lundi 9 décembre 2024

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« La célébrité est une drogue dure, un monstre féroce. Et je suis allée la chercher avec ma rage, avec mes ongles, avec mes dents. »

💥Cléo, star mondiale de la chanson, raconte. Elle a choisi de s’isoler quelques semaines, sur une île déserte et revient sur sa vie. Elle a toujours voulu être célèbre. Dès l’enfance, elle s’y prépare et rien d’autre ne compte.

C’est une fille intelligente, qui a fait des études supérieures et terminé Major de promotion à Sciences-Po. Elle mène sa vie et sa carrière (les deux ne font qu’un) de manière essentiellement stratégique.

Elle ne veut pas seulement être reconnue dans sa ville ou dans son pays, mais dans le monde entier. Elle doit être la MEILLEURE et elle mettra tous les moyens possibles pour y arriver. D’abord, être autrice, compositrice et interprète. Tout doit être sous son contrôle, rien ne doit lui échapper.

Puis, le choix assumé de la bipolarité. Adorable envers le public, odieuse envers les proches. « Je me mets dans la peau de mon personnage public, réfléchie et amusante, reconnaissante et humble. Glaçante en privé, je joue au petit soleil en public. J’ai gagné le droit d’être désagréable avec mes équipes, mais certainement pas avec mes fans, ni avec les médias. »

Quand elle se juge « nulle », ce qui arrive souvent, elle s’ auto-mutile : « J’ai un rêve mais je ne rien pour le concrétiser. Le piano et la guitare, pour rien. Ma voix d’or, pour rien. Mes études pour rien. New York, pour rien. Toutes ces années, sont des années perdues. Un trou de 10 ans. A la fin du décompte, je fouille dans mon placard, trouve une ceinture de cuir. Je me mets à genoux et je me frappe les cuisses. Dix coups de cravache. Dix coups de fouet pour les dix années que j’ai passées à ne rien faire. »

💥Même si on n’est pas naïf sur la sincérité des célébrités, sur le consumérisme et la fabrication calculée des artistes, l’écriture de Maud Ventura est addictive. Car Cléo est « cash », brutale mais surtout très lucide. Le ton acide du récit, les phrases courtes et précises donnent du rythme au récit prenant. 

« C’est la première chose à apprendre : pleurer sur commande. On connaît la chanson. Il faut se montrer émouvante et fébrile, avoir le triomphe modeste, expliquer qu’on fait de la musique pour ses fans, saluer les équipes de l’ombre en citant une longue liste de noms qui n’évoquent rien à personne. »

💥 J’ai particulièrement aimé le réflexion du la solitude de l’artiste. Le constat est glaçant entre la sur-sollicitation puis le désœuvrement total. Se sentir dépossédé de sa propre vie.

« Les célébrités n’ont pas d’autres choix que de tracer des frontières autour d’elles. (…) depuis le début, cette citadelle me protège autant qu’elle m’isole. Plus je suis entourée, et plus je suis seule. »

 💥 Une conclusion bluffante et une analyse lucide et féroce de la célébrité. Une vraie réussite !


Extraits

 « A vingt ans, j’ai tout pour moi, je suis jolie comme un ange, l’avenir me tend les bras ; pourtant, je me sens empêchée, aigrie, j’ai le sentiment de mener une existence qui n’est pas la mienne et j’en veux à la terre entière. »

 « J’ai un rêve mais je ne rien pour le concrétiser. Le piano et la guitare, pour rien. Ma voix d’or, pour rien. Mes études pour rien. New York, pour rien. Toutes ces années, sont des années perdues. Un trou de 10 ans. A la fin du décompte, je fouille dans mon placard, trouve une ceinture de cuir. Je me mets à genoux et je me frappe les cuisses. Dix coups de cravache. Dix coups de fouet pour les dix années que j’ai passées à ne rien faire. »

 « On se trompe de métier, on se trompe de partenaire, on se trompe de lieu de vie. Et puis, on rectifie le tir. Soudain, tout s’aligne, tout s’explique, il n’y a plus ni compromis, ni lassitude, les efforts n’en ont plus, rien n’est un sacrifice, tout s’imbrique, naturel et joyeux. Je souhaite à tout le monde d’être un jour à sa place. »

 « Il compose la musique qu’il a envie de chanter, pas celle que le public a envie d’entendre. Il s’offusque que son premier album n’ait pas rencontré le succès escompté – même lui n’écouterait pas ses propres chansons. Comment peut-on séparer à ce point l’art qu’on produit de celui qu’on consomme ?

 « Je suis sur-sollicitée puis désœuvrée, incapable d’apprécier aucun des deux extrêmes. »

 « Chacune de vos soirées est monétisée, et le produit à vendre, c’est vous. Vous devez sourire quand vous manquez de sommeil, quand vous avez mal au ventre, quand vous avez faim, quand tous les regards sont posés sur vous »

 « Je pensais que je désirais, plus que tout, être célèbre. Pour la première fois, je me demande si je ne me suis pas trompée. Le vrai problème des vœux, c’est quand ils se réalisent. »

 « Je suis sur le point d’intégrer cette règle universelle : plus tu es célèbre, plus tu leur appartiens. »

 « Je dois vraiment tout faire moi-même : je suis la tête pensante dans ma carrière, dans notre couple, au lit. Et j’en ai marre d’être la locomotive. »

 « Je me mets dans la peau de mon personnage public, réfléchie et amusante, reconnaissante et humble. Glaçante en privé, je joue au petit soleil en public. J’ai gagné le droit d’être désagréable avec mes équipes, mais certainement pas avec mes fans, ni avec les médias. »

 « Et puis, nous n’avons rien à faire ensemble. John est doux, délicat, mesuré. Affectueux. Je suis rentre-dedans, fonceuse, sèche, brutale. Je dois me rendre à l’évidence : un bulldozer n’a rien à faire avec une pâquerette. »

 

 

 

 

 

 

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