29 février 2024

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Une belle fresque familiale, sociale et historique, sur quasiment un siècle,  à partir d’un fait réel. « Le portrait de la dame » de Gustav Klimt, peint en 1910 à Vienne, transformé, volé puis retrouvé dans un sac poubelle, en Italie.

Qui était le modèle du peintre ? Personne ne le sait…

Camille de Peretti nous propose une version romancée de ce mystère.

Fin des années 1920  - New York et un personnage central : Isidore.  Un orphelin, simple cireur de chaussures mais curieux, intelligent et malin. Il a ses clients attitrés et ceux-ci lui parlent en toute confiance de leurs investissements en bourse. Il y a un parti à tirer de ces infos et il se lance dans  une aventure qui le fera réussir.

Plusieurs temporalités, plusieurs lieux que le lecteur suivra sans difficultés, grâce à la plume fluide et précise de l’autrice.

J’ai aimé la complexité des personnages. Tantôt attachants, tantôt répulsifs, tout en nuances.

Un scénario bien maîtrisé, de nombreux thèmes traités avec justesse et sensibilité : la liberté, la pression sociale, la passion, la détermination et la lâcheté, la force de l’art et l’attachement quasiment physique à un tableau.

La force de la peinture. « C’est comme si j’avais retrouvé ma mère. Le portrait me parlait, il me réconfortait, il était devenu essentiel, je l’aimais comme une vraie personne, comme une personne réelle ! »

 

Un excellent roman bien documenté et passionnant.

En le refermant, j’ai parcouru sur Internet, les infos relatives à ce fameux portrait et découvert plus amplement – merci Camille de Peretti – l’œuvre du Gustav Klimt.

Lu dans le cadre du Prix Orange 2024.

Merci à la Fondation Orange et aux éditions Calmann-Lévy de m’avoir permis de découvrir ce titre et cette autrice.

 

 

mardi 27 février 2024

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Londres – fin du 19ème siècle – Une famille aisée, un père dur et brutal et deux jumeaux, Oscar et Vincent Swinburne. Deux frères très proches unis par les jeux, l’équitation, l’escrime, les études  et surtout la musique et le piano.

Mais si Oscar est bien plus talentueux que Vincent, il est également atteint de nanisme : « Oscar avait gardé un corps d’enfant mais écopé de la laideur des adultes. »  Inacceptable pour le père que le nain soit meilleur que le fils normal...

Il abandonne Oscar dans un chenil où il sera récupéré par Freddy, un vieil homme noir, misérable, bienveillant et merveilleux pianiste. « Freddy avait aussi trouvé en lui un fils, et Oscar, une nouvelle famille – composée de chiens et d’une grande ombre qui marchait dans la musique. »

Dans ce quartier de Whitechapel où ils habitent, il ne fait pas bon être handicapé, juif, noir, homosexuel ou prostituées… Un gang, Tabula Rasa les traque et les torture à mort. Après un épisode particulièrement douloureux pour Oscar, il organise la résistance et la révolte. « Ici, il se fondait dans la masse des affreux en tous genres et était aimé pour ce qu’il était : un aristocrate en état de rébellion, un roi déchu revenu parmi le peuple. »

Ce livre est un curieux mélange de plusieurs inspirations. Celle du « Seigneur des anneaux », « d’Éléphant man »,  dans un environnement proche de celui de la cour des miracles.

Si vous recherchez le fantastique, les rebondissements dans tous les sens et n’êtes pas trop soucieux de la cohérence, ce roman est pour vous.

Personnellement, j’ai surtout apprécié le traitement de la honte d’être différent, de l’exclusion, de la résilience, puis de la sincérité de l’amour d’Oscar pour Rosa.

A propos de la résilience, elle est joliment illustrée par le nom qu’il se donne, Octave : « Et mon nom, Dièse, c’est toujours un demi-ton au-dessus. C’est bien pour un nain, non ? » Octave Dièse, le nain amoureux de la musique.

Lu dans le cadre du prix orange 2024.

Je remercie la Fondation Orange et les éditions du Sonneur de m’avoir permis de découvrir ce roman.

 

 

lundi 26 février 2024

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J’abordais cette BD avec enthousiasme et curiosité car je me sentais bien concernée.  On ne m’a pas encore traitée de « boomer » mais cela pourrait bien arriver, j’en ai l’âge…

Quand les sexa, comme Ernesto et ses amis, refont le monde, se posent des questions sur leur passé, leur avenir, ce qu’ils vont laisser à leurs enfants…

D’où des nombreuses (trop nombreuses) scènes de discussion où les clichés abondent : « Voilà, Twitter s'assure de nous maintenir bien tranquilles comme ça, chacun peut donner libre cours à sa colère sans quitter son canapé. »

Les protagonistes autour d’Ernesto sont des « faire-valoir » et seule sa femme et sa fille sont plus intéressantes, et mieux campées.

