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Anthonythasan Jesuthasan est un exilé Tamoul, en France depuis les années 90, écrivain et acteur. Il joue dans le film de Jacques Audiard : « Dheepan », qui obtient la Palme d’or au Festival de Cannes en 2015.
Adolescent, il faisait partie des combattants de la révolte des Tigres Tamouls. Une ethnie qui réclame son indépendance face à l’armée cinghalaise...
Un combat qui s’est terminé par l’échec des tamouls, en 2009, après 27 ans de guerre et 100.000 morts…
Les six nouvelles reflètent une réalité évoquée avec un humour noir, très noir…
📌 Les trois premières se déroulent au Sri Lanka et j’ai préféré « Le chevalier de Kandy » L’illustration de la trop grande multiplicité de groupes armés tamouls
Comme cette demi-douzaine de révolutionnaires, « bras cassés », qui ne sait pas quoi faire du prisonnier qu’ils ont fait. Un prisonnier qui se sent bien et ne veut surtout pas s’évader…
« Au bout d’un mois de ce traitement pénitentiaire, et trois repas quotidiens, Gandhi Rajan devint grassouillet, et sa peau brillante. Il roupillait paisiblement la plupart du temps, sinon, il fumait tranquillement. »
Cette nouvelle illustre férocement le fossé entre la théorie révolutionnaire et la pratique. Ne s’improvise pas révolutionnaire qui veut… Surtout quand on se divise alors qu’on poursuit le même objectif…
📌 Les trois dernières nouvelles se déroulent en France, dans le quartier de La Chapelle, presque un état dans l’état : “nous avons mis au point nos propres codes, règles et châtiment...Une fois qu'on s'y est habitué, on ne peut vivre nulle part en France. »
✏ J’ai beaucoup aimé « Layla ». Dans son immeuble parisien, c’est la voisine tamoule discrète (trop discrète) de l’auteur. Elle est toujours accompagnée de son petit chien blanc.
Une personne a priori très influente autrefois dans la lutte et qui vit maintenant quasiment recluse dans son appartement.
Une femme que les révolutionnaires appelaient "l’Oiseau jaune". Une femme libre dans son allure, dans ses attitudes. Sans doute trop libre car elle a été l’une des premières à quitter le mouvement du leader.
Son voisin et auteur désespère d’en savoir plus…
✏ J’ai adoré « Friday ».
Une nouvelle d’une dizaine de pages qui rassemble une magnifique progression dramatique, une écriture très visuelle et une noirceur désespérante.
Sans doute est-ce l’illustration de la vie en France pour la majorité des tamouls…
L’auteur suit un homme dans le métro. Il le surnomme Friday. Un homme qui fait la manche pour s’acheter une lampe à huile…
📌 J’ai aimé la plume évocatrice de l’auteur, sa maîtrise du format « nouvelles » : il parvient, en quelques pages, à installer une ambiance particulière. Chacune différente dans les six récits.
Un regard très lucide, désabusé, à l’humour grinçant face à un combat perdu.
Merci aux éditions Zulma
Extraits
📌 « Au bout d’un mois de ce traitement pénitentiaire, et trois repas quotidiens, Gandhi Rajan devint grassouillet, et sa peau brillante. Il roupillait paisiblement la plupart du temps, sinon, il fumait tranquillement. »
📌 « Un jeune tamoul qui débarquerait directement à La Chapelle se dirait qu’il est à Mannar ou à Vanni et qu’il s’est fait avoir par le passeur. »
📌 « Lors de sa campagne, il y a quatre ans, l’actuel président français, Nicolas Sarkozy, a mentionné la cité des 1000 en banlieue parisienne, promettant que s’il était élu, il nettoierait tout ça. C’est là que je vis depuis dix ans. »
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