lundi 27 novembre 2023

💙💙💙💙💙


 

Amoureux(ses) de la langue française, ce petit fascicule est pour vous.

Un vrai moment jubilatoire où Muriel Gilbert décortique, analyse les particularités de la langue, s’amuse, et nous avec.

L’autrice est correctrice au « Monde » et chroniqueuse sur RTL.

Par exemple, connaissez-vous le passé simple du verbe clore ?...

Je vous laisse réfléchir quelques secondes. Vous pouvez également regarder notre bon vieux Bescherelle représenté sur la photo.

Réponse : « clore est un de ces petits marrants que l’on appelle, de manière compliquée pour embêter les élèves, des « verbes défectifs », comme dans défaut. Leur défaut, c’est qu’ils n’existent pas à tous les temps et/ou à toutes les personnes. »

Donc, à l’indicatif,  Clore, n’existe ni à l’imparfait, ni au passé simple.

Idem pour le verbe falloir qui lui,  ne se conjugue qu’à la 3ème personne du singulier, au masculin.

En même temps, j’ai appris beaucoup de choses, avec le sourire et le plaisir.

Par exemple, j’ai bien révisé et surtout mieux compris l’accord des adjectifs de couleur.

Idem pour « le sexe des mots »…

Allez ! Pour faire ronronner de plaisir nos neurones : la réglisse ou le réglisse ? Une oasis ou un oasis ?

Bien sûr, je connaissais les prénoms épicènes (le mien en est une parfaite illustration) mais je n’avais pas percuté qu’il existait des substantifs épicènes, comme « enfant, adulte, malade ou élève ». Cette fois-ci, je vous laisse chercher…

Et que dire de nos amis « amour, délice ou orgue ? ». Masculins au singulier, féminins au pluriel…

Les particularités de la langue, mais aussi son origine, sont également bien détaillées. Par exemple :

« Le français, langue officielle de l’Angleterre. » On penserait plutôt le contraire, ben non…  Flirter n’est que le retour au bercail de notre « conter fleurette ».

Idem pour l’origine de la cédille, illustrée par Jean- Christophe Establet, à la page 243. Car j’ai oublié de vous dire que le dessinateur complète, avec beaucoup d’humour aussi, le texte de Muriel Gilbert.

Un moment intelligent, passionnant et drôle. Un essai qu’on peut commencer par le milieu, ou au hasard car  les petits chapitres explicatifs sont autonomes.

Seul bémol ; et il est très léger : inutile de répéter à longueur de pages qu’il s’agit des chroniques diffusées sur RTL…

Un ouvrage original aussi parmi notre environnement, et nos lectures, souvent anxiogènes.

Un bouquin plaisant et UTILE. A offrir ou à s’offrir.

 

Merci à Lire Magazine et aux Editions Vuibert.

dimanche 26 novembre 2023

                                                                   💙💙💙💙💙


 

Éducation, violence….

L’un pour combattre l’autre.

Et finalement l’un toujours confronté à l’autre.

Quels que soient les époques et les pays...

 

Ce que démontre magnifiquement le roman graphique de Christian Lax. Présenté par une belle couverture, aux traits ciselés comme il sait si bien le faire.

La montagne, la neige, deux hommes remontent un sentier couvert de neige, à plusieurs mètres l’un de l’autre. Sur le dos, ils ont une sorte de caisson marron. Le premier porte un habit qui parait remonter à quelques siècles, l’autre ressemble à un afghan…

 

Avant de détailler l’histoire, quelques mots sur le graphisme, car il est particulièrement séduisant.

Les premières pages plongent immédiatement le lecteur dans le contexte du récit. Trois pleines pages entières, la montagne dans les tons bleutés, un homme marche lentement et difficilement dans la neige. Un vrai tableau qu’on aimerait encadrer…

Ce que j’apprécie dans le dessin de l’auteur, c’est sa variété et sa justesse.

Des situations suggérées en quelques coups de pinceaux, quasiment monochromes et d’autres, très détaillées et coloriées.

Par exemple, les images de Kaboul accompagnent admirablement la trame du récit : sombres, avec la seule lumière des personnages.

 

XIXème siècle - « L’université des chèvres », c’est le nomadisme enseignant. Les instituteurs se déplacent pour enseigner aux enfants perchés dans les montagnes.

Fortuné est l’un de ceux-ci. Il porte trois plumes à son chapeau « car son savoir est triple. Il n’a que 17 ans, mais peut enseigner lecture, écriture et chiffres ».

Un instituteur infiniment apprécié des enfants qui devra modifier son activité ( lois Guizot obligent, qui demandent un brevet d’instituteur) et proposer une activité de colporteur de livres, toujours itinérant, toujours autant apprécié.

Jusqu’au moment où il comprend que les livres sont désormais rejetés : concentrés sur leurs lectures, les gamins ne font plus attention aux troupeaux de chèvres.