Malgré tout, là aussi, les lieux communs s’entassent : « Vous, au moins, les hommes, vous pouvez passer de séduisants à intéressants. Alors ne commence pas à te plaindre. A cet âge, les femmes sont déjà invisibles aux yeux des hommes depuis bien longtemps.  Toi inclus. »

Le graphisme est agréable et maîtrisé.  Je ferai un nouvel essai avec une autre parution de Bartholomé Segui….

Merci à Netgalley et aux éditions La Boîte à bulles.

 

 

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Mais que font les avocats pénalistes pendant que le jury populaire délibère ?

Dans les années 1930, Christine et Léa Papin, bonnes de leur état, ont défrayé la chronique après avoir sauvagement tué leur patronne et la fille de cette dernière. Ces crimes pouvaient valoir la peine capitale aux coupables.

Le procès s’achève le 29 septembre 1933 et après les plaidoiries des avocats de la défense, le jury se retire, la salle d’audience se vide et chacun attend le verdict.

C’est ce temps suspendu, ce moment d’attente que nous fait partager Julia Minkowski à travers le portrait de Me Germaine Brière, première avocate inscrite au barreau de la Sarthe qui défendait une des protagonistes de « l’affaire des sœurs Papin ».

C’est le moment où l’avocate doute. Sa plaidoirie était-elle convaincante ? Le problème est que seul le verdict peut déterminer si le travail a bien été fait, et en l’occurrence, il se traduit par la vie ou la mort de sa cliente.

C’est l’occasion pour Germaine de faire le point sur les faits importants qui ont jalonnés son existence, sa volonté farouche de bousculer cette justice des hommes faite par des hommes où les femmes  ne sont présentes que sur le banc des accusés.

Mais attention, ce roman n’est pas un « polar judiciaire ». Non.

C’est plus que cela puisqu’il parle des difficultés d’une femme pour accéder à un milieu exclusivement masculin, sectaire et refermé sur lui-même, à tel point que pour qu’elle obtienne son inscription au barreau, on va même jusqu’à lui demander un certificat de virginité ! Mais nul doute qu’en 90 ans, cet état d’esprit a considérablement évolué (enfin, il faut l’espérer).

C’est le portrait d’une femme émancipée de l’entre deux guerres, qui veut vivre sa vie et non celle qu’une partie de son entourage voudrait lui voir mener.

Mais c’est aussi un réquisitoire contre la peine de mort, avec la description des derniers instants d’Henri-Louis Nicolas, guillotiné en 1932, qui résonne avec les propos de Robert Badinter.

Servi par une écriture fluide, sans fioriture, Julia Minkowski, avec juste ce qu’il faut de précisions techniques, nous fait comprendre les rouages de la justice pénaliste et certains pourront réviser les jugements et les a priori qu’ils peuvent avoir sur le métier d’avocat.

Un roman à lire sans attendre.

Lu dans le cadre du prix des lecteurs 2024 organisé par le Livre de Poche. 

dimanche 25 février 2024

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« Tout est presque vrai dans cette fiction. »

Karyn Nishimura a mixé l’histoire réelle de plusieurs prévenues pour donner vie à Midori : une jeune femme coupable d’un triple infanticide.

Récit qui sert d’arrière-plan à l’analyse d’une face plus sombre du Japon. Tout autre que celle connue habituellement « la plus visible, la plus agréable, celle du Japon de la politesse, de la fidélité, de la serviabilité, de la gentillesse, du civisme, de la propreté, de la ponctualité, de la qualité et même de la perfection. »

L’histoire : Une famille simple, une petite fille sans histoire, Midori. A 21 ans, son histoire bascule avec le tsunami de 2011 et la catastrophe de Fukushima. Son père se suicide, comme des centaines de japonais.

L’autrice se situe dans le roman, à la première personne du singulier, « comme une journaliste française au Japon », ce qu’elle est réellement. Elle relate le procès (Midori a tué sa petite fille et deux jumeaux, encore nourrissons), et tente de mieux comprendre la personnalité et l’environnement social de Midori qui  risque la peine de mort…

Percevoir à travers le personnage, la génération des 20 / 30 ans japonais. Une génération désenchantée, malléable, qui souhaite  une vie tranquille et ne s’intéresse pas à la politique :

« Elle avait les faiblesses de sa génération, celle qui ne bat pas, celle qui baisse les bras. Elle aussi, au départ, voulait les trois AN :  ANZEN, ANSHIN, ANTEI, sécurité, tranquillité, stabilité, cette quête des jeunes de vingt-trente ans, cette quête qui les paralyse, leur fait craindre et fuir le risque. »

« Les trois AN étaient presque devenus une réalité. Ils avaient tous au moins une promesse d’embauche des semaines ou des mois avant d’avoir fini leur cursus : plus ils étaient mous et malléables, plus ils avaient de chances d’avoir une vie professionnelle  stable, la sécurité de l’emploi. »

Une personnalité que Fukushima a renversée, a mise à terre, complètement détruite par son acte. « Midori se sentit alors prise dans un engrenage. Toute la haine qu’elle avait pour elle-même se projetait sur sa fille. Et elle devint alors ce qu’elle n’aurait jamais imaginé : un monstre pour son enfant qu’elle se mit à négliger sans le vouloir pourtant. Si bien que le jour de son arrestation fut pour elle un soulagement. »

 

En arrière-plan de ce procès à fort retentissement, se profile également une vision politique et sociale du Japon :

ð Fukushima dont l’importance a été minorée par le gouvernement.

