jeudi 25 avril 2024

Questionnaire Marcel Proust 

A vous de jouer …. Et de répondre !

 

Le principal trait de mon caractère

La qualité que je préfère chez les hommes

La qualité que je préfère chez les femmes

Mon principal défaut

Ma principale qualité

Ce que j'apprécie le plus chez mes amis

Mon occupation préférée

Mon rêve de bonheur

 Quel serait mon plus grand malheur ?

Ce que je voudrais être

Le pays où j'aimerais vivre

La couleur que je préfère

La fleur que je préfère

L'oiseau que je préfère

Mes auteurs favoris en prose

Mes poètes préférés

Mes héros dans la fiction

Mes héroïnes favorites dans la fiction

Mes compositeurs préférés

Mes peintres préférés

Mes héros dans la vie réelle

Mes héroïnes préférées dans la vie réelle

Mes héros dans l'histoire

Ce que je déteste le plus

Personnage historique que je déteste le plus

Le fait historique que je méprise le plus

Le fait militaire que j'estime le plus

La réforme que j'estime le plus

Le don de la nature que je voudrais avoir

Comment j'aimerais mourir

L'état présent de mon esprit

La faute qui m'inspire le plus d'indulgence

Ma devise ou mon proverbe favori

 

 

 

mercredi 24 avril 2024

💙💙💙💙💙


 

Imaginez… Vous êtes au 1er siècle après JC à Rome, aux côtés  de Sénèque, le philosophe. Des soldats viennent d’arriver, envoyés par l’empereur Néron. Sénèque  doit se donner la mort avant la fin de la journée.

Il va employer ce sursis pour raconter ses quinze années passées auprès de l’empereur.  

Il a besoin de comprendre. En quoi, lui, le précepteur, le conseiller, « l’ami du prince », a failli dans sa tâche ? Il se sent coupable. Comment cet adolescent docile et curieux dont il avait la charge, qu’il a dirigé vers le Bien, la Sagesse, le Respect de son peuple, est devenu ce montre sanguinaire et impitoyable ? Quelles erreurs, quelles faiblesses  a-t-il commises ? Comment a-t-il pu être aussi aveugle ?

 « Je suis coupable, Lucilius. Par ce récit que j’entreprends, j’espère, en t’expliquant ce que j’ai fait, parvenir à le comprendre moi-même et qui sait ? Peut-être réussir à me pardonner un peu. »

C’est une plongée sincère et approfondie dans le  cœur et l’esprit de Sénèque.

Il revit  le plaisir ressenti à enseigner au  jeune empereur,  à le conseiller durant les cinq premières années de son règne. Un règne bénéfique d’ailleurs durant cette courte période et dont il est fier.

« Mon élève, à qui j’ai appris à raisonner, à mettre ses pensées en mots (…) prend conscience du poids du pouvoir, en éprouve la terrible responsabilité  et formule cela avec une modestie touchante… oui, je peux le dire, ce jour-là, Lucilius, j’exulte. J’ai le sentiment que tous mes efforts portent leurs fruits. »

Il explique sans fard, ses lâchetés face aux assassinats  perpétués par Agrippine, la terrible mère de Néron, puis par l’empereur lui-même. « Tu sais que j’ai conçu des soupçons quant à la mort de Claude. J’ai vu s’accomplir ce qui était sans doute un meurtre politique, que je n’ai pas dénoncé. Et j’ai non seulement omis de le dénoncer, mais j’ai prêté mon concours  à ce qui était un coup de force d’Agrippine, pour faire asseoir son fils sur le trône impérial. »

L’écriture est tellement juste que le lecteur est avec Sénèque. Penché sur son épaule, il lit et partage ses souvenirs, ses réflexions, ses doutes… Une immersion réussie au 1er siècle après JC, c’est plutôt bluffant !

