dimanche 22 décembre 2024

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Connaissez-vous la signification des mots : schlitteurs, harengères, ferreta ?

📌Un ouvrage pour découvrir dans le plaisir, et la lumière des clichés en noir et blanc, la France du début du XXème siècle ?

 Grâce à une collection inédite de cartes postales anciennes, avec la lumière des clichés en noir et blanc, nos aïeux reprennent vie dans le quotidien. Le travail, les traditions, les fêtes, les sports, les premiers bains de mer…

Car ce superbe ouvrage explore toute la France : La vie agricole - La vie maritime - La vie industrielle et la condition ouvrière -Les artisans, fabricants et commerçants - Les transports - La vie quotidienne
- Paris - La vie militaire - La vie religieuse - Fêtes et folklore - Jeux et loisirs - Les sports - La naissance du tourisme.

📌Le texte accompagne et précise les circonstances. Ainsi, j’ai retrouvé le nom des transporteurs du bois (les schlitteurs) du lieu de coupe vers les chemins accessibles (superbe cliché de la page 38), des « poissardes », des rémouleurs, des porteurs d’eau et même de glace.

J’ai appris aussi avec le sourire, le surnom donné aux touristes (« les trempa-cioul »), dans le midi avec les premiers bains de mer.

Une recherche plaisante et parfaitement documentée sur la France du début du siècle.

A découvrir, à savourer et surtout à partager.

📌Extraits

Page 49 – « les ports incarnent le royaume de prédilection de poissonnières hautes en couleur, parfois surnommées les « harengères », ou les « poissardes ». A Marseille, elles sont regroupées en un syndicat des poissonnières dont la présidente est une des figures de la ville. »

Page 111 – « Si le métier de porteur d’eau est éprouvant, le sort des porteurs de glace n’est guère plus enviable. Les hommes partent de nuit couper des blocs à la hache en altitude, puis les rapportent dans de la sciure à leurs clients. Les charges descendues à dos d’homme peuvent atteindre 70 kg, et environ 6 heures sont nécessaires pour effectuer cette mission nocturne. »

« Ces clichés, témoignages uniques et insolites d’une France que la plupart d’entre nous n’a pas connue, ont été soigneusement rassemblés et conservés par des collectionneurs passionnés par l’histoire et le patrimoine de notre pays. (…) La France d’antan est une somme illustrée et passionnante, fourmillant d’anecdotes sur la vie des français au tournant d’un siècle bouleversé et bouleversant. »

Page 147 – « Au pays basque, les femmes transportent l’eau ( sur leur tête) dans la « ferreta », vaste récipient conique en bois et en laiton muni de deux anses. »

 

 

 

 

 

lundi 16 décembre 2024

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Comme un refrain lancinant, Clara Breteau joue avec les clairs-obscurs : la transparence des vitres, et l’opacité de la vie de son père, un laveur de carreaux consciencieux à effacer toutes les traces.

📌 Elle va tenter de comprendre la personnalité de son père, son passé, savoir qui était sa famille. Lui, un immigré algérien, avec sans doute un père harki….  

Un homme taiseux, voire dissimulateur et menteur. Un drôle de père, avec deux ménages. Une femme et des enfants, de chaque côté. Une épouse reconnue, Yvette, la première. Anna ne porte pas le nom de son père car il l’a déjà donné.

« Il ne leur avait pas donné son nom, disait-il, pour les protéger du racisme. (…) Petit à petit pourtant, comme tous les enfants, Anna avait compris. Son père n’avait pas pu le leur donner, ce nom, parce qu’il était déjà pris. Par d’autres enfants – beaucoup plus âgés - par une autre femme, par une autre vie. »

📌 Une analyse psychologique complexe et bien menée. Quand la honte pousse à se taire et à mentir. « Lorsqu’il avait appris que sa fille si brillante se retrouvait enceinte d’un algérien illettré et laveur de carreaux, il ne lui avait plus parlé pendant plus d’une année. (…) Anna se demande si ce n’était pas ça dont son père se protégeait lorsqu’il s’enfuyait, lancé en mobylette ou à l’assaut des vitres, perché sur ses échelles : cette honte secrète que ses proches avaient de lui. »

📌 Un excellent premier roman. La maîtrise du domaine de l’intime, des faces sombres de chacun, du besoin des enfants de comprendre qui sont leurs parents.