« L’accident de Fukushima n’a donc pour ainsi dire tué personne directement. Le bilan est pourtant bien différent : plus de 2500 habitants du département sont morts d’avoir été transbahutés dans des conditions ignobles  lors des opérations d’évacuation, d’avoir vécu des jours interminables dans des refuges mal équipés. »

La négligence et la responsabilité de l’exploitant de la centrale. Les 3 dirigeants de Tepco, (Tokyo Electric Power) ont été innocentés par les tribunaux

ð L’absence de perspectives écologiques

« Le Japon est un des pays qui pâtissent le plus des effets des catastrophes naturelles d’origine météorologiques, un de ceux où les politiques parlent le moins d’écologie, de changements climatiques. »

 

ð L’interdiction de l’avortement même si la Le Japon autorise un accès à la pilule abortive, mais très encadré, depuis avril 2023.

Il existe même à 900 km à l’ouest de Tokyo, à Kumamoto, une « boîte à bébés » où les femmes peuvent déposer leur nourrisson. « Ici, se trouve un grand hôpital catholique où est installée la seule « boîte à bébés » du japon, une couveuse où on peut dignement abandonner son nourrisson, faute de pouvoir l’élever. »

ð La justice.  Elle est qualifiée d’expéditive : « Au japon, 99,4 % des personnes envoyées devant le tribunal sont jugées coupables. »

Et surtout, la peine de mort est toujours effective au Japon. On parle souvent des délais à rallonges des prisonniers américains dans le couloir de la mort, il en est de même au Japon. L’autrice cite le cas d’un « condamné à mort en 1968, peine confirmée en 1980, jamais exécuté, libéré en 2014 pour être rejugé. »

 L’autrice cite le cas d’un « condamné à mort en 1968, peine confirmée en 1980, jamais exécuté, libéré en 2014 pour être rejugé. »

C’est aussi, et c’est passionnant, une propre remise en cause de son métier de journaliste. Prendre le temps de l’information, le temps de l’analyse…

« Quel est le temps de l’information ? C’est ça, la question qu’il faut se poser  aujourd’hui, je crois, à l’heure de l’accélération, de l’urgence, de la communication à outrance, de la défiance envers ceux qui la font, la sélectionnent et la diffusent. »

Un challenge particulièrement réussi  sur les deux éléments de ce roman : la fiction (histoire et personnalité de Midori) et le documentaire. 

Lu dans le cadre du prix Orange 2024.

Je remercie la Fondation Orange et les Editions Picquier  pour cette belle découverte.

 

 

vendredi 23 février 2024

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Une fable sensible sur l’exclusion et la quête d’identité. Sujet intemporel.

Au Moyen-âge, l’histoire de Martino, un garçon albinos

Dès sa naissance, le rejet du père est exprimé : « Tu l’a bien regardé ? Tu as vu sa couleur ? On ne peut pas le garder ! Tu vois bien qu’il est différent ! » Les villageois s’en mêlent « Ce gamin attire le mauvais œil sur notre village »

Et voilà ! A une époque où on brule les sorcières, il ne fait pas bon être différent. Cela  porte malheur et rejaillit sur tous !

Ce gamin doux et gentil, amoureux de la nature, des insectes se lie d’amitié avec Viviana, une femme toute seule, qui vit dans la forêt. Une sorcière qui l’accepte et l’aime sincèrement comme il est. Ils parlent beaucoup ensemble et elle lui explique : « Ils voyaient le mal en elle, comme dans tant d’autres femmes. Il leur suffit de si peu. Une fille sans mari, une vieille qui soigne ses douleurs grâce aux plantes… parfois, juste une enfant éveillée et perspicace… »

Il choisit de vivre avec elle, modifie son prénom. Il sera Rebis et sorcière.

Mais, sa famille et les villageois vont le reconnaître dans son habit de fille…

 

Les +++

- Traitement bien maîtrisé de l’exclusion, de l’intolérance, de l’injustice et de la souffrance de Martino-Rebis. 

Bien marquées  par le texte et encore plus par le graphisme. Un enfant très attachant qu’on a envie de consoler, de rassurer. Je pense à la page 23. Couleurs fondues pastel bleues, qui expriment le chagrin d’un enfant. Aucun texte, le visuel est tellement parlant ! 