Peut-être car l’autrice « a laissé Sénèque parler librement comme si j’étais sa secrétaire. Le roman est le résultat de ce qu’il bien voulu me raconter. »

J’ai adoré ce roman pour sa complexité et sa finesse psychologique.  Les personnages sont particulièrement bien campés, crédibles. Sénèque, Le philosophe est également très attachant  du fait de sa franchise, de son humanité.

C’est d’ailleurs aussi une réflexion sur la sagesse. De quoi est faite la vie, comment trouver le bonheur ? « N’être l’esclave d’aucune nécessité, d’aucun désir, d’aucun incident : voilà le secret du bonheur. »

Une histoire très contemporaine.  Peut-être, car les hommes cherchent toujours  le Bonheur et la Sagesse, peut-être car l’emprise et l’ivresse du Pouvoir créent des tyrans. Un jouet trop puissant entre les mains de certains qui « jouent » à en pousser les limites.

Une biographie juste, sensible, complexe et pourtant facile à lire.

Un gros coup de cœur ! Roman original, parfaitement documenté et reconstitué, avec une belle maîtrise des personnages.

Lu dans le cadre du prix Orange 2024.

Merci à Lecteurs.com et aux Editions l’Arpenteur. 

 

Extraits 

« Caligula avait dit de mes écrits et de leur apparente discontinuité : qu’ils le faisaient penser à du sable dépourvu de chaux. »

« Tu sais que j’ai conçu des soupçons quant à la mort de Claude. J’ai vu s’accomplir ce qui était sans doute un meurtre politique, que je n’ai pas dénoncé. Et j’ai non seulement omis de le dénoncer, mais j’ai prêté mon concours  à ce qui était un coup de force d’Agrippine, pour faire asseoir son fils sur le trône impérial. »

« A ma grande surprise, le vieil homme que je suis  éprouve encore le désir de vivre. J’ai envie de voir le soleil rougeoyant se coucher le soir derrière la colline noire, envie d’entendre le chant des cigales s’interrompre brusquement avec l’arrivée de l’obscurité ; envie de voir les premières étoiles scintiller dans un ciel sans nuage. » 

« Ce n’est pas parce que les choses sont difficiles que nous n’osons pas. C’est parce que nous n’osons pas qu’elles paraissent difficiles. »

« Mon élève, à qui j’ai appris à raisonner, à mettre ses pensées en mots (…) prend conscience du poids du pouvoir, en éprouve la terrible responsabilité  et formule cela avec une modestie touchante… oui, je peux le dire, ce jour-là, Lucilius, j’exulte. J’ai le sentiment que tous mes efforts portent leurs fruits. »

« On doit punir, non pour châtier, encore moins pour assouvir sa colère, mais pour prévenir. Gouverner consiste en cela : regarder devant soi, et tenter d’empêcher des maux à venir. Il ne s’agit pas de chercher à rendre justice à la place des dieux, encore moins d’assouvir quelque vindicte que ce soit. »

« Sans en avoir conscience, je vis dans une sorte d’ivresse, jour après jour, sans boire pourtant plus que de raison, m’illusionnant sur tout, sur lui, sur moi, sur ce qui se déroule devant mes yeux. Aujourd’hui, c’est mon aveuglement qui me frappe ; mais à l’époque, je nage dans une frénésie que je confonds avec le bonheur. »

 « La justice hâtive est une marâtre de malheur. »

 « Je me désole à la pensée de rester dans l’Histoire comme celui qui avait tout pour réussir et qui a failli. »

 «Philosopher, c’est apprendre à mourir. »

 «J’ai été son maître, mais il m’a enseigné en retour une dure leçon. O Lucilius, celui qui cherche la sagesse est un sage, celui qui croit l’avoir trouvée est un fou ! »

 

 

vendredi 19 avril 2024

💙💙💙💙💙

Une magnifique fresque historique et romanesque de 1914 à 1989 en Russie. L’histoire de deux frères russes : Yvan, le plus jeune et Alexis, l’ainé.