A découvrir. Une autrice à suivre. 

Merci à Babelio et aux éditions du Seuil.

 

Extraits

 

« Être laveur de carreaux, c’est fabriquer de la transparence, comme d’autres fabriquent du pain. Il y avait quelque chose là-dedans de l’opticien qui aide à y voir clair. Et pourtant, lorsqu’elle le regarde travailler, Anna voit aussi l’univers caché de ses mains, tout ce temps qu’elles passent à voiler les surfaces, à les rendre soudain opaques et brumeuses. »

 

« Il ne leur avait pas donné son nom, disait-il, pour les protéger du racisme. (…) Petit à petit pourtant, comme tous les enfants, Anna avait compris. Son père n’avait pas pu le leur donner, ce nom, parce qu’il était déjà pris. Par d’autres enfants – beaucoup plus âgés - par une autre femme, par une autre vie. »

 

« Lorsqu’il avait appris que sa fille si brillante se retrouvait enceinte d’un algérien illettré et laveur de carreaux, il ne lui avait plus parlé pendant plus d’une année. (…) Anna se demande si ce n’était pas ça dont son père se protégeait lorsqu’il s’enfuyait, lancé en mobylette ou à l’assaut des vitres, perché sur ses échelles : cette honte secrète que ses proches avaient de lui. »

 

« Et il y avait Yvette, la femme de son père. Celle qui portait son nom, vivait dans sa maison. Celle qui, alors que son mari mourrait à l’hôpital, avait découvert en ouvrant une lettre qu’il l’avait trompée, pendant des années , et avait vu apparaître en photographie, les silhouettes de deux enfants, immenses comme des falaises. »

 

 

lundi 9 décembre 2024

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« La célébrité est une drogue dure, un monstre féroce. Et je suis allée la chercher avec ma rage, avec mes ongles, avec mes dents. »

💥Cléo, star mondiale de la chanson, raconte. Elle a choisi de s’isoler quelques semaines, sur une île déserte et revient sur sa vie. Elle a toujours voulu être célèbre. Dès l’enfance, elle s’y prépare et rien d’autre ne compte.

C’est une fille intelligente, qui a fait des études supérieures et terminé Major de promotion à Sciences-Po. Elle mène sa vie et sa carrière (les deux ne font qu’un) de manière essentiellement stratégique.

Elle ne veut pas seulement être reconnue dans sa ville ou dans son pays, mais dans le monde entier. Elle doit être la MEILLEURE et elle mettra tous les moyens possibles pour y arriver. D’abord, être autrice, compositrice et interprète. Tout doit être sous son contrôle, rien ne doit lui échapper.

Puis, le choix assumé de la bipolarité. Adorable envers le public, odieuse envers les proches. « Je me mets dans la peau de mon personnage public, réfléchie et amusante, reconnaissante et humble. Glaçante en privé, je joue au petit soleil en public. J’ai gagné le droit d’être désagréable avec mes équipes, mais certainement pas avec mes fans, ni avec les médias. »

Quand elle se juge « nulle », ce qui arrive souvent, elle s’ auto-mutile : « J’ai un rêve mais je ne rien pour le concrétiser. Le piano et la guitare, pour rien. Ma voix d’or, pour rien. Mes études pour rien. New York, pour rien. Toutes ces années, sont des années perdues. Un trou de 10 ans. A la fin du décompte, je fouille dans mon placard, trouve une ceinture de cuir. Je me mets à genoux et je me frappe les cuisses. Dix coups de cravache. Dix coups de fouet pour les dix années que j’ai passées à ne rien faire. »

💥Même si on n’est pas naïf sur la sincérité des célébrités, sur le consumérisme et la fabrication calculée des artistes, l’écriture de Maud Ventura est addictive. Car Cléo est « cash », brutale mais surtout très lucide. Le ton acide du récit, les phrases courtes et précises donnent du rythme au récit prenant. 