Un départ et une nouvelle vie en Californie… Son enseignement va se poursuivre chez les indiens Hopis.

« Dans l’école de Fortuné, qu’il a baptisée l’université des chèvres, les enfants à lire, à écrire et à compter sans pour autant renier les savoirs hérités des aînés. » Magnifique double page sur le nid d’aigles des hopis, pages 30 et 31.

 

L’histoire se poursuit de nombreuses décennies plus tard avec Arizona, arrière-arrière petite fille de Fortuné, journaliste particulièrement sensibilisée par les attentats dans les écoles, et farouchement opposée à la NRA.

« Cette tuerie en milieu scolaire est la 18ème en six semaines. »

Une même temporalité, deux lieux différents. Afghanistan – province du Pandjchir à 100 km au nord de Kaboul – Sanjar, enseignant nomade attendu et aimé par les petits afghans dans les villages reculés. Mais comme Fortuné, presque deux siècles plus tôt, il devra arrêter. Les mollahs ont décidé que la seule école était l’école coranique. Pour les garçons. Pour les filles, elles restent au foyer avec leur mère.

Les vies de l’afghan Sanjar et de l’américaine Arizona se croisent. Cette dernière est black-listée pour ses prises de position anti NRA. A la place, on lui propose un reportage en Afghanistan sur les femmes afghanes résistantes. Son fixeur (« guide, interprète, ange gardien) sera Sanjar. »

 

Un thème central, l’ignorance et l’obscurantisme et toutes ses conséquences dramatiques.

- L’éducation des filles toute aussi controversée dans la France du 19ème siècle (« du moment qu’elles savent lire leur catéchisme, ça suffit ! ») que dans l’Afghanistan actuel. 

-  La persécution des amérindiens : « tuer l’indien pour sauver l’humain qui est en lui. Telle est notre mission. »

- Le travail de la presse et la puissance des lobbyings.  : « Le paradoxe aujourd’hui, est que tous les excès sont permis sur la toile, mais qu’il est ultra facile de museler ceux qui font leur boulot dans la presse. »

- La puissance de la NRA et le carnage des tueries dans les écoles aux USA, chez les résistants aux talibans en Afghanistan. Plus de 10.000 km les séparent et pourtant la même violence aveugle et sinistre frappe les enfants. Drôle de parallèle ? Pas tant que ça… Tellement réalistes, tellement bien portés par les personnages, qu’il fait froid dans le dos. La mort supportée par les enfants, les traumatismes et le sentiment que jamais cela ne s’arrêtera.

Le désespoir de Sanjar, rapatrié et prof en Californie : « dans son pays véritablement en guerre, Sanjar a tout fait pour préserver les enfants de la violence, l’école en tant que sanctuaire.il n’imaginait pas autre chose ici.

 

En conclusion, deux citations que j’apprécie particulièrement :

« L’éducation élève l’esprit » France du 19ème siècle

« L’éducation est l’arme la plus puissante pour changer le monde » Nelson Mandela.

 

 

                                                                      💙💙💙💙

« Ce livre est une déclaration d’amour et de peur à la vie, à la mémoire, à mon enfance. »

Le lecteur accompagne la narratrice et autrice sur le chemin dans sa quête de racines. Comprendre qui elle est, quel est son passé, sa famille, son amour disparu. Comprendre et surtout, verbaliser pour comprendre.

Comprendre aussi d’où elle vient, car c’est une famille de migrants. L’Argentine est le pays d’accueil de son grand père polonais persécuté comme tous les juifs, et celui de sa mère, avant que cette dernière ne décide de s’installer en France. Frederika, elle, a besoin de retourner à Buenos Aires, retrouver les sources et l’enfance.

Car la narratrice s’interroge sur sa langue maternelle. Est-ce le polonais, l’argentin ou le français ? L’importance de la racine verbale.

« Quelle part de mémoire charrie ma langue ? Et ces changements de langue, en cascade, firent-ils l’effet d’un détraquement de transmission de nos mémoires ? (…) C’est comme si le socle sur lequel je me tiens dans l’existence était bâti sur un sable qui ne cesse de se disperser »

En arrière plan, l’Argentine. Le pays de Diego Maradona, et le chagrin démonstratif de la population le jour de son enterrement. Celui de la situation économique de 2001, « l’année de la pire crise économique », et le retentissement sur Frederika, encore enfant : « le paradis de l’enfance s’est renversé sous mes yeux ; il est devenu en quelques jours un lieu instable et obscur. J’allais me coucher avec une peur nouvelle – des torsions au ventre. »

Cette lumineuse introspection est d’autant plus passionnante qu’elle résonne avec une actualité toute fraîche (celle de l’élection de Javier Milei) et qu’elle permet de particulièrement bien comprendre, de l’intérieur en quelque sorte, l’âme et le fonctionnement du pays.