Tous les deux ont envie d’un autre régime, plus juste, plus égalitaire, plus protecteur envers les plus pauvres.

Yvan, obsédé  par le concept d’une société sans classes va radicaliser ses positions, soutenir Lénine, puis Staline. Peu importe le temps qu’il faudra, peu importe les morts, peu importe les moyens utilisés, «seul l’objectif compte, pas les moyens. »

Un intégriste du communisme (« le communisme élève l’humanité en l’arrachant à la nature, à la biologie, aux liens du sang. »),  qui n’hésitera pas dans sa folie « robespierriste » à exécuter ses parents.

Alexis, très rapidement, comprend les dangers du communisme, prend ses distances avec son frère. Même s’il se fait rattraper par les installations coercitives et déshumanisées, des camps de « rééducation »  qu’a mis en place son propre frère...

Une analyse psychologique très fine dans laquelle vont s’insérer, avec la même maîtrise, d’autres personnages, comme Natalia et Kolya, respectivement sœur et frère et amis d’enfance d’Yvan et d’Alexis. Puis les autres amis de jeunesse, qui même s’ils sont allemands et anglais, prendront part à la guerre froide des années post deuxième guerre mondiale.

C’est passionnant et parfaitement documenté. C’est simple : le lecteur est dans les champs de bataille en Russie, les « rouges » contre « les blancs ». Les uns aussi déshumanisés, aussi violents que les autres.

« Rester vivant signifiait tuer. Bataille après bataille, l’âme scarifiée par l’assassinat de ses parents par la main de son propre frère, une soif inextinguible de sang avait gagné ses entrailles. »

Le lecteur lutte aussi contre les nazis, contre l’avancée des allemands puis leurs défaites. Il est présent également dans les premiers camps de « rééducation » russes où la barbarie est déjà présente, et dont Hitler va s’inspirer. Sans oublier la guerre froide, où la valeur de l’être humain est proche du zéro, face aux idéologies qui s’affrontent.

Bien sûr, on connait tous,  les événements auxquels se réfère Harold Cobert. Mais là, grâce à une plume puissante et juste, les mots se chargent de sens, de chair et de tripes.

C’est surtout un magnifique plaidoyer contre les guerres et tous les régimes totalitaires qui broient les opposants mais aussi ceux qui adhèrent consciemment à la cause, ceux qui se persuadent que la fin justifie les moyens.

Un engrenage dans lequel il faut toujours pousser plus loin la déshumanisation et la barbarie pour maintenir le système en place et se maintenir soi-même en vie.

Via un roman, c’est une analyse passionnante de géopolitique. Comprendre avec des êtres vivants mis en scène, les causes, les ressorts, les fonctionnements internes des régimes totalitaires.

« Il constata la poussée des forces politiques extrêmes dans la majorité des pays européens (…), tous fleurissant sur la misère et la rancœur essaimées par la Grande Guerre »

Merci pour cette incarnation du siècle passé en Russie, puis en URSS. 

J’ai infiniment apprécié ce roman à l’alchimie parfaite entre le scénario tendu, la justesse de la plume et la psychologie de personnages bien campés, très crédibles, attachants ou répulsifs. Surtout pas caricaturaux.

Quel souffle et quelle puissance dans cette épopée historique que j’imagine facilement adaptée sur le grand écran.

Merci Harold Cobert !

 

Livre lu dans le cadre du Prix Orange 2024.

Je remercie Lecteurs.com et les éditions les Escales pour ce bonheur de lire.

 

 

 

mercredi 17 avril 2024

💙💙💙💙


 "Citus, Altius, Fortius" – Plus vite, plus haut, plus fort.

BD passionnante pour les amoureux du sport, d’histoire ou simplement de récits bien construits et bien documentés. Tous les lecteurs, quoi ! … 😊

Xavier Bétaucourt reconstitue avec beaucoup de fluidité, l’histoire des JO depuis 1896, les objectifs et la personnalité du baron  Pierre de Coubertin.

