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Montpellier – Juin 1944 –
« Pauvre petit Mainou. Tu n’auras plus de maman. » C’est la dernière chose que tu m’as dite quand tu étais allongée dans ton lit. »
C’est le père de l’auteur qui raconte, Mainou, diminutif de Germainou, le petit Germain.
Un récit, à hauteur d’enfant, car Mainou a 10 ans, quand sa mère décède brutalement en couches, et qu’il doit partir en Moselle, chez sa grand-mère. Il lui faudra se cacher, ne plus parler français car l’Alsace et la Moselle font partie de l’Allemagne nazie.
Un gamin qui a perdu tous ses repères, qui pleure l’absence de sa mère et qui lui écrit quotidiennement avec beaucoup de tendresse, de justesse et de poésie. Sans pathos, mais avec une grosse brassée d’amour et de sincérité.
« Repousser la guerre dans les catacombes des choses à penser. Oublier. M’oublier. Mais t’oublier, je crois que je n’y arriverai jamais.
Il raconte son quotidien, sa grand-mère, qui fait ce qu’elle peut : « Ça se sent qu’elle est plus maman depuis longtemps. Je vois qu’elle veut m’aider à porter ma valise pleine de fantômes alors que la sienne pèse une tonne. ».
Il raconte aussi son oncle Émile et son cœur gros comme un camion, son imagination poétique, sa tante Louise qu’il n’apprécie pas trop…
Des gens braves et aimants qui le protègent au mieux, ainsi qu’une jeune femme, Sylvia, ancienne amie de sa mère, cachée, elle, dans le grenier…
Il n’oublie pas de parler de Marlène Dietrich, la cigogne. Un œuf qu’il a trouvé et dont il va s’occuper. « Le cigogneau est éclos pendant que je t’écrivais. (…) L’œuf bougeait. C’était beau comme un tour de magie, si beau que je n’osais plus respirer. »
C’est bouleversant, juste, tendre, et poétique. Un océan d’amour !
Extraits
📌 Mainou parle de sa maman : « Tu t’y connaissais tellement bien en réconfort que quand j’allais mieux, je faisais semblant d’être malade un peu plus longtemps. »
📌 Arrivée en Moselle en chez sa grand-mère
« Ça se sent qu’elle est plus maman depuis longtemps. Je vois qu’elle veut m’aider à porter ma valise pleine de fantômes alors que la sienne pèse une tonne. »
📌 A propos de l’œuf de cigogne
« C’est dingue de se dire qu’un être vivant est en train de se fabriquer dans ce gros caillou fragile. Je vais avoir à m’occuper de quelqu’un, moi aussi. J’aurais préféré avoir une sœur plutôt qu’une cigogne, mais ça me plaît quand même un peu. »
📌 « Dans la chambre, pendant la nuit
(…) Faut-il s’entraîner à se souvenir ou s’entraîner à oublier ? (…) Maintenant que je suis un grand petit de presque 10 ans, je peux comprendre. Je veux comprendre. Zone libre, zone occupée… La Frohmühle était en Allemagne quand tu y as grandi. Toi-même, tu es née allemande avec cette histoire de guerre de 14. Papa disait que les nazis étaient allemands mais que tous les allemands n’étaient pas forcément nazis. »
📌 « Parfois, je n’écris rien. Je dessine des dinosaures et j’invente des constellations. Parfois, j’écris tout. Le fond de mon cœur. Tu es toujours morte. Je ne m’y ferai sans doute pas avant que je sois mort à mon tour. En attendant je crois que je voudrais écrire un livre. (…) Il commencerait comme ça :
Je m’appelle Mainou, version escamotable de Germain le petit qui se cache tout le temps partout. Je suis un enfant de la balle et des bombes à retardement. Je suis né le 31 décembre 1934 à Bitche, une petite ville de Lorraine que l’Histoire a transformé en toupie. Tantôt française au bord de l’Allemagne, tantôt penchée de l’autre côté. »
📌« Le cigogneau est éclos pendant que je t’écrivais. (…). L’œuf bougeait. C’était beau comme un tour de magie, si beau que je n’osais plus respirer. »
📌« Sylvia dit que je suis nul en deuil parce que je t’aime trop. Et que, même si tu es morte, je ne veux pas me détacher. »
📌« J’ai le cœur gros, j’ai le cœur grand. Même tante Louise y trouve sa place. J’aimerais ne jamais vraiment me réveiller. Vivre avec une transfusion du parfum iodé de Sylvia dans les bras, errer en pyjama au grenier. Juste sentir, renifler, me blottir. Repousser la guerre dans les catacombes des choses à penser. Oublier. M’oublier. Mais t’oublier, je crois que je n’y arriverai jamais.
📌Quand Sylvia lui écrit après avoir lu son journal.
« C’était comme entrer par effraction dans ton cœur, cet autre grenier. »
📌 « Les nazis n’aiment pas les juifs comme moi je n’aime pas les légumes. Je ne mets pas le feu au potager pour autant. »
📌« Tu es un guerrier de porcelaine, mon Papa. Tu es un sensible qui n’a pas peur du combat et je t’aime. »
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