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Une relecture passionnante du personnage de Milady
Plus jamais, je ne relirai la trilogie : « Les trois mousquetaires », « Vingt ans après » et « Le vicomte de Bragelonne » de la même façon…
📕Au pied des remparts de Maastricht – 1673
D’Artagnan raconte à son ami et fidèle Lieutenant Philippe, l’histoire de Milady. On sent le doute quand il explique son jugement et sa mort en 1628 ainsi que le questionnement quand il revient sur le passé, dès 1609.
Qui était finalement Milady de Winter, ou Anne de Breuil ?
Un ange venu des Enfers, ou une femme dans un contexte d’hommes qui décide de ne pas se laisser faire. Qui décide de se venger des violences subies depuis la petite enfance. Une femme complexe comme l’analyse si bien, l’autrice. Une passionnée capable du pire et du meilleur.
De plus, elle est belle et intelligente. Elle a surtout appris à composer quand on ne peut vaincre avec la force.
📕L’autrice apporte à la magnifique épopée de Dumas, les nuances qui manquaient aux trois romans.
Dans le personnage d’Athos pourtant, on perçoit la passion de cet homme entier. Il aime à l’extrême, il haït à l’extrême quand il se sent trompé ou déçu. Droit, intransigeant, voire rigide, et Anne ( Milady) souple et manipulatrice.
Dans Les trois mousquetaires, c’est le vif et la fougue de la jeunesse. Dans celui de l’autrice, c’est la maturité de D’Artagnan et ses doutes quant au bien fondé de la mort de Milady.
📕Le thème central est celui de la vengeance. Comment elle empoisonne et détruit la vie de celui ou celle qui la détient serrée dans son cœur. Et c’est remarquablement traité.
La vengeance a détruit la courte vie de Milady, et elle empoisonne le cœur de d’Artagnan : châtiment justifié ou crime abominable envers une jeune femme. « Ils sont dix et elle est seule. » Besoin de raconter, d’expliquer à son Lieutenant, pour peut-être faire la paix en lui…
La vengeance comme une addiction, comme moteur de vie…
📕 La voix de Milady, c’est aussi celle de toutes les femmes qui ont voulu vivre, ne pas plier face aux traditions et au patriarcat.
« Femmes coupables d’être désirantes. Coupables d’être désirées. Coupables d’être innocentes. Coupables d’être rusées. (…) Toutes condamnées pour insoumission, pour impureté, pour traîtrise, pour être nées. »
Je n’étais pas trop tentée de le lire. Je me disais encore une histoire d’héroïne, de femme revisitée… Et puis la chronique de plusieurs lecteurs m’ont fait changer d’avis, et je les en remercie.
L’autrice reprend avec beaucoup de maîtrise la chronologie du roman de Dumas. Et Comme l’auteur du 19ème siècle, elle possède un sacré talent de conteuse qui nous tient en haleine d’un bout à l’autre.
Extraits
📕 « La noirceur de cette femme menue qui n’a pas vingt-cinq ans les effraie. Ils sont face à la figure vivante du démon »
📕 « Au bout de quelques mois, Anne prit le parti de la vie à l’abbaye. Elle fut aidée en cela par un poème déniché dans un livre que lui avait prêté le père Lamandre. L’ouvrage se terminait par ce vers : Baise la main que tu ne peux pas couper. Cette incitation à la souplesse l’avait frappée. Anne avait renoncé à se révolter. »
📕 « Vous avez en vous, Anne, comme tout être humain, mais de façon plus extrême que la plupart d’entre nous, le meilleur et le pire. Bien que vous ne m’ayez jamais confié ce qui vous est arrivé, les violences qui vous ont été faites enfant ont allumé un brasier que j’aurais voulu vous aider à éteindre. Ne cherchez pas à faire justice vous-même. »
📕 « La vengeance est un poison. Il faut avoir pardonner, lui a-t-on seriné tant de fois, mais comment s’y résoudre ? »
📕 Athos
« Anne cajolait, contrecarrait, manipulait avec un instinct de survie et une facilité de dissimulation qui me choquaient. Chaque me sortie me révélait un peu plus ses véritables appétits. Je la pensais droite, et la découvrais d’une souplesse alarmante. Je l’imaginais idéale, solitaire, et elle se montrait aussi mondaine qu’aguicheuse. »
📕 « J’ignorais alors ce qu’elle cherchait à expier et ce qu’elle espérait racheter par cette abnégation. »
📕 « Louise de la Fère venait le lendemain pleurer dans mes bras, puis elle faisait bonne figure, parce que comme moi, elle y avait été dressée : ne pas se plaindre, être gracieuse, être douce, accepter, se soumettre. »
📕 Athos – Olivier de la Fère
« Aujourd’hui, je ne suis plus digne d’être Comte de la Fère. J’ai perdu ce doit en tâchant notre nom d’une union infâme, et j’ai fauté à nouveau en punissant la coupable d’une manière qui me fait honte. »
📕 « Je crus que mon cœur allait exposer. Je pris mon fils dans mes bras et le serrai avec passion. Ces mots de tendresse et de guérison, personne ne mes les avait dits avant lui. »
📕 Le comte de Rochefort
« Très vite, j’ai compris qu’elle était à part. J’ai admiré son courage. Un courage inouï. Oui, Milady était une femme dangereuse pour qui l’offensait. »
📕 Pour l’autrice, Milady représente toutes les femmes :
« Femmes coupables d’être désirantes. Coupables d’être désirées. Coupables d’être innocentes. Coupables d’être rusées. (…) Toutes condamnées pour insoumission, pour impureté, pour traîtrise, pour être nées. »
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