vendredi 18 décembre 2020

APEIROGON - Colum McCann

                                                                      💙💙💙


Le résumé de l’éditeur :

Apeirogon, n.m. : figure géométrique au nombre infini de côtés.

 

Rami Elhanan est israélien, fils d'un rescapé de la Shoah, ancien soldat de la guerre du Kippour ; Bassam Aramin est palestinien, et n'a connu que la dépossession,  la prison et les humiliations.

Tous deux ont perdu une fille. Abir avait dix ans, Smadar, treize ans.
Passés le choc, la douleur, les souvenirs, le deuil, il y a l'envie de sauver des vies.
Eux qui étaient nés pour se haïr décident de raconter leur histoire et de se battre pour la paix.
Afin de restituer cette tragédie immense, de rendre hommage à l'histoire vraie de cette amitié, Colum McCann nous offre une œuvre totale à la forme inédite ; une exploration tout à la fois historique, politique, philosophique, religieuse, musicale, cinématographique et géographique d'un conflit infini. Porté par la grâce d'une écriture, flirtant avec la poésie et la non-fiction, un roman protéiforme qui nous engage à comprendre, à échanger et, peut-être, à entrevoir un nouvel avenir.

 

Ce que j’en pense :

Un magnifique récit tiré d’une histoire réelle. La souffrance de deux pères, l’un israélien, l’autre palestinien,  qui perdent à quelques années d’intervalles, leur fille respective sous les balles ennemies.

Les « ennemis » vont devenir amis dans un objectif, un projet de vie commun : la paix.

Un document poignant, terrifiant mais plein d’espoir

Quand ils ont tué ma fille, ils ont tué ma peur. Je n’ai aucune peur. Je peux tout faire maintenant. Un jour, Judeh vivra en paix, cela viendra. Parfois, j’ai l’impression qu’on essaie de prendre l’eau de l’océan avec une petite cuiller. Mais la paix est une réalité. Question de temps. »

Pourquoi l’auteur a-t-il compliqué son propos au point de le rendre incompréhensible par moments ? Les digressions permanentes (les interactions des deux personnages centraux avec la société et le monde) polluent le message. Il est surtout fastidieux pour le lecteur.

A mon avis, c’est plutôt un scenario riche et complet où le spectateur ne perd pas le fil ( grâce à l’image ), qu’un roman.

 

 



 

 

OTAGES - Nina Bouraoui

 

                         💙💙💙💙


Le résumé de l’éditeur :   

« Je m’appelle Sylvie Meyer. J’ai 53 ans. Je suis mère de deux enfants. Je suis séparée de mon mari depuis un an. Je travaille à la Cagex, une entreprise de caoutchouc. Je dirige la section des ajustements. Je n’ai aucun antécédent judiciaire. »
Sylvie est une femme banale, modeste, ponctuelle, solide, bonne camarade, une femme simple, sur qui on peut compter. Lorsque son mari l’a quittée, elle n’a rien dit, elle n’a pas pleuré, elle a essayé de faire comme si tout allait bien, d’élever ses fils, d’occuper sa place dans ce lit devenu trop grand pour elle.
Lorsque son patron lui a demandé de faire des heures supplémentaires, de surveiller les autres salariés, elle n’a pas protesté : elle a agi comme les autres l’espéraient. Jusqu’à ce matin de novembre où cette violence du monde, des autres, sa solitude, l’injustice se sont imposées à elle. En une nuit, elle détruit tout. Ce qu’elle fait est condamnable, passable de poursuite, d’un emprisonnement mais le temps de cette révolte Sylvie se sent vivante. Elle renaît.
Un portrait de femme magnifique, bouleversant : chaque douleur et chaque mot de Sylvie deviennent les nôtres et font écho à notre vie, à notre part de pardon, à nos espoirs de liberté et de paix.

Ce que j’en pense : 

Le récit de Sylvie Meyer, cadre dans une entreprise de caoutchouc. Son mari la quitte, sans qu’elle manifeste beaucoup d’émotions. Mais la blessure est bien plus profonde qu’elle ne le croit…

« J’étais triste, sans l’admettre. Je crois que c’est à partir de ce moment là que quelque chose s’est décroché de moi. Rien de grave, une sorte de fissure qui a pris son temps avant de s’élargir. Par cette fissure, tout est entré, doucement, avec méthode. (…. )

J’ai épié, entendu, souligné. J’ai interrogé, sermonné. Un vrai flic. J’étais là, mais ce n’était plus moi. La fissure est devenue un énorme trou. Tout rentrait. La violence avait tout envahi. »

Une très belle analyse de destruction progressive et de fuite en  avant.