lundi 26 février 2024

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Mais que font les avocats pénalistes pendant que le jury populaire délibère ?

Dans les années 1930, Christine et Léa Papin, bonnes de leur état, ont défrayé la chronique après avoir sauvagement tué leur patronne et la fille de cette dernière. Ces crimes pouvaient valoir la peine capitale aux coupables.

Le procès s’achève le 29 septembre 1933 et après les plaidoiries des avocats de la défense, le jury se retire, la salle d’audience se vide et chacun attend le verdict.

C’est ce temps suspendu, ce moment d’attente que nous fait partager Julia Minkowski à travers le portrait de Me Germaine Brière, première avocate inscrite au barreau de la Sarthe qui défendait une des protagonistes de « l’affaire des sœurs Papin ».

C’est le moment où l’avocate doute. Sa plaidoirie était-elle convaincante ? Le problème est que seul le verdict peut déterminer si le travail a bien été fait, et en l’occurrence, il se traduit par la vie ou la mort de sa cliente.

C’est l’occasion pour Germaine de faire le point sur les faits importants qui ont jalonnés son existence, sa volonté farouche de bousculer cette justice des hommes faite par des hommes où les femmes  ne sont présentes que sur le banc des accusés.

Mais attention, ce roman n’est pas un « polar judiciaire ». Non.

C’est plus que cela puisqu’il parle des difficultés d’une femme pour accéder à un milieu exclusivement masculin, sectaire et refermé sur lui-même, à tel point que pour qu’elle obtienne son inscription au barreau, on va même jusqu’à lui demander un certificat de virginité ! Mais nul doute qu’en 90 ans, cet état d’esprit a considérablement évolué (enfin, il faut l’espérer).

C’est le portrait d’une femme émancipée de l’entre deux guerres, qui veut vivre sa vie et non celle qu’une partie de son entourage voudrait lui voir mener.

Mais c’est aussi un réquisitoire contre la peine de mort, avec la description des derniers instants d’Henri-Louis Nicolas, guillotiné en 1932, qui résonne avec les propos de Robert Badinter.

Servi par une écriture fluide, sans fioriture, Julia Minkowski, avec juste ce qu’il faut de précisions techniques, nous fait comprendre les rouages de la justice pénaliste et certains pourront réviser les jugements et les a priori qu’ils peuvent avoir sur le métier d’avocat.

Un roman à lire sans attendre.

Lu dans le cadre du prix des lecteurs 2024 organisé par le Livre de Poche. 

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