« C’est la première chose à apprendre : pleurer sur commande. On connaît la chanson. Il faut se montrer émouvante et fébrile, avoir le triomphe modeste, expliquer qu’on fait de la musique pour ses fans, saluer les équipes de l’ombre en citant une longue liste de noms qui n’évoquent rien à personne. »

💥 J’ai particulièrement aimé le réflexion du la solitude de l’artiste. Le constat est glaçant entre la sur-sollicitation puis le désœuvrement total. Se sentir dépossédé de sa propre vie.

« Les célébrités n’ont pas d’autres choix que de tracer des frontières autour d’elles. (…) depuis le début, cette citadelle me protège autant qu’elle m’isole. Plus je suis entourée, et plus je suis seule. »

 💥 Une conclusion bluffante et une analyse lucide et féroce de la célébrité. Une vraie réussite !


Extraits

 « A vingt ans, j’ai tout pour moi, je suis jolie comme un ange, l’avenir me tend les bras ; pourtant, je me sens empêchée, aigrie, j’ai le sentiment de mener une existence qui n’est pas la mienne et j’en veux à la terre entière. »

 « J’ai un rêve mais je ne rien pour le concrétiser. Le piano et la guitare, pour rien. Ma voix d’or, pour rien. Mes études pour rien. New York, pour rien. Toutes ces années, sont des années perdues. Un trou de 10 ans. A la fin du décompte, je fouille dans mon placard, trouve une ceinture de cuir. Je me mets à genoux et je me frappe les cuisses. Dix coups de cravache. Dix coups de fouet pour les dix années que j’ai passées à ne rien faire. »

 « On se trompe de métier, on se trompe de partenaire, on se trompe de lieu de vie. Et puis, on rectifie le tir. Soudain, tout s’aligne, tout s’explique, il n’y a plus ni compromis, ni lassitude, les efforts n’en ont plus, rien n’est un sacrifice, tout s’imbrique, naturel et joyeux. Je souhaite à tout le monde d’être un jour à sa place. »

 « Il compose la musique qu’il a envie de chanter, pas celle que le public a envie d’entendre. Il s’offusque que son premier album n’ait pas rencontré le succès escompté – même lui n’écouterait pas ses propres chansons. Comment peut-on séparer à ce point l’art qu’on produit de celui qu’on consomme ?

 « Je suis sur-sollicitée puis désœuvrée, incapable d’apprécier aucun des deux extrêmes. »

 « Chacune de vos soirées est monétisée, et le produit à vendre, c’est vous. Vous devez sourire quand vous manquez de sommeil, quand vous avez mal au ventre, quand vous avez faim, quand tous les regards sont posés sur vous »

 « Je pensais que je désirais, plus que tout, être célèbre. Pour la première fois, je me demande si je ne me suis pas trompée. Le vrai problème des vœux, c’est quand ils se réalisent. »

 « Je suis sur le point d’intégrer cette règle universelle : plus tu es célèbre, plus tu leur appartiens. »

 « Je dois vraiment tout faire moi-même : je suis la tête pensante dans ma carrière, dans notre couple, au lit. Et j’en ai marre d’être la locomotive. »

 « Je me mets dans la peau de mon personnage public, réfléchie et amusante, reconnaissante et humble. Glaçante en privé, je joue au petit soleil en public. J’ai gagné le droit d’être désagréable avec mes équipes, mais certainement pas avec mes fans, ni avec les médias. »

 « Et puis, nous n’avons rien à faire ensemble. John est doux, délicat, mesuré. Affectueux. Je suis rentre-dedans, fonceuse, sèche, brutale. Je dois me rendre à l’évidence : un bulldozer n’a rien à faire avec une pâquerette. »

 

 

 

 

 

 

mercredi 4 décembre 2024

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Une excellente cuvée, ou Lucky Luke chez les brasseurs allemands.

🐎Notre toujours jeune, Lucky Luke a pourtant terriblement mal au dos. Eh oui…😟A force d’être toujours à cheval, de ne pas se reposer, il lui faut même consulter un médecin dans un village qui se meurt.

Et cette petite bourgade décline, car il n’y a plus une seule goutte de bière, suite à la grève des ouvriers dans la Mecque de la brasserie américaine  : Milwaukee.

