dimanche 11 mai 2025

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Pour moi, c’est une évidence. La lecture incline vers le voyage, la découverte et l’émotion. Comme la peinture, le dessin (c’est pour cela aussi que j’aime autant la BD) et la photographie. Aussi, quand les éditions Métailié m’ont proposé de découvrir le récit à deux têtes, à deux cœurs, d’un écrivain, Éric Orsenna, et d’un photographe, Bernard Matussière, je ne pouvais être que partante et enthousiaste.

La richesse de deux regards.

🌍Je vous emmène donc à Cuba (« Du rêve révolutionnaire aux lendemains qui déchantent »), dans le Sahel, au Mali, au Burkina, au Niger ( « Frontières de sable »), au Bangladesh (« En premières lignes face au péril ») et en Chine (« la puissance en marche »).

Une exploration qui tient largement ses promesses avec la belle plume d’Éric Orsenna et les photos saisissantes de vérité, prises sur le vif, de Bernard Matussière.

J’ai beaucoup aimé aussi les explications de ce dernier. Notamment à propos du Bangladesh :

« Paysage nu, pas un arbre, de l’eau, du riz, ici et là, des barques, longues et fines, échouées, qui attendent que l’eau revienne. Des buffles peu nombreux, je croise des hommes, l’un deux a une cuvette nouée sur son crâne. Les regards sont vides, sans joie.

Voir la double page de photos pages 112 et 113.

Et son humour à propos de Cuba : « J’ai adoré Cuba. Il vaut mieux y aller en été, sous le soleil. Quand il pleut, La Havane, c’est vraiment le socialisme. »

🌍Un regard incisif et expert sur le passé et l’évolution du présent, sur la société avec le rôle des femmes en Afrique, avec le travail en Chine et sur l’environnement.

Un ouvrage qu’on garde précieusement, d'abord car il est beau et ensuite,  afin de feuilleter à nouveau, ou de le relire…

 

Extraits :

🌍« Les espérances sont aussi des pays nomades. Elles ne tiennent pas en place. Elles plongent souvent d’autant plus bas qu’elles sont montées plus haut. Comme à Cuba, l’