- Le cheminement d’acceptation de la différence, puis la volonté de se choisir, de ne plus dépendre de l’avis des autres. Une autre vie qui devient la Sienne.

Les ---

- Quelques longueurs dans le récit

- La fin manque de vraisemblance. Au  Moyen-âge, une femme reconnue comme une sorcière, surtout toute seule, était très vite emprisonnée, puis brulée sans autre forme de procès. Surtout quand, avec elle, vit un gamin du village reconnu malgré ses vêtements féminins.

Néanmoins, le graphisme est tellement beau que c’est une BD à découvrir.

Pas un coup de cœur, mais une belle découverte.

mercredi 21 février 2024

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A partir de l’histoire réelle du psychiatre catalan, François Tosquelles, directeur de l’asile du château de Saint Alban en Lozère, durant la seconde guerre mondiale.

Un médecin visionnaire et novateur que Paola Pigani fait revivre avec l’histoire romancée de Jeanne, en septembre 1939. Cette jeune femme de 24 ans vient de perdre son bébé à la naissance. Folle de douleur, au sens littéral du terme, elle est  « enfermée sur décision de Lucien, son époux. Il ne pouvait plus la faire taire, lui jetait de l’eau bénite en pleine figure. »

 « On lui avait rapporté qu’elle criait toujours les mêmes choses, Enterrez moi avec lui.  Lui, c’était le bébé mort à la naissance, enseveli en l’absence de sa mère, dans une fosse commune, non advenu, non baptisé, sans nom »

Jeanne est d’abord enfermée à Neuilly sur Marne puis dans le château de Saint Alban, en Lozère, loin de l’occupation allemande.

Le fonctionnement de l’asile est illustré par le traitement de Jeanne mais aussi par  celui de ses compagnons d’infortune, délirants ou déprimés, chacun dans sa bulle, mais finalement pleins de vie. Comme Auguste, « Victor-pour-la-vie », la Caille, La Rillette, Monsieur Forestier et Marguerite Sirvins. Ces deux derniers sont des artistes, toujours exposés et qui ont réellement existé.

Un asile dirigé par les Docteurs Balvet et Tosquelles, dont les maîtres mots sont : Humanisme, Respect et Liberté.

« Une véritable révolution consiste à reprendre son enfance. » François Tosquelles

Un hôpital hors  des sentiers battus de l’époque.  Ouvert sur l’extérieur, tant du point de vue mental (les groupes de discussion sont privilégiés à tous les niveaux) que physique. Les malades peuvent travailler chez les paysans, ou, comme Jeanne, à l’institut Villaret qui s’occupe des enfants abandonnés et déficients.

Un hôpital, hors normes, sous ce régime de Vichy qui n’accueillait pas que des malades mais aussi des résistants et des juifs.

 Les +++

- Rendre vie et hommage à un médecin révolutionnaire  en matière de psychiatrie, humaniste et courageux dans la vie quotidienne.  En effet, l’hôpital cachait des juifs et des résistants et autorisait aussi des vraies sépultures pour les internés.

« Le docteur Tosquelles refuse que les morts soient portés en terre  en silence. (…) Avant, on enterrait les malades le plus vite possible, comme des suicidés ou des criminels. On les faisait disparaître une seconde fois. Pas de nom sur les croix de planche. »

- la double narration, celle de l’autrice et celle de Sœur Rolande (qui a réellement existé) à la première personne du singulier, est passionnante. C’est son regard au quotidien, ses doutes, ses émotions et ses joies à propos du suivi des malades et de la gestion de l’hôpital par le docteur Tosquelles.

 Les ----

J’ai lu ce récit comme un docu sur une facette et un personnage de l’histoire que j’ignorais. Intérêt mais pas d’émotion. 

C’est bien écrit, bien documenté, mais l’histoire de Jeanne ne m’a pas touchée. Comme si l’écriture restait toujours sous contrôle….

Mêmes impressions avec deux précédents livres de Paola Pigani : « Et ils dansaient le dimanche » et « N’entre pas dans mon âme avec tes chaussures ». Pour ce dernier, seule la deuxième partie laisse passer l’émotion et elle est magnifique.

 

Un ouvrage bien documenté et intéressant.

Lu dans le cadre du prix Orange 2024.

Merci à lecteurs.com et aux éditions Liana Levi

En arrière-plan du livre,  le cimetière aux fous qui inspira un poème à Paul Eluard lors de sa présence à Saint Alban avec sa compagne Maria.

 

 

 

 

 

 

dimanche 18 février 2024

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Ce roman est comme une vague. Il se forme doucement dans les premières pages, pour venir se briser violemment sur les personnages.

L’auteur alterne avec beaucoup de maîtrise les scènes avant et après la Disparition d’Hervé Snout.

