dimanche 26 novembre 2023

                                                                      💙💙💙💙

« Ce livre est une déclaration d’amour et de peur à la vie, à la mémoire, à mon enfance. »

Le lecteur accompagne la narratrice et autrice sur le chemin dans sa quête de racines. Comprendre qui elle est, quel est son passé, sa famille, son amour disparu. Comprendre et surtout, verbaliser pour comprendre.

Comprendre aussi d’où elle vient, car c’est une famille de migrants. L’Argentine est le pays d’accueil de son grand père polonais persécuté comme tous les juifs, et celui de sa mère, avant que cette dernière ne décide de s’installer en France. Frederika, elle, a besoin de retourner à Buenos Aires, retrouver les sources et l’enfance.

Car la narratrice s’interroge sur sa langue maternelle. Est-ce le polonais, l’argentin ou le français ? L’importance de la racine verbale.

« Quelle part de mémoire charrie ma langue ? Et ces changements de langue, en cascade, firent-ils l’effet d’un détraquement de transmission de nos mémoires ? (…) C’est comme si le socle sur lequel je me tiens dans l’existence était bâti sur un sable qui ne cesse de se disperser »

En arrière plan, l’Argentine. Le pays de Diego Maradona, et le chagrin démonstratif de la population le jour de son enterrement. Celui de la situation économique de 2001, « l’année de la pire crise économique », et le retentissement sur Frederika, encore enfant : « le paradis de l’enfance s’est renversé sous mes yeux ; il est devenu en quelques jours un lieu instable et obscur. J’allais me coucher avec une peur nouvelle – des torsions au ventre. »

Cette lumineuse introspection est d’autant plus passionnante qu’elle résonne avec une actualité toute fraîche (celle de l’élection de Javier Milei) et qu’elle permet de particulièrement bien comprendre, de l’intérieur en quelque sorte, l’âme et le fonctionnement du pays.

« L’Argentine, ce pays du gâchis, de la corruption, du manque de sérieux ; ce pays sans futur, condamné aux tragédies économiques et politiques. Un endroit perdu dans le monde, où l’on ne peut rien faire de sa vie, si l’on n’est pas quelqu’un (…) solidement soutenu par une caste ou une famille. »

 

Un livre court d’un peu plus de 100 pages, une belle écriture sensible et juste, aux accents sincères qui font ressentir au lecteur, ses tourments, ses questions, et surtout son amour pour l’Argentine, avec une extrême lucidité sur tous les dérapages et défauts des argentins.

 

Une belle lecture !

Merci à Version Femina, et aux Editions  L’Arpenteur pour cette jolie découverte.

 

 


 

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