Un thème classique, banal diront certains : l’enquête de l’autrice à propos d’un ancêtre rejeté et nié par sa famille bourgeoise.
Qui est donc ce bel Edmond, mort à 31 ans, en 1865 ?
Pourquoi ce drôle de costume sur la photo retrouvée ? ( celle de la jaquette)
📘 Un thème intemporel enrichi par les questionnements de Caroline Lamarche à propos de son histoire personnelle, de l’homosexualité assumée de son mari, Vincent, des conséquences sur l’entourage.
Vie présente et recherches s’enchaînent, se mêlent harmonieusement, portées par une écriture simple, précise et fluide.
📘Des questions intéressantes, à propos de l’identité, de l’importance des racines.
- Quelle est la place d’une épouse, affectivement, socialement, sexuellement, auprès d’un mari homo, et qui choisit pourtant de rester avec celui-ci ?
Accepter l’invisibilité d’être une épouse d’homosexuel ? Dénouer le lien avec Vincent ?
- Que cherche-t-elle ? A comprendre qui était Edmond ou au contraire, à travers le passé d’Edmond, savoir qui elle est, où elle en est, et peut-être prendre les bonnes décisions, la concernant ?
Rester avec son mari, gentil, mais désormais complètement dirigé vers ses nombreux amours masculins successifs ou quitter ce cocon confortable ?
« J’avais parfois l’impression d’être une première épouse à qui on présente la deuxième ou la troisième ou la quatrième, laquelle serait éphémère, une apparition de plus dans notre ronde pittoresque. »
- Qui s’approprie l’histoire de l’autre ? Caroline Lamarche avec celle d’Edmond, ou le passé de son aïeul revisité par l’autrice, à la lumière de son présent silencieux et douloureux ?
« Qui de nous deux est le PERSONNAGE EN QUÊTE D’AUTEUR ? J’erre, je compare, pèse, mesure. Sa vie a été si brève. Mort à l’âge où l’agitation de la mienne est à son comble, entre mari absent, enfants en bas âge et première aventure extraconjugale, aussi fugitive que sans trace. »
📘 Un roman sensible et passionnant, profondément juste.
Extraits :
📘 « Sa trop brève existence tient en 5 dates. 30 octobre 1834 : naissance à Liège. 25 mai 1856 : il écrit à son père depuis Freiberg. 21 mars 1862 : il sauve deux jeunes gens tombés dans la Meuse. 7 août 1863 : il est distingué par la ville de Liège pour son acte héroïque. 15 juin 1865 : il meurt à Orléans. »
📘 « Ces quatre portraits de la bourgeoisie ordinaire jurent avec celui du jeune homme assis nonchalamment dans son costume étrange. Edmond comme un ovni. Un bel obscur. »
📘« Revenir vers lui, n’est-ce pas une manière de louvoyer au lieu de tenir le cap de ma propre traversée ? M’éloigne-t-il ? Me rapproche-t-il ? De quoi ? De qui ? Qui de nous deux est le PERSONNAGE EN QUETE D’AUTEUR ? J’erre, je compare, pèse, mesure. Sa vie a été si brève. Mort à l’âge où l’agitation de la mienne est à son comble, entre mari absent, enfants en bas âge et première aventure extraconjugale, aussi fugitive que sans trace. »
📘 Comme un puzzle...
« Ma récolte d’éléments offre autant d’entrées qu’un puzzle de mille pièces. La main du lundi n’est pas la main du jeudi, ni celle du matin aussi leste que celle du soir mais toutes finissent par relier entre elles les couleurs et les formes. »
📘 « Un mari homosexuel, une belle-mère intrusive, une épouse injustement condamnée : c’était un vaudeville. Je me mis à rire aussi, à travers mes larmes. »
📘 « Ce que j’ai commencé à comprendre au terme de cet aveu lancé à mon beau-frère et à ma belle-sœur après des années de silence, c’est que si les homosexuels souffrent de leur relégation dans la clandestinité, leurs épouses, au placard elles aussi, ne bénéficient pas du soutien d’une communauté, de lieux de rencontre, de manifestations ou de drapeau à leurs couleurs. »
📘 « J’avais parfois l’impression d’être une première épouse à qui on présente la deuxième ou la troisième ou la quatrième, laquelle serait éphémère, une apparition de plus dans notre ronde pittoresque. »
📘 « Nous n’avions pas divorcé, Vincent avait seulement pris une seconde épouse »
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