2004 - Famille Raybert : c’est une famille d’accueil pour mineurs en difficulté. Ils reçoivent Gustave, un adolescent maltraité, torturé par se mère et grand-mère. « Ses mère et grand-mère rivalisent d’ingéniosité, galvanisées par l’alcool, la haine, la bêtise et l’esprit de compétition. » Le fils de la famille, Gabin, le prend immédiatement sous son aile. Entre les deux garçons, l’affection est solide et sincère.

16 avril 2024 – Dix heures et 34 minutes après la disparition. 
Famille Snout : le père, Hervé, patron d’un abattoir de bovins et de porcs, disparaît sans laisser de traces. Il est parti au travail, comme d’habitude, en vélo… Sa femme, Odile,  est inquiète. Elle, qui  voulait retisser les liens de leur union plutôt distendue à l’occasion de son anniversaire…

Elle se décide à alerter a police, qui pense plutôt à un départ volontaire et ne prend pas très au sérieux son angoisse.

Une famille en apparence unie. Odile est une jolie quadra blonde qui trompe généreusement son mari. Les deux ados, Eddy et Tara, un garçon et une fille, faux jumeaux, sont à l’opposé l’un de l’autre.

Au fur et à mesure des jours qui défilent après la disparition, le lecteur pénètre un peu plus dans l’intimité de cette famille et se pose des questions.

18 avril 2024 – deux jours après la disparition – salle de musculation. 
Le lecteur fait connaissance avec 3 salariés de l’abattoir : trois « bourrins » de la fonte, racistes, brutaux et limités. 
 
Deuxième partie : avant la disparition. 
23 février 2024 – 53 jours avant la disparition

Le lecteur fait la connaissance d’Hervé Snout, odieux, infect, pourri, carnassier, au propre et au figuré, et surtout du fonctionnement de l’abattoir, des gens qui y travaillent. On retrouvera nos 3 bourrins et les 2 fils Raybert.

 Les +++ :

- Un scenario magistralement conçu où le lecteur ne lâche rien tant qu’il ne connaît pas la vérité. Et même quand il la connait, Oh ! Dure et terrifiante réalité, il veut savoir ce qui va arriver après…

- La déshumanisation de l’abattoir, traité comme un personnage à part : « On ne peut travailler dans un tel endroit sans devenir fou. ». Est-ce lui qui corrompt les gens qui y travaillent, ou sert-il d’exutoire aux cassés de la vie, aux barbares ?  

- Des personnages très campés, attachants ou répulsifs. « Gentils » ou « pourris ». Et encore…. Certains « gentils », ont des facettes bien noires…

- La puissance des blessures de l’enfance, et leurs conséquences dramatiques quand elles ressurgissent.

- Une dénonciation féroce de la bêtise, de la lâcheté.

 Les ---

- Les scènes de mise à mort des animaux, les rires gras, le sadisme sont difficiles. Je comprends bien qu’il faut les décrire, les subir puisque l’auteur les dénonce. Mais si vous êtes comme moi, ultra sensible au bien-être animal, il faut passer  ces pages. Le faire ne m’a pas empêchée de suivre parfaitement le déroulé de l’intrigue. Donc, ces séquences  sont  sans doute utiles. Etait-il nécessaire de les faire aussi abondantes ? Chaque lecteur répondra….

- Les deux gendarmes sont plutôt caricaturaux. Le lieutenant gentil qui tombe amoureux d’Odile Snout, le capitaine, qui ne croit plus en rien, et surtout plus en l’utilité des forces de l’ordre.

 « Si les abattoirs avaient des murs en verre, tout le monde serait végétarien » 
 Paul McCartney

 Magnifique thriller que l’on peut amputer des scènes d’abattage.

Lu dans le cadre du Prix Orange 2024.

Merci à la Fondation Orange et aux éditions Denoël de m’avoir permis de découvrir cet auteur talentueux.

 

 

 

 

mercredi 14 février 2024

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J’avoue que j’étais plutôt sceptique sur ce roman consacré  au Journal d’Anne Franck, qui m’avait infiniment touchée durant l’adolescence. Une fille de mon âge, talentueuse et drôle,  fauchée gratuitement par l’absurdité de la guerre et la barbarie du nazisme.
 
Lola Laffont décide de passer une nuit, toute seule,  au musée d’Anne Franck et elle raconte.

Le texte est émouvant car il renvoie aux propres fantômes de Lola Laffont. Elle, dont les grands-parents juifs vivaient en France durant la seconde guerre mondiale, elle dont les deux grands-tantes sont mortes de faim, dans un ghetto polonais.

C’est sa grand-mère Ilda Goldam, qui lui remet, quand elle encore une enfant une médaille au portrait d’Anne Franck : « C’est elle, Ilda Goldman, la raison de ma nuit dans l’Annexe. »

Elle tient à nous faire mieux comprendre qui était Anne souvent réduite au symbole de la jeunesse détruite par le nazisme. C’était aussi un vrai talent en  matière d’écriture et elle  souhaitait d’ailleurs, devenir écrivain.

