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Comme un refrain lancinant, Clara Breteau joue avec les clairs-obscurs : la transparence des vitres, et l’opacité de la vie de son père, un laveur de carreaux consciencieux à effacer toutes les traces.
📌 Elle va tenter de comprendre la personnalité de son père, son passé, savoir qui était sa famille. Lui, un immigré algérien, avec sans doute un père harki….
Un homme taiseux, voire dissimulateur et menteur. Un drôle de père, avec deux ménages. Une femme et des enfants, de chaque côté. Une épouse reconnue, Yvette, la première. Anna ne porte pas le nom de son père car il l’a déjà donné.
« Il ne leur avait pas donné son nom, disait-il, pour les protéger du racisme. (…) Petit à petit pourtant, comme tous les enfants, Anna avait compris. Son père n’avait pas pu le leur donner, ce nom, parce qu’il était déjà pris. Par d’autres enfants – beaucoup plus âgés - par une autre femme, par une autre vie. »
📌 Une analyse psychologique complexe et bien menée. Quand la honte pousse à se taire et à mentir. « Lorsqu’il avait appris que sa fille si brillante se retrouvait enceinte d’un algérien illettré et laveur de carreaux, il ne lui avait plus parlé pendant plus d’une année. (…) Anna se demande si ce n’était pas ça dont son père se protégeait lorsqu’il s’enfuyait, lancé en mobylette ou à l’assaut des vitres, perché sur ses échelles : cette honte secrète que ses proches avaient de lui. »
📌 Un excellent premier roman. La maîtrise du domaine de l’intime, des faces sombres de chacun, du besoin des enfants de comprendre qui sont leurs parents.
A découvrir. Une autrice à suivre.
Merci à Babelio et aux éditions du Seuil.
Extraits
« Être laveur de carreaux, c’est fabriquer de la transparence, comme d’autres fabriquent du pain. Il y avait quelque chose là-dedans de l’opticien qui aide à y voir clair. Et pourtant, lorsqu’elle le regarde travailler, Anna voit aussi l’univers caché de ses mains, tout ce temps qu’elles passent à voiler les surfaces, à les rendre soudain opaques et brumeuses. »
« Il ne leur avait pas donné son nom, disait-il, pour les protéger du racisme. (…) Petit à petit pourtant, comme tous les enfants, Anna avait compris. Son père n’avait pas pu le leur donner, ce nom, parce qu’il était déjà pris. Par d’autres enfants – beaucoup plus âgés - par une autre femme, par une autre vie. »
« Lorsqu’il avait appris que sa fille si brillante se retrouvait enceinte d’un algérien illettré et laveur de carreaux, il ne lui avait plus parlé pendant plus d’une année. (…) Anna se demande si ce n’était pas ça dont son père se protégeait lorsqu’il s’enfuyait, lancé en mobylette ou à l’assaut des vitres, perché sur ses échelles : cette honte secrète que ses proches avaient de lui. »
« Et il y avait Yvette, la femme de son père. Celle qui portait son nom, vivait dans sa maison. Celle qui, alors que son mari mourrait à l’hôpital, avait découvert en ouvrant une lettre qu’il l’avait trompée, pendant des années , et avait vu apparaître en photographie, les silhouettes de deux enfants, immenses comme des falaises. »
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