1896 – Pierre de Coubertin est Secrétaire Général d’une association sportive et affiche sa volonté : rétablir les JO arrêtés depuis le IVème siècle.

Avec  deux objectifs essentiels :

🏃 L’importance pédagogique de l’introduction du sport dans l’éducation scolaire. A l’époque, « le sport est considéré comme du temps perdu. »

 Lui-même pratique l’escrime, l’équitation, l’aviron et la boxe.

🏃  Un vecteur de paix : s’affronter à l’intérieur d’un stade plutôt que sur les champs de bataille…

Car c’est cela l’esprit Coubertin : Fédérer pour oublier ses différents et grandir avec le sport.

Les premiers JO à Athènes en 1896 sont plutôt inorganisés, mais cela a quand même  fonctionné. Il faut maintenant  créer le Comité d’organisation des JO. C’est fait dès 1898.

Paris en 1900, préférera des rencontres sportives et boudera les JO. Les suivants auront lieu aux USA en 1904. Puis Xavier Bétaucourt décline les JO suivants avec humour et précision. Ou, « Le sport et la géopolitique doivent cohabiter. » Déjà…

Par exemple, à Londres, en 1908, « la question des Dominions pour l’empire britannique se pose ». Quels drapeaux pour les canadiens, pour les australiens ?

Le pseudo fair-play anglais fait sourire jaune  avec des juges essentiellement britanniques… La distance du marathon (42,195 km) est ajustée à la volonté royale…

Ce qui constitue tout l’intérêt de cette reconstitution des JO, c’est que sans cesse, la politique internationale intervient et exige l'adaptation aux régimes en place.

 « Il a fallu attendre Amsterdam, en 1928, pour que tous les athlètes soient de retour dans l’olympisme de Coubertin. » Durant ces jeux, « 277 femmes participent à une révolution. Pour la première fois, cinq épreuves d’athlétisme leur sont ouvertes. »

« Le CIO composé d’hommes  a accepté la participation à ces épreuves réservées. Une défaite pour Coubertin. »

Entre temps, Xavier Bétaucourt revient sur sa vie et sa personnalité. Né en 1863 d’une famille légitimiste, il ralliera rapidement la République et ses valeurs, en conservant un esprit misogyne, élitiste et colonialiste : « Réfléchissons d’abord à ce qui tourmente l’âme africaine. Des forces inemployées, de la paresse individuelle et une sorte de besoin collectif d’actions. Mille rancunes, mille jalousies contre l’homme blanc et l’envie cependant de l’imiter. (…)  Je pense que les sports, à condition de ne pas leur laisser  prendre des apparences trop militaires qui pourraient aider à préparer quelque rébellion future, doivent être encouragés chez l’indigène et chez le gouvernant. Ils engendrent toutes sortes de bonnes qualités sociales, d’hygiène, de propreté, d’ordre, de self-control.

Ne vaut-il pas mieux que les indigènes soient en possession de pareilles qualités ? Et ne seront-ils pas ainsi plus maniables ?

Un homme fasciné par le nazisme : « j’admire intensément Hitler. Il est en train de devenir le chef de la nouvelle Europe et, bientôt peut-être, le chef du nouveau monde qui se lève. »

Un idéaliste colérique, autoritaire,  intransigeant, voire psychorigide, mais tout entier focalisé sur son objectif. La face obscure du Baron….

Néanmoins, sa détermination farouche a permis  de rassembler sous la bannière du sport, les différentes nations.

Une biographie passionnante, enrichie par l’évolution des JO, traitée avec justesse et précision. Servie par un dessin et des couleurs qui mettent en valeur le scénario.

Un vrai moment de plaisir !