Lola Laffont revient aussi sur une phrase culte du Journal en la complétant des lignes suivantes rarement citées : «Je crois encore à la bonté innée des hommes.   
Il m’est impossible de tout construire sur une base de mort, de misère et de confusion. (…) Je ressens la souffrance de millions de personnes et pourtant, quand je regarde le ciel, je pense que tout finira par s’arranger, que cette cruauté aura une fin, que le calme et la paix reviendront régner sur le monde. »

En la complétant précisément, elle indique toute la puissance d’idéalisme, de conviction dans le futur, d’intensité de la vie dans l’adolescente.

Passer une nuit, toute seule dans l’Annexe, dans ce logement complètement nu qu’ont connu les Franck, est éprouvant pour Lola Laffont mais aussi pour le lecteur qui perçoit bien la force du vide et de l’absence. Les lieux parlent, ils racontent une histoire à qui sait l’entendre. Cela arrive quelquefois devant un tableau, une sculpture, un vieux château, ou une prison.

L’annexe est habitée par l’esprit d’Anne Frank, par ses espoirs en la vie et par sa mort. Et cela, l’autrice, avec sa sensibilité et son écoute, l’a parfaitement ressenti et le partage avec le lecteur.

J’ai aimé l’éclairage passionnant à propos de père d’Anne, Otto Franck et la ressemblance avec les grands-parents de l’autrice.

« Comme Otto Franck, mon grand-père a été victime de « la foi tragique »qu’il avait placée dans un pays d’‘accueil, persuadé que, s’il s’en donnait la peine, il y serait respecté, protégé. (…). Mes grands-parents ont survécu en faisant comme si la France avait vraiment été une terre d’accueil. Ils ont fait de l’oubli, un savoir. Ils ont prêté allégeance à l’amnésie. »

Lola Laffont, en passant une nuit dans l’Annexe, passe une nuit auprès de tous les martyrs de la Shoah.

On parle peu aussi de Miep et de son mari, qui ont caché et subvenu aux besoins de la famille. C’est bien de leur rendre hommage et de les laisser parler : « Avait-elle eu peur ? Constamment. Peur de tomber malade et de ne plus pouvoir subvenir aux besoins des clandestins. (…) Peur de ce qui arriverait, si elle était arrêtée. Et peur, si les nazis la torturaient, de ne pas supporter la douleur, de tout révéler. »

Anne Franck est devenue un symbole. Dans ce roman, l’autrice tente avec beaucoup de réussite de la faire revivre, de la sortir de cette image  figée pour l’incarner dans la vraie vie. Le plus bel hommage à lui rendre : la faire vivre dans nos cœurs.

Un hommage  aussi à tous les morts  fauchés par la barbarie, y compris ceux que le grand public connait peu ou pas du tout.  Comme Charles Chea tué par les Khmers rouges.

Roman lu dans le cadre du Jury du prix des Lecteurs 2024 organisé par le Livre de Poche.

 

mercredi 7 février 2024

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Un squat en France – une infirmière, Solange, soigne Amir,  un jeune syrien blessé.

Quand le squat d’Amir brûle, elle lui propose, en accord avec son mari, de l’héberger dans sa maison.  Où il est diversement accueilli. Plutôt bien par la majorité de sa famille, mais agressivement par sa fille adolescente, et surtout par son père, Armand, ouvertement raciste.

L’attitude du père pourrait paraitre caricaturale dans sa forme. Hélas, j’ai déjà entendu bien des fois ce type de remarques.

Amir nous fait comprendre que l’attitude de rejet, à cause de sa peau, ou par le simple fait d’être un étranger, est  toujours douloureuse et incompréhensive.

On retrouve dans cette BD toute l’humanité de Séverine Vidal. La sincérité de ses personnages, le rejet des apparences. Qu’il s’agisse de la couleur d’origine ou de l’âge comme dans « Le plongeon ».

Amir ne supporte pas de rester inactif, à la charge de la famille. Il aide et surtout prépare les repas car c’est un excellent cuisinier. Dans une maison où les surgelés ont une place essentielle, ses préparations sont savourées. On ne dira jamais assez que la cuisine rassemble les êtres.

D’ailleurs, vous trouverez pour votre plus grande gourmandise, la recette des plats d’Amir ainsi que les souvenirs qu’ils lui rappellent.

 

Cette BD pose les bonnes questions :

- Quelles sont nos racines ? Une seule ou plusieurs ?

La région, le pays de notre enfance, ou l’endroit où les gens nous aiment ?

Pour Amir, et « ses pays » c’est celle du pays mais aussi celle de l’affection, de l’amour. Comme des « strates de mémoire blessée. »

Graphisme classique et agréable où Adrian Huelva met particulièrement en valeur l’expression des personnages.

