samedi 19 février 2022

                                                                   💙💙💙💙💙


 
 La BD porte bien son titre. En effet, l’auteure, prof de français et amoureuse de la littérature nous balade aux travers des siècles (du 16ème au 20ème) et des auteurs. Tous différents, voire opposés, autant dans les personnalités, que les œuvres et les parcours de vie.
Seul point commun : chacun est riche d’une nouvelle vision et amène quelque chose à l’édifice.
Elle explique en quelques bulles les ouvrages principaux et insiste avec beaucoup de jubilation sur les travers des écrivains. Et cette irrévérence envers les auteurs classiques fait du bien. On ne nous a pas enseigné la littérature de cette façon aussi réaliste et complète
Par exemple, l’ami Rousseau avance les fondements de la famille moderne dans  « l’Émile » mais oublie 😀 qu’il a abandonné ses cinq enfants, même s’il s’agit d’une pratique plutôt courante à l’époque.

Une BD de plaisir (l’humour est irrésistible) mais également de connaissances. J’avais oublié le côté érudit de Rabelais au profit de la farce. J’avais oublié les trois objectifs des pièces de Molière, j’avais oublié l’importance de Madame de Lafayette dans le roman d’analyse ... Et je pourrais citer de nombreux autres exemples. Catherine Mory nous explique aussi l’origine d’un grand nombre d’expressions.
Par exemple : Savez-vous d’où vient l’expression : la pièce fait un four ? « Faute de spectateurs, on préférait ne pas jouer et économiser les chandelles. Le théâtre était alors noir comme un four. D’où l’expression. »

Quelques extraits donnent le ton de la BD :
A propos de George Sand, Baudelaire a écrit : « Comment des hommes ont-ils pu s’amouracher de cette latrine ? »
L’élégance même, monsieur Baudelaire… Dire qu’on le portait aux nues durant notre adolescence…
« Mais la palme de la misogynie revient à Edmond de Goncourt : Si on autopsiait les femmes originales ayant un talent comme Mme Sand, on trouverait des parties génitales se rapprochant de l’homme. Des clitoris un peu parents de nos verges. »
A propos des médecins du 17ème siècle et du décès de Mme Poquelin, la mère de Molière : « Madame Poquelin finit donc par succomber, saignée plus que soignée. Comme l’écrira Molière au sujet d’un de ses personnages : elle est morte de quatre médecins et de deux apothicaires. »

Une BD à mettre entre toutes les mains : ceux qui considèrent les auteurs français comme dépassés et poussiéreux, les accrocs comme moi qui « révisent » leurs classiques, et ceux qui les idolâtrent au point d’oublier que les écrivains sont également des bonshommes et des bonnes femmes comme tout le monde.

Un seul tout petit bémol : Catherine Mory veut faire partager son amour des lettres, tout nous dire en quelques bulles et quelquefois ça coince en lisibilité.
A part ce petit détail, c’est très réussi ! Une somme de connaissances dans une bulle d’humour. Que demander de plus ?

 

 

mardi 8 février 2022

                                                         💙💙💙 


Ma chronique pourrait commencer comme le titre du roman : …………. De bonnes chose mais l’ensemble reste à parfaire.

Sous forme de journal, l’auteur raconte ses débuts en tant que jeune prof stagiaire dans un collège. En même temps, il couche par écrit ses émois amoureux avec une femme de 15 ans son ainé. Avec humour, il se compare à Lancelot amoureux de Guenièvre. Le ton est donné, le rythme est rapide, les difficultés sont à venir et on hâte de voir comment il va se débrouiller.

Sauf que…. L’ensemble s’essouffle vite. Oui, oui, on a compris, la classe de 6ème est adorable, la classe de 5ème 3, odieuse, insupportable et incurable. Et cela tourne en rond pendant tout le récit.

Son idylle avec Marie (qu’il a surnommée Dee Joleedjee) prend forme jusqu’au moment où…. Sans doute est-ce le ton d’un jeune homme très amoureux d’une femme séduisante et expérimentée, mais il n’empêche que la crédibilité n’est pas au rendez-vous…

Sans compter les contre-sens surprenants pour un prof de français :

Page 17 « je dépose des baisers sur ses joues tavelées ». ???? Elle a 40 ans ou 80 ans ? Définition du « petit Robert » : Marqué de petites taches. Visage tavelé. Fruit tavelé »

Page 156 « elle s’épanche ses mains dans les miennes » ??? Le verbe s’épancher concerne un sentiment ou l’action de couler. Définition du petit Robert : « Couler ; se répandre. Le sang s'épanchait d'une large blessure.  Ou communiquer librement, avec abandon, ses sentiments, ses opinions. Je n’ai pas relevé tous les contre-sens….

En conclusion : premier essai, peut beaucoup mieux faire. 😊



 

mercredi 2 février 2022

                                                                    💙💙💙💙

En Tunisie, Le Don est un apiculteur, retiré du monde pour mieux s’occuper des abeilles, qu’il surnomme amoureusement « ses filles ».

Un jour, il retrouve une ruche complètement exterminée. En menant son enquête, il découvre qu’il s’agit de frelons asiatiques géants,  7cm, quand même de long… Il va alors rechercher comment protéger ses filles.

En même temps, on suit la vie de son village, indifférent et blasé de basculer d’un dictateur à l’autre. Puis envahi par les promesses et les cadeaux des fanatiques religieux à l’aube d’une nouvelle élection.

J’ai beaucoup aimé ce roman court, dense et original.

- Une magnifique ode à la nature avec la description des abeilles, de leur travail, de l’amour du Don pour elles.

- Un personnage attachant, qui choisit une vie simple, proche de la nature, sans les artifices et les faux-semblants d’une société de pouvoir. Un personnage attachant, ni mièvre, ni « baba-cool », fortement engagé dans son combat.         A un moment du récit, un universitaire appelle le Don, « un quêteur de savoir » :  « L’alchimie de l’humilité, de l’espoir et de la détermination. Une expression d’une rare noblesse ». On pourrait qualifier le Don de « belle personne ».

- Une fable poétique et puissante où les frelons symbolisent les fanatiques religieux qui envahissent le pays. « Entre ses mains (celles de Don) des bêtes animées par leurs instincts et face à lui, des êtres animés par leur libre arbitre. (…) Qui étaient les véritables monstres ? »

Une fin surprenante, qui symbolise l’espoir d’une paix retrouvée.

L’écriture est simple, précise, évocatrice car personnalisée à chacun des personnages. J’ai souri et vu la scène du sermon de l’imam avec la réaction des villageois. Une observation très fine et souvent humoristique.

 

Une vraie réussite. 

Un seul bémol : j’ai trouvé que le roman ne démarrait qu’à partir de la moitié, en prenant une forme bien plus dramatique et intéressante