« L’Argentine, ce pays du gâchis, de la corruption, du manque de sérieux ; ce pays sans futur, condamné aux tragédies économiques et politiques. Un endroit perdu dans le monde, où l’on ne peut rien faire de sa vie, si l’on n’est pas quelqu’un (…) solidement soutenu par une caste ou une famille. »

 

Un livre court d’un peu plus de 100 pages, une belle écriture sensible et juste, aux accents sincères qui font ressentir au lecteur, ses tourments, ses questions, et surtout son amour pour l’Argentine, avec une extrême lucidité sur tous les dérapages et défauts des argentins.

 

Une belle lecture !

Merci à Version Femina, et aux Editions  L’Arpenteur pour cette jolie découverte.

 

 


 

mardi 21 novembre 2023

                                                                    💙💙💙💙

La pensée positive, ça vous parle ? Vous en êtes un grand adepte ? Ou au contraire, ça vous eneeeeeeerve un max ?

Réponse A ou réponse B, ce 40ème album est pour vous.

Fabcaro aux manettes du scénario, je me demandais bien quel serait le résultat. J’apprécie infiniment l’auteur, mais il est quand même éloigné de l’univers Uderzo / Goscinny…

Et bien, c’est une réussite ! C’est sans doute même l’un des plus proches de l’esprit des deux créateurs. Il a su chausser leurs baskets en conservant sa touche personnelle.

L’histoire brièvement.

Une armée romaine passive et démobilisée. Pas une armée de vainqueurs comme César le souhaiterait. Bien sûr, un conseiller lui présente Vicévertus, adepte de la pensée positive, (disciple du philosophe Granbienvousfas) qui se fait fort de remotiver son armée.

César accepte à une condition : réussir à remobiliser les légionnaires de Babaorum, pour vaincre enfin le village gaulois, renommé « le village des gens différents de toi et moi par leur comportement imprévisible ».

La seconde partie consacrée au couple Abraracourcix / Bonemine est savoureuse : « Nous avons toujours été un couple antique, avec un partage des tâches équitable. Elle faisait le ménage et la cuisine pendant que j’allais manger et rigoler avec les copains. Je ne vois pas ce qu’elle peut me reprocher… »

Avec une balade à Lutèce de Bonemine et Vicévertus, et bien sûr, d’Astérix, Obélix et Abraracourcix. Ce dernier complètement dépressif…

Qui dit voyages, dit tavernes. Vous aimez la nouvelle cuisine ? Pas Obélix : « Oui, alors moi je vais prendre plutôt de l’ancienne, s’il vous en reste. »

J’ai beaucoup aimé l’humour, les jeux de mots mais aussi l’observation très fine de nos travers sociétaux : les excès de la pensée positive, la condition féminine, la facilité de manipulation.

Trop facile ! Elle fonctionne d’ailleurs parfaitement avec les romains, le village gaulois (une palme à Obélix, gros naïf tendre) mais… pas avec Astérix, bien sûr… « Je commence à penser que la bienveillance de ce soi-disant sage endort notre vigilance et nous rend plus vulnérable  aux éventuels assauts des romains… »

Deux presque manquants : Panoramix et surtout Idéfix, pour qui j’ai une tendresse particulière. Cela n’empêche, c’est un vrai moment de plaisir !

Le graphisme de Didier Conrad est parfait, les expressions sont travaillées, les décors précis et les scènes de bagarres très vivantes. Ça fuse de tous les côtés. Uderzo aurai apprécié !

Est-ce un hasard si Vicévertus à la tête de BHL ? Serait-ce le pape de la bienpensance ?

J’oubliais. Connaissez-vous le nouveau nom de la SNCF ? « La Société Nouvelle des Chars et du Foin »

Sans doute le charme de « La madeleine de Proust » : retrouver les plaisirs des premiers albums d’Astérix, quand on était enfants ou ados. 

En tous cas, avec le même duo, je reprendrais bien un peu d’Astérix ! A défaut de potion magique...

 


 

dimanche 12 novembre 2023

                                                                   💙💙💙💙


 

Une belle couverture qui suggère immédiatement le Japon, les femmes japonaises et l’intimité de la maison. Elle suscite aussi la curiosité et l’envie de se plonger dans le récit.

Kyoto – les années 50 –

L’histoire de Nori ( Noriko)  jusqu’à l’âge adulte. Une petite fille métisse que sa mère abandonne devant la maison de sa grand-mère avant de disparaître à tout jamais.

Dans cette grande famille noble, cette petite fille est une tâche infâme, qu’il faut dissimuler aux yeux de tous. Une enfant illégitime que la grand-mère confine dans un grenier, bat à l’occasion et qui subit régulièrement des bains de javel pour effacer les traces de métissage.