 

Un excellent moment avec Amir.

Mais je dois arrêter là, ma chronique, car j’ai une urgence : préparer « l’Atayef » d’Amir.

Bonne lecture et bon appétit ! 😃

 

 

mardi 6 février 2024

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 Une vraie claque !

Quand, même le respect ultime aux morts est bafoué…

L’autrice précise : « Ce livre est un roman dans le personnage principal est réel. Ce photographe existe et vit caché quelque part en Europe. Son nom de code est César. Les atrocités décrites sont avérées, les faits sont documentés, mais sa voix est la mienne. »

C’est un homme prudent, César. Un mari aimant, un père attentif. Il travaille à la morgue de l’hôpital militaire. Prendre les photos des morts, associer les noms. S’en tenir là.

Pourtant, il fait attention aux corps qu’il photographie et il a toujours une pensée pour les familles,

Il a l’habitude : des accidentés, des suicidés. Puis les morts se succèdent, se multiplient. Ceux-là viennent des prisons, ils sont mutilés, torturés. Ils arrivent par fourgons entiers, des hommes, des femmes et des enfants. Ils sont appelés « les terroristes ». Ceux qui travaillent avec lui, ne savent plus où les ranger et cela les ferait plutôt rire.

Il en sait trop désormais, il faut continuer, faire comme d’habitude, ne rien manifester, ne pas relever la tête…. Car il sait qu’il ne faut pas faire de vagues dans un pays où le moindre regard appuyé, la moindre remarque vous envoient en prison…

On comprend qu’il s’agit de la Syrie de Assad en 2011, mais ce n’est jamais indiqué par l’autrice. Sans doute, car ces exactions font partie, hélas, des régimes totalitaires.

Sans doute aussi, car le mépris des morts est une constante de tous les régimes fascistes, qu’ils s’appellent,  Hitler,  Assad,  Pinochet ou Poutine….

Il faut tenir. Tenir pour sa vie, pour celle de sa famille, tenir pour témoigner. Tenir même si le cauchemar éveillé est permanent : « Mon monde était fait de fantômes torturés et d’orbites sans yeux. »

Garder sur une clef USB, les photos et les noms des morts, au péril de sa vie. Ajouter les noms des bourreaux en fouillant dans le bureau de son supérieur.

Conserver les habitudes, ne rien manifester devant les collègues de travail, soutiens du régime et soucieux de s’en faire bien voir, soucieux aussi de profiter des morts pour s’en mettre plein les poches. Les familles interrogent et paient généreusement à qui veut bien donner une information…

Pourtant, le régime politique ne l’a jamais intéressé, il s’en fiche. Il est essentiellement attentif à sa famille, à avoir un travail fixe, même s’il ne l’a pas choisi. C’est tellement exceptionnel d’avoir un salaire régulier. 

Un prudent, voire un lâche, mais pas un homme sans cœur, ni sans humanité. Et devant les corps martyrisés qu’il reçoit chaque jour par camions entiers, il est impossible de demeurer insensible et de ne rien faire.

« Ils arrivent une étiquette au poignet droit. Ils ont des traînées de sang frais et des croûtes sombres, des bleus larges ou étroits violets, jaunes, verts. Ils ont les doigts retournés et les ongles arrachés. Ils ont les os déboîtés et les tendons apparents. Ils ont les côtes enfoncées et les tétons brûlés. Certains ont le pénis coupé et d'autres les orbites vides. »

Quand son silence doit recouvrir une violence absolue et mortifère.

 

Pas de voyeurisme, pas de pathos dans ce récit magistralement écrit.

Pas de cris, pas de vociférations. C’est l’intensité de la souffrance, de la barbarie jusque dans les corps sans vie, qu’on rentre au fond de soi, sans pouvoir refuser, crier, sangloter. Prise de conscience et héroïsme silencieux.

C’est le devoir à accomplir pour dénoncer la barbarie, pour laisser témoigner les morts, leur rendre respect et hommage.

« Il faut que les morts parlent parce que nous, les vivants, nous ne pouvons pas parler. Ils ont cousu nos lèvres et arraché nos langues, il y a des décennies. Ils ont commencé par faire taire nos parents, nos parents nous ont fait taire et nous faisons taire nos enfants. Je fais taire Najma et Jamil, je les rends muets et sourds, je ne leur apprends pas les mots que le président n'aime pas. Ces mots-là, je les garde pour moi, je les ai enfermés dans ma tête, je leur ai interdit ma langue, ils se cognent contre les parois de mon cerveau, ils n'ont pas le droit de sortir, ils crient à l'intérieur. Pourtant, ces mots-là sont chantés sur les places des villes et des villages. »

 

Qu’en est-il de la Syrie, du régime de Bachar Al Assad, qui poursuit son emprise de fer sur la population ?

