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Un roman terrible, désespérant et lumineux à la fois. Indispensable pour comprendre Gaza, des années 50 à maintenant, et la souffrance de son peuple.
📘Face à une actualité tragique où l’ONU reconnaît l’état de famine à Gaza, l’auteur nous apporte une proximité particulière avec sa population.Et cela, avec une sobriété remarquable : un état des lieux, sans jugement, sans antisémitisme.
« Je n’ai pas pardonné, mais je sais qu’il existe des justes. Que l’impossible paix est la douleur partagée des justes des deux côtés. »
Personnellement, je pense qu’on peut être contre le Hamas mais soutenir les gazaouis, s’indigner de l’action du gouvernement israélien, sans être antisémite.
📘 A travers l’histoire et le regard sage et bienveillant de Nabil, libraire gazaoui, amoureux des livres, l’auteur évoque une population martyrisée et le pouvoir salvateur de la littérature.
« Il y a tout dans cette scène. Tout ce que Gaza est devenue. Un vieux libraire accroché encore à ses bouquins, qui lit à deux pas des ruines. Comme si les mots pouvaient le sauver du bruit, de la souffrance, de la mort lente de la ville. »
Les phrases courtes, percutantes et dépouillées, le vocabulaire précis, travaillé et très évocateur renforcent la puissance du témoignage.
📘Quand c’est particulièrement réussi, bouleversant avec une infinie lucidité, je n’ai pas envie de commenter, mais plutôt de faire partager mon admiration avec quelques extraits choisis.
La seule difficulté est de choisir entre toutes les citations relevées…
- « Journée ordinaire. Hier, deux frappes ont tué quatre gamins dont le seul crime avait été de jouer au foot sur la plage. »
- « Les mots des livres déchirent tous les silences. Ils s’imposent à vous. Le lecteur est un prisonnier consentant, attaché à l’illusion que chaque page tournée le libérera. »
- « Il n’y avait rien à donner. Rien à promettre. Juste des mots vides qui s’écrasaient dans la gorge. Les mères serraient leurs petits contres elles, les pères marchaient, le visage fermé. La honte, la colère, l’impuissance plantées dans leurs yeux comme des éclats de verre. (…) Ils n’étaient plus rien, des âmes dépossédées, des noms sans terre. »
- « Toute leur vie, bien des Palestiniens n’auront connu que ce traitement. Et toute leur vie également, bien des Israéliens ne se seront représenté les Palestiniens que comme des terroristes. Ces images inversées expliquent l’impossible réconciliation. »
- « Tu crois que les mots vont nous sauver, Nabil ? me demandaient mes amis. Je leur répondais que oui. Je n’en suis plus sûr. Je dirais qu’ils sauvent en silence. La réalité est la même, rien ne renverse l’oppression, mais l’esprit, lui, s’envole »
Extraits :
📘« Journée ordinaire. Hier, deux frappes ont tué quatre gamins dont le seul crime avait été de jouer au foot sur la plage. »
📘 « Tu découvres pour la première fois cette ville dont les images ne semblent parvenir que depuis le ciel. »
📘 « L’homme sait qu’ici, la paix est toujours provisoire. »
📘 « Soudain, tu te trouves dans l’un des quartiers martyrisés. Et c’est alors l’enfer craché à la surface. Une décharge à ciel ouvert. Tout ce que la guerre vomit, détruit, ensevelit, réduit à néant. »
📘 « Yeux crevés des fenêtres. Trous béants qui vous regardent sans rien voir. Tout semble hurler. Hurler sans raison. »
📘 « Tout ça n’a plus de sens. C’est un cimetière où même les ombres semblent perdues. »
📘 « Et pourtant on continue de vivre. Un théâtre de misère et de folie, un bal grotesque où les vivants ne sont plus tout à fait vivants, mais pas encore tout à fait morts. »
📘 « Alors les gosses courent, et rient encore et toujours. Ils savent déjà tout de la mort. »
📘 « Il y a tout dans cette scène. Tout ce que Gaza est devenue. Un vieux libraire accroché encore à ses bouquins, qui lit à deux pas des ruines. Comme si les mots pouvaient le sauver du bruit, de la souffrance, de la mort lente de la ville. »
📘 « Vous savez ici, chaque livre a son histoire et sa place réservée. Vous pouvez choisir, bien sûr. Mais les livres, eux, choisissent aussi leurs lecteurs. »
📘 « Les mots des livres déchirent tous les silences. Ils s’imposent à vous. Le lecteur est un prisonnier consentant, attaché à l’illusion que chaque page tournée le libérera. »
📘 « Cette terre est une litanie de représailles sur représailles, de haines empilées, de tristesse recouverte de tristesse. »
📘 « Il n’y avait rien à donner. Rien à promettre. Juste des mots vides qui s’écrasaient dans la gorge. Les mères serraient leurs petits contres elles, les pères marchaient, le visage fermé. La honte, la colère, l’impuissance plantées dans leurs yeux comme des éclats de verre. (…) Ils n’étaient plus rien, des âmes dépossédées, des noms sans terre. »
📘 « Ce silence-là, c’était le pire. C’était le silence de l’attente, du temps suspendu. Un silence à rendre fou, un silence qui hurlait que rien n’allait changer, qu’on était là pour crever à petit feu, une mort sans fin. Dans ce trou perdu. »
📘 « Et j’ai compris le pouvoir des mots, la force de la littérature. »
📘 « On a parfois l’impression, qu’il émane de l’histoire et de la vie, une loi féroce que l’on pourrait énoncer ainsi : Il sera donné à celui qui possède il sera pris à celui qui n’a rien. »
📘 « Toute leur vie, bien des Palestiniens n’auront connu que ce traitement. Et toute leur vie également, bien des Israéliens ne se seront représenté les Palestiniens que comme des terroristes. Ces images inversées expliquent l’impossible réconciliation. »
📘 « Les poètes, m’a dit un jour Abu Khalil, capturent ce que nous ressentons mais que nous ne pouvons pas dire. »
📘 « Tu crois que les mots vont nous sauver, Nabil ? me demandaient mes amis. Je leur répondais que oui. Je n’en suis plus sûr. Je dirais qu’ils sauvent en silence. La réalité est la même, rien ne renverse l’oppression, mais l’esprit, lui, s’envole »
📘 « Fierté de servir. Culpabilité de ne pas pouvoir faire plus. »
📘 « Quel est le crime de Gaza ? Ici, la pluie ne purifie pas. Elle souille davantage. »
📘 A propos de sa femme décédée
« Au fond, je ne sais pas si je l’ai perdue ou si je suis en train de la retenir. Peut-être les deux à la fois. Mais ce que je sais, c’est que tant que je continuerai de parler d’elle, d’écrire sur elle, elle ne pourra jamais vraiment disparaître. »
📘 « Elle disait que si la goutte d’eau paraît insignifiante dans la mer, elle était tout pour celui qui en bénéficiait. »
📘 « Je n’ai pas pardonné, mais je sais qu’il existe des justes. Que l’impossible paix est la douleur partagée des justes des deux côtés. »
📘 « Un grand livre, c’est un livre sans fond »
📘 « Soixante-dix ans que nous vivons cette lutte. On n’a que ça, en fait. On est toujours là. Des fantômes, chaque jour un peu plus invisibles aux autres. »
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