samedi 25 juin 2022

                                                                    💙💙💙💙💙


 

Une drôle de classe nature….

Juin 1944. Marie-Noëlle est l’institutrice d’une classe unique, dans un petit village breton. Elle est impliquée dans son enseignement, ses engagements et tente d’inculquer à ses élèves des éléments de morale,  « ne fais pas à autrui ce que tu ne voudrais pas qu’on te fit », d’histoire et de géographie en utilisant les événements qui se déroulent en Normandie. Elle cherche à les faire s’interroger et réfléchir.

Vendredi 23 juin. Sa classe est interrompue par l’irruption de la milice locale qui recherche un enfant juif, Jacques Rosenthal. Les hommes, des bretons,  doivent revenir pour emmener Jacques. Elle décide alors de fuir avec l’enfant et une partie de sa classe, dans la forêt qu’elle connait bien.

Le lecteur se demande pourquoi, alors que le débarquement se poursuit en Normandie, une milice bretonne pourchasse encore des enfants juifs. Certains mouvements nationalistes bretons étaient proches du nazisme et faisait le sale travail. Comme le montre à la page 31, ce dessin authentique, paru dans un hebdo nationaliste breton : Il représente une femme, environnée de lumière, coiffée d’une bigoudène qui chasse avec son balai, deux hommes sombres au nez crochu.

Intéressant et édifiant… Comme le dit Marie-Noëlle aux enfants : « les juifs, c’est comme les bretons. Il y a de tout, des méchants, des gentils et entre les deux. »

Cette « road-movie » dans la nature est magnifique car les enfants demeurent des enfants même s’ils ont compris que c’était grave et sérieux.

Ils jouent, ils se disputent, ils s’aident, ils ont peur, ils se posent des énigmes : « Pour moi, l’après-midi est avant le matin, l’adolescence, avant la naissance et le dimanche, avant le samedi. Qui suis-je ? » 

Si vous souhaitez la réponse, il faut lire cette histoire. 😀

Car le suspens est au rendez-vous : vont-ils échapper à la milice bretonne qui les poursuit avec des chiens ?

Car aussi,  il y a beaucoup de scènes savoureuses et émouvantes : Marie Noëlle fait jouer les enfants pour qu’ils oublient la peur : inverser les rôles. Une élève est la maitresse et l’instit redevient une élève comme les autres. Et puis, Guénolé prend la place de Jacques…. Or Guénolé, le plus grand pense que les juifs sont des méchants, des fourbes, des menteurs, des rats, comme le dit son papa.

La force de l’éducation familiale dans les représentations des enfants m’a interpellée. Les petits sont des éponges et ce que pensent leurs parents a force de Vérité. Marie-Noëlle va essayer de leur faire comprendre autre chose.

Chacun est bien différent, dans son caractère, son comportement. Il y a Guénolé, conscient d’être le plus grand, le plus fort, quelquefois rebelle,  Gaëlle qui a toujours besoin d’être rassurée, Suzanne, un peu plus grande et protectrice envers  les petits ( on l’imagine déjà future instit ), Jean-Marie, simple et naïf, Anig, petite fille soignée qui ne veut pas abimer ses jolies habits, ni se mouiller les pieds dans la rivière.

Du suspens, du tragique mais aussi de la joie avec les réactions des enfants.

Une instit courageuse, impliquée dans sa tâche, engagée. Le lecteur sait déjà qu’elle ira jusqu’au bout….

Les personnages sont attachants, les traits bien marqués, sans caricature, ni dans le scenario, ni dans le graphisme.

Comme d’habitude avec Carole Maurel, l’observation est fine et les expressions très suggestives. J’aime beaucoup les pages où ne figure qu’un seul dessin. Tout est riche de détails, tant dans l’environnement que dans l’expression des visages, A chaque fois, la graphiste suggère par la seule force et finesse de sa plume, l’ambiance du moment.

J’ai bien aimé aussi devant et derrière les pages de couverture, le dessin de chacun des personnages.

Une belle réussite !

Un seul bémol : il va falloir attendre la fin septembre pour découvrir le Tome 2. Trop long…. 😀

Merci à lecteurs.com et Albin Michel de m’avoir fait découvrir cet ouvrage.