A la fin du livre, la question est posée : « On m’a écouté, les journaux ont parlé de moi, et puis rien. Le monde est passé à autre chose. »

Un roman dense que le lecteur suit et supporte d’une traite, avec la boule au ventre et la sidération devant la déshumanisation banalisée.

Vous l’avez compris, méga coup de cœur pour ce roman.

Merci à la Fondation Orange et aux éditions Julliard de m’avoir permis de découvrir cette pépite.

samedi 3 février 2024

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Juillet 1914  – le village de Dendil  - Arménie  -

Un ado arménien, Mikael, raconte : la tourmente qui l’a frappé, lui et sa famille ; le maire turc qui l’a protégé de la mort ; sa longue quête pour retrouver sa sœur.

Bien sûr, comme tout le monde, je connais le génocide arménien. Mais j’avoue que les contours historiques étaient plutôt flous dans ma tête.

Cette BD particulièrement bien documentée et surtout pédagogique, a l’avantage de situer précisément le génocide dans son contexte  historique et social, ainsi que de toucher le lecteur dans ses tripes, par les souffrances et barbaries commises sur le peuple arménien.

L’histoire de Mikael, le jeune arménien, alterne avec des documents et des explications. Y compris les conseils de films, de lecture. Par exemple, pour les amateurs de BD : le décalogue – Tome 5  - Le Vengeur - Franck Giroud – Bruno Rocco

Pas uniquement historique, c’est aussi une une vision sociologique  et politique du génocide où les auteurs précisent bien l’amitié et la solidarité entre les arméniens et les turcs avant la tuerie.

 « La situation particulière d’un génocide tient en ce que tuer son voisin devient légal et même encouragé par les autorités. Même si une majorité de la population déplore cette situation, les pulsions criminelles d’une minorité n’ont plus de frein, plus de tabou. La liste des atrocités commises lors du génocide des arméniens dépasse l’entendement. »

Une BD à lire et à faire lire par tous, ados et adultes.

Lue dans le cadre du prix BIB, organisée par nos bibliothécaires de l’agglo de Bressuire

Merci aux auteurs pour la qualité du scénario, du dessin, des documents.

Merci aux éditions Petit à Petit de publier ce type de documents  

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 Chronique complète et bien documentée sur France-Info :

https://www.francetvinfo.fr/monde/armenie/genocide-armenien/une-histoire-du-genocide-des-armeniens-un-docu-bd-didactique-sur-une-famille-dans-la-tourmente-de-1915_5609981.htm.

vendredi 2 février 2024

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BD au charme désuet tant pour la personnalité du personnage central que pour  le dessin.

Les Bauges (massif des Alpes), dans les années 1920. L’histoire de René de l’enfance à la maturité.

Un enfant solide et vigoureux contrairement à ses 7 frères et sœurs décédés prématurément : « D’avoir vu partir ses frères et sœurs, il se sentait besoin de vivre pour sept »

René est un personnage attachant car il est simple, sincère, toujours positif, honnête avec lui-même et avec les autres. Fidèle en amitié, fidèle au souvenir de ses frères et sœurs, avec le sentiment de devoir continuer à vivre pour eux, même quand les difficultés s’amoncellent. Et fidèle en amour. Durant plusieurs décennies, il pensera toujours à Céline, qu’il a connue durant la seconde guerre mondiale.

Une BD qui dénonce les postures, les attitudes hypocrites. René est comme il est, et ne se construit pas un personnage pour plaire ou ressembler aux autres.

Une vie divisée en sept chapitres bien distincts. Chacun s’ouvre sur un dessin qui résume brièvement le sujet. Par exemple, « la première vie » est illustrée très simplement, par une paire de sabots, l’enfance de René dans les Bauges.

« La cinquième vie » est illustrée par une bouteille quasi vide et le verre posé à côté. Coloris rose, rouge et noir qui suggère tout de suite la tristesse de la boisson solitaire. Et toutes les pages de ce chapitre seront encadrées d’un liseré noir.

« Si au début, il se bat pour ne pas sentir la pitié dans le regard des villageois… Ensuite, il se laisse aller. Il se fiche alors d’être antipathique, vulgaire ou déplaisant.

Un scénario  et un graphisme vintage qui présente de façon très juste, des thèmes intemporels : la mort, le souvenir des disparus et la résilience, la guerre, le racisme, le colonialisme.

Quand il fait son service militaire au Maroc, l’auteur démontre bien l’incompréhension de part et d’autres. Des colons bien sûr, face aux coutumes des autochtones mais aussi des marocains. Et René, dans sa simplicité ne comprend ce double discours.

Un discours et un graphisme original comme la couverture : René, au centre sur une mobylette bleue, encadré par sept cases, sept âges de sa vie, aux coloris pâles ou sépias.

Je remercie Babélio et les éditions Delcourt pour ce bon moment de lecture.