« Une ville dirigée par les barons de la bière, tous allemands, grands patrons mythiques dont les seuls noms font briller les yeux des amateurs de saloon, des déserts de l’Arizona aux montagnes de l’Oregon. »

Le rôle de notre ami « Glücky Lucke » : résoudre le différend entre patrons et ouvriers. C’est pas gagné, et cela pour la plus grande joie du lecteur.

🐎 On s’amuse du regard de Lucky Luke et de Jolly Jumper en découvrant Milwaukee, ville tentaculaire, la discipline allemande et sa roborative gastronomie.

Sans oublier d’appuyer sur les travers des uns et des autres, gros patrons et syndicalistes marxistes, sans oublier non plus « les jaunes », qui vont venir casser la grève. Et comme il s’agit des détenus des prisons, on y retrouvera nos affreux ( mais indispensables ) Dalton.

🐎Sourire et connaissances historiques. C’est sans doute pour cela que j’aime bien les Lucky Luke. Car mine de rien la force des conflits sociaux aux USA est bien esquissée, ainsi que la place de l’émigration allemande, de la particularité de Milwaukee, et de personnages réels comme celui de Frederick Pabst, président de la compagnie de Pabst.

Une lecture divertissante mais intelligente.

Une bon Lucky Luke !💙

 

 

mardi 3 décembre 2024

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« Je crois que cette guerre a unifié la Finlande comme jamais avant, et si elle est devenue une forteresse, nous en avons été le ciment. Et je suis certain que nous avons réveillé leur satané SISU. »

📌Merci à Olivier Norek de restituer de manière aussi précise la Guerre d’Hiver, l’envahissement de la Finlande par l’URSS, de novembre 1939 à mars 1940 ; la vie de la 12ème compagnie sur le front et la figure sublime de Simo Häyhä ( prononcer Heye-Heh). Appelé « la Mort Blanche » par les russes, car c’est le meilleur tireur d’élite de tous les temps.

📌 Une guerre qui ressemble tragiquement à celle de l’Ukraine. La volonté de tout gommer, pulvériser, éradiquer. Qu’il s’agisse des hommes ou de la nature, le bulldozer aveugle russe écrase tout sur son passage. Même ses propres morts…. « Les ordres étaient clairs. Aucun corps ne devait être ramené en terre soviétique, pour ne pas contredire une propagande qui assurait que la Russie, puissante et indestructible, ne perdait pas un seul homme pendant la Guerre d’Hiver. »

Sauf que l’ours russe est bien lourd et bien incompétent face au renard finlandais. Ce dernier a pourtant peu de chances, théoriquement. Compte tenu de la puissance de l’un et de la faiblesse de l’autre en hommes et en armement, le gouvernement russe avait prévu de faire plier la Finlande en 10 jours. Mais les officiers sont peu formés et tous redoutent le Kremlin plus que les Finlandais : « Je crains davantage Celui pour lequel on se bat, que ceux contre qui on se bat. »

Le gouvernement finlandais est lucide, lui, quant aux conditions de guerre. Le général en chef écrit : « C’est en enfer que je les envoie. »

La chair à canons russe contre le SISU  finlandais : « L’état d’esprit d’un peuple qui vit par un froid mordant, avec un ensoleillement rare. Une vie austère, dans un environnement hostile, a forgé leur mental d’un acier qui nous résiste.

Il faudrait y ajouter l’obstination, le cran, la force intérieure, la ténacité, la résistance, la détermination, la volonté… Et le caractère pour le moins complexe qui va avec, puisqu’ils sont aussi froids et sauvages que le cœur de leurs forêts. »

📌 J’ai adoré et admiré le respect et la fidélité de l’auteur face aux événements. Un roman fluide, facile à lire, passionnant et intense par sa dimension historique.

Il n’occulte rien : le tragique quotidien du front, les combattants de deux camps et ceux emblématiques de l’armée finlandaise. Même son lieutenant atypique Aarne Juutilainen sur le front de Kollaa. Une analyse psychologique juste et fine, tout en nuances.

Et bien sûr Simo Häyhä. Un paysan finlandais chasseur depuis l’enfance. Un homme pacifique avant tout mais qui va se dépasser face à l’invasion russe.