Je remercie NetGalley et les Editions Steinkis de m’avoir offert cet ouvrage.

dimanche 14 avril 2024

💙💙💙💙


« Elle était morte depuis plus de trente ans lorsqu’elle réapparut soudain dans ma vie. Avant cela, elle avait été une défunte tout ce qu’il y a de plus calme, fidèle à la femme que nous avions connue, laissant en paix ceux qu’elle avait quittés au terme d’une vie dont ils se disaient volontiers qu’elle avait été sans histoire. »

On en connaît tous des personnes semblables à la grand-mère de l’autrice. Discrets, voire invisibles, souvent efficaces. Des gens transparents qu’on oublie autant de leur vivant, qu’après leur décès.

A l’aube de ses 50 ans, en pleine phase dépressive, Isabelle Monnin questionne la personnalité, l’histoire de sa grand-mère qu’elle a côtoyée durant les 20 premières années de sa vie. « Existe-t-il des vies qui ne valent rien ? »

Que savons-nous finalement de nos  ascendants  décédés ? Même si nous les avons connus, que savons-nous vraiment d’eux à part cette image figée, voire fossilisée que nous conservons en mémoire ?

Dans la première partie du roman, elle explore ses souvenirs, ceux de ses proches. Excepté le séjour pendant 7 ans d’Odette et d’une partie de la fratrie dans un orphelinat maçonnique, elle ne récolte que des images figées et convenues.

Une personne discrète, effacée, femme au foyer et intendante  de l’internat de son mari : « sa place était à la fois essentielle et dévalorisée : elle régnait sans partage sur la vie domestique. »

Une personnalité sans relief, à l’image des phrases clefs qu’elle égrène souvent : « Oh ben, y a rien à dire, (…) Motus et bouche cousue, (…) Allez, allez on n'en parle pas ».

A part la lecture, seule chose qu’elle fait sans contraintes, Odette apparait comme une femme de devoir, bien stricte dans une vie  « Labeur et routine semblaient ainsi la définir toute entière. »

Quelques pièces du puzzle insuffisantes pour cerner le sujet principal. Trop de vide...

Dans la seconde partie, elle  poursuit son enquête en utilisant la loupe du généalogiste. Fouiller les archives, c’est tirer un fil,  et quelquefois, il nous entraîne bien plus loin que prévu.  Avec beaucoup de talent, elle ranime les données administratives brutes  en êtres de chair et de sang. Des ascendants, des proches qui,  sous la plume de l’autrice, ont repris vie.

Comme les frères Pinette, contemporains d’Odette à l’orphelinat et morts à Auschwitz.

Le lecteur participe à ses recherches, à ses coups de coups ou à ses déceptions. Comme le grand-père d’Odette…

J’ai adoré les passages le concernant. L’autrice l’a complètement idéalisé, physiquement et moralement, avant de constater qu’il n’était qu’un sale type. « J’étais abasourdie, tant par ma déception que par ma naïveté. J’avais cru en Eugène, je lui avais accordé ma confiance, et je découvrais que l’avoué était un ivrogne qui avait humilié et insulté sa femme, un pleutre qui ne se défendait même pas et avait abandonné sa famille. »

Quand on fait de la généalogie, il y a toujours des personnages qui nous aimantent, qu’on revêt de toutes les qualités. A tort ou à raison, on ne sait pas...

Une fresque sensible, historique, bouleversante par les vides qui demeurent, même si la dernière partie m’a déçue : faute d’éléments nouveaux, la narratrice invente un passé, un amour, une jeunesse à sa grand-mère.

C’est bien écrit, c’est émouvant, mais la fin m’a laissée sur ma faim. Terminer sur un récit d’amour inventé de toutes pièces sans reprendre la main, sans donner sa propre conclusion, m’a infiniment gênée.

D’autant plus que la 3ème « façon » m’a semblé un délire, et c’était passionnant par rapport au mal-être de la narratrice, à son cheminement dans le passé.  Combler absolument les trous, le vide, avec la fiction et le mensonge : « C’était ce trou noir qui m’habitait. Je souhaitais tellement le combler que j’étais prête inconsciemment à tordre les faits. »

Peut-être pour se chercher de nouveaux repères et polariser son attention sur quelqu’un d’autre. 

Dommage... 

 

 

 

mercredi 10 avril 2024

💙💙💙

Couverture originale et déconcertante : Berlin sur un arrière-plan rouge Mao, renforcé par le titre : « Nouvelle Chine. »

Nouvelle surprise : la couverture est en couleurs, le récit est en noir et blanc.

Novembre  1975 – une scène de crime : huitième femme assassinée dans un parc berlinois, par un tueur en série : le boucher du Tiergarten. Quand le vieil inspecteur Eberhard se rend sur le lieu du drame avec son adjoint, la police chinoise est déjà présente…

En fait, Berlin est occupé par la Chine qui a diffusé sur toute l’Europe un poison mortel qui a provoqué des millions de morts.

Toute l’Europe est chinoise…

L’auteur poursuit avec beaucoup de maîtrise l’uchronie  (récit imaginaire prenant comme base de départ une évolution alternative de l'Histoire) et l’enquête policière. 

L’inspecteur est attachant, intègre, droit dans ses bottes, avec une inclinaison prononcée pour l’alcool et un pessimisme marqué depuis la mort de sa femme.

Ce qui frappe, c’est qu’il reste totalement polarisé sur son enquête,  imperméable aux diktats de l’occupant. Contrairement à son  jeune adjoint.  Deux enquêteurs en opposition totale. Tandem classique et très utilisé dans les polars et les séries de toutes sortes.

C’est très bien fait, mais je ne suis pas complètement rentrée dans cette intrigue policière dans un Berlin chinois…

Un exercice de style parfaitement maîtrisé par Clarke, mais quel est le bénéfice pour le lecteur, de mener de front, deux genres différents, complets et exigeants, comme l’uchronie et le polar ?

Je vous invite à le lire et vous me direz.

Merci à NetGalley et aux éditions soleil de m’avoir permis de découvrir cette BD surprenante.

 

 

 

 

 

dimanche 7 avril 2024

 💙


 

Sujet, verbe, complément…

J’aime bien les phrases courtes, habituellement, elles donnent du rythme au récit. Hélas, ce n’est pas le cas ici. Il s’agit plutôt de phrases hachées, sèches comme un coup de trique.

Exemple « Zinédine est pieds-nus. Djamila lui roule une pelle. Zinédine lui léchouille les orteils. »

« Hicham mange des momos. Il plonge les raviolis dans la sauce pimentée. Il s’arrache la bouche et boit beaucoup trop d’eau. »

« Mamy se sert un autre pastaga. Dubak boit un deuxième soda. Ils ne jouent pas au Scrabble. Dubak dort sur le canapé. »

Je ne parle pas de l’intérêt de détails complètement inutiles comme le montrent les citations précédentes…

Peut-être un nouveau style d’écriture, peut-être inspiré du rap. En tous cas, pas du James Ellroy dont l’auteur s’en revendique…

 

Bon, il faut se concentrer et suivre l’intrigue. D’autant plus, que le thème me passionne, il s’agit des coulisses de la politique

On comprend immédiatement que le personnage central, Serge Ruggieri, est le double littéraire de Jérôme Cahuzac. On apprend aussi l’existence d’un compte caché au Luxembourg, via Médiapart, avec le risque de dégrader l’image « zéro scandale financier » prôné par François Hollande. La guerre de la communication commence.

Des personnages fictifs entrent en jeu, tous plus improbables, les uns que les autres.

450 pages autour du compte luxembourgeois, c’est bien long. D’autant plus que l’intrigue fait pschitt très rapidement.

Personnages peu crédibles, récit qui traine en longueur, écriture insupportable…  Un livre à oublier…

Désolée, c’est rare quand cela m’arrive, mais il est important aussi de dire quand on n’aime pas un roman et pourquoi. Et bien sûr, cela n’engage que moi.