L’enfant résignée, persuadée d’être coupable est aussi très obéissante.

La situation va changer avec l’arrivée de son demi-frère, Akira, un peu plus âgé qu’elle.

C’est quasiment un huit-clos dans ce milieu aisé et noble où le sens de la Famille est exacerbé, où la dureté, voire la cruauté sont permanentes. Et paradoxalement même si Noriko et Akira se révoltent, ils l’acceptent comme une évidence implacable.

En arrière-plan, le Japon des années 50 où les femmes n’ont que le droit d’être obéissantes et soumises :  « Il est judicieux pour une femme d’apprendre le silence. (…) Une femme aura beau ne posséder aucune connaissance, elle saura au moins se taire. »

Un très beau portrait de femme dessiné avec sensibilité et justesse. Nori, toute sa vie, se sentira coupable car illégitime et noire. J’ai aimé également la psychologie d’Akira, très complexe, car déchirée entre l’amour qu’il porte à sa sœur et le devoir de la Famille. Deux personnages très attachants.

C’est également un regard très lucide sur la dureté de l’éducation japonaise. Parfaitement illustrée et émouvante dans les lettres de la mère de Nori  :« Je dois faire très attention à lui ( Akira) ou bien son père l’abimera. Il dit que je veux en faire un faible, qu’il faut, dès le berceau, lui inculquer le rôle auquel il est destiné.

Mais je veux qu’il soit un soit un enfant heureux. Dieu sait comme les joies de la vie sont rares : je veux qu’il vive une enfance ensoleillée. »

Un thème également intemporel : le poids de l’enfance sur la construction de l’adulte. Trouver la sérénité, l’équilibre ou au contraire à rester lesté d’une charge implacable.

La fin peut paraître surprenante, dérangeante pour nous, femmes occidentales, mais finalement très logique dans la psychologie des personnages.

Une belle fresque dramatique, parfaitement équilibré entre suspens et sensibilité.

Merci à lecteurs.com et aux éditions Harper Collins pour cette découverte.

 

 

 

vendredi 3 novembre 2023

                                                               💙💙💙💙


 

Une fable passionnante sur la manipulation politique. Provoquer la peur pour amener la soumission des populations.

« Celui qui contrôle la peur des gens devient le maître de leurs âmes. » Machiavel

Tom est ingénieur, bon niveau de vie, bon niveau d’études. C’est lui qui raconte. A partir d’une situation banale, la voiture et ses dangers potentiels, il  nous entraîne dans une spirale infernale de situations, toutes basées sur la peur des gens, qui le pousse (et qui les poussent)  à rechercher un maximum de protection de l’état, au prix de la liberté individuelle.

« Quand une information qui induit une peur en toi est répétée à longueur de journée dans les médias, ça doit être un signal pour te dire que quelque chose se trame et que c’est certainement à tes dépens. La meilleure chose à faire est alors de prendre du recul et de te demander ce que ta peur peut apporter au pouvoir en place. »

Ce roman-essai est un magnifique mais terrifiant miroir de notre société et du monde qui nous entoure.

Il aborde le rôle de la mondialisation et ses effets délétères sur les salaires,les lobbyings, la pseudo écologie bien rentable, les réseaux sociaux et l’asservissement à l’approbation d’autrui.

Ce qui est bien montré aussi, c’est le confort de croire le discours ambiant, celui de la majorité. Ceux qui s’y opposent sont des paranos dont il faut supprimer les discours sur les réseaux sociaux.

C’est aussi, et c’est sans doute ce que j’ai apprécié le plus, une réflexion sur le sens de la vie. Quand on cherche à se protéger de tout, de tous, on ne vit plus.

« Quand on fait la guerre à la mort, on fait la guerre à la vie, car la vie et la mort sont indissociables. Aucune ne peut exister sans l’autre. »

Une anecdote à propos d’Avicenne, médecin et « prince des savants » au 11ème siècle :

« Mais enfin, Avicenne, vous êtes quand même médecin, vous êtes conscients que boire autant, ça va réduire la longueur de votre vie. »

Réponse d’Avicenne :

« Moi, ce qui m’intéresse, ce n’est pas la longueur de la vie. C’est sa largeur. »

 Je l’ai trouvé très intéressant par sa double construction.

L’histoire du personnage englué par le caractère anxiogène de sa vie, qui le pousse à obéir de plus en plus aux diktats de l’état, et la partie réservée à Christos, son ami grec, qui avec le recul, analyse ce qui se passe et tente de sauver son ami du chaos dans lequel il se retrouve.

Un seul bémol : quelques longueurs et par moments, le discours de Christos, un peu prêchi-prêcha : « Ecoutez-moi, braves gens, avant de sombrer ».

Exceptée cette légère réticence, c’est un excellent roman qui suscite les réflexions, l’esprit critique et le recul sur notre environnement social et politique.

Une réussite !