« Lui était terrorisé de sentir que cette violence pouvait devenir routine. Il a toujours fait la différence entre pouvoir et devoir tuer. Et lorsque la guerre s’est terminée, après avoir miraculeusement survécu, il est redevenu le fermier qu’il était, vivant avec son cheval et son chien jusqu’à devenir presque centenaire. C’est un personnage sublime. »

📌 Merci d’avoir rajouté à la fin, les cartes géographiques et les portraits des combattants. Ce complément ajoute une proximité supplémentaire au pays et aux combattants.  

Un livre puissant et magistral ! 

 

Extraits  

« L’arme ultime de Staline serait psychologique. Plus il serait cruel, en était-il convaincu, plus rapide serait la reddition. Et pour cela, il faut viser les civils. »

 

« Des soldats russes à qui l’on avait promis un conflit rapide et facile venaient de perdre la vie sur une terre dont ils n’avaient que faire, dans un pays que le Kremlin avait hissé au rang d’ennemi à force de propagande et contre lequel ils n’avaient aucun ressentiment à peine une semaine plus tôt, car ce n’était pas une nation entière qui avait déclaré la guerre, mais un seul homme qui en avait décidé. Malgré les coups de feu tirés en l’air, les hommes effrayés restèrent immobiles, et de rage, l’officier politique dût en abattre trois pour qu’enfin les autres sortent de la tranchée. »

 

« Malgré leur supériorité écrasante, l’expérience militaire leur faisait défaut. Lors des paranoïaques Grandes Purges, Staline avait emprisonné ou exécuté près de trois quarts de ses officiers, et nombre de ceux qui aujourd’hui étaient engagés dans la Guerre d’Hiver n’avaient même pas terminé leur formation. »

 

« Je crains davantage Celui pour lequel on se bat, que ceux contre qui on se bat. »

 

« Ukrainiens, Roumains, Géorgiens, Mongols, Turcs, Azéris, Kazakhs, Tadjiks, Usbeks, Biélorusses, Arméniens… Aucun n’avait souhaité partir en guerre. Tous avaient été enrôlés de force. Et forcer un homme revient à fabriquer un insoumis. »

 

« Les ordres étaient clairs. Aucun corps ne devait être ramené en terre soviétique, pour ne pas contredire une propagande qui assurait que la Russie, puissante et indestructible, ne perdait pas un seul homme pendant la Guerre d’Hiver. »

 

« Cette guerre n’est qu’un gigantesque suicide national. La gagner est impossible, nous sommes des milliers de soldats contre un million et nous n’avons comme alliés que la connaissance du terrain et un hiver que seul un Finlandais pourrait supporter. Nous la perdrons, c’est certain, mais c’est la manière de la perdre qui importe à Mannerheim. Soit, nous capitulons rapidement, et le pays entier devient russe, soit nous tenons le coup assez longtemps pour que ce pays devienne une gêne pour eux, auquel cas nous pourrons les forcer à entrer en négociations de paix. »

 

« Pourtant, si la Russie et la Finlande avaient, semble-t-il, gagné pour l’une, capitulé pour l’autre, la réalité était totalement inverse. Une nation ogre de 171 millions d’habitants n’avait pas réussi à dominer un pays pacifique de 3,5 millions d’âmes, ni à avancer de plus de quinze kilomètres dans les terres convoitées. Une fausse défaite devenait une victoire honteuse pour Staline, et le dictateur, mauvais gagnant envoya ce jour-là un ordre officiel et un ordre secret. »

 

Lorsqu'on lui demanda s'il regrettait d'avoir tué tant de gens, il répondit : « Je n'ai fait que mon devoir, et ce que l'on m'avait dit de faire, du mieux que je le pouvais. Il n’y aurait plus de Finlande si tous les autres soldats n’avaient pas fait comme moi, » répondit Simo humblement ».

 

« Ce dont je me souviens le plus de cette guerre, c’est l’incompétence de notre armée. Elle n’avait même pas réussi à s’occuper d’une poignée de Finlandais. Ce sont eux qui nous ont montré comment faire la guerre. »