dimanche 18 février 2024

💙💙💙💙

Ce roman est comme une vague. Il se forme doucement dans les premières pages, pour venir se briser violemment sur les personnages.

L’auteur alterne avec beaucoup de maîtrise les scènes avant et après la Disparition d’Hervé Snout.

2004 - Famille Raybert : c’est une famille d’accueil pour mineurs en difficulté. Ils reçoivent Gustave, un adolescent maltraité, torturé par se mère et grand-mère. « Ses mère et grand-mère rivalisent d’ingéniosité, galvanisées par l’alcool, la haine, la bêtise et l’esprit de compétition. » Le fils de la famille, Gabin, le prend immédiatement sous son aile. Entre les deux garçons, l’affection est solide et sincère.

16 avril 2024 – Dix heures et 34 minutes après la disparition. 
Famille Snout : le père, Hervé, patron d’un abattoir de bovins et de porcs, disparaît sans laisser de traces. Il est parti au travail, comme d’habitude, en vélo… Sa femme, Odile,  est inquiète. Elle, qui  voulait retisser les liens de leur union plutôt distendue à l’occasion de son anniversaire…

Elle se décide à alerter a police, qui pense plutôt à un départ volontaire et ne prend pas très au sérieux son angoisse.

Une famille en apparence unie. Odile est une jolie quadra blonde qui trompe généreusement son mari. Les deux ados, Eddy et Tara, un garçon et une fille, faux jumeaux, sont à l’opposé l’un de l’autre.

Au fur et à mesure des jours qui défilent après la disparition, le lecteur pénètre un peu plus dans l’intimité de cette famille et se pose des questions.

18 avril 2024 – deux jours après la disparition – salle de musculation. 
Le lecteur fait connaissance avec 3 salariés de l’abattoir : trois « bourrins » de la fonte, racistes, brutaux et limités. 
 
Deuxième partie : avant la disparition. 
23 février 2024 – 53 jours avant la disparition

Le lecteur fait la connaissance d’Hervé Snout, odieux, infect, pourri, carnassier, au propre et au figuré, et surtout du fonctionnement de l’abattoir, des gens qui y travaillent. On retrouvera nos 3 bourrins et les 2 fils Raybert.

 Les +++ :

- Un scenario magistralement conçu où le lecteur ne lâche rien tant qu’il ne connaît pas la vérité. Et même quand il la connait, Oh ! Dure et terrifiante réalité, il veut savoir ce qui va arriver après…

- La déshumanisation de l’abattoir, traité comme un personnage à part : « On ne peut travailler dans un tel endroit sans devenir fou. ». Est-ce lui qui corrompt les gens qui y travaillent, ou sert-il d’exutoire aux cassés de la vie, aux barbares ?  

- Des personnages très campés, attachants ou répulsifs. « Gentils » ou « pourris ». Et encore…. Certains « gentils », ont des facettes bien noires…

- La puissance des blessures de l’enfance, et leurs conséquences dramatiques quand elles ressurgissent.

- Une dénonciation féroce de la bêtise, de la lâcheté.

 Les ---

- Les scènes de mise à mort des animaux, les rires gras, le sadisme sont difficiles. Je comprends bien qu’il faut les décrire, les subir puisque l’auteur les dénonce. Mais si vous êtes comme moi, ultra sensible au bien-être animal, il faut passer  ces pages. Le faire ne m’a pas empêchée de suivre parfaitement le déroulé de l’intrigue. Donc, ces séquences  sont  sans doute utiles. Etait-il nécessaire de les faire aussi abondantes ? Chaque lecteur répondra….

- Les deux gendarmes sont plutôt caricaturaux. Le lieutenant gentil qui tombe amoureux d’Odile Snout, le capitaine, qui ne croit plus en rien, et surtout plus en l’utilité des forces de l’ordre.

 « Si les abattoirs avaient des murs en verre, tout le monde serait végétarien » 
 Paul McCartney

 Magnifique thriller que l’on peut amputer des scènes d’abattage.

Lu dans le cadre du Prix Orange 2024.

Merci à la Fondation Orange et aux éditions Denoël de m’avoir permis de découvrir cet auteur talentueux.

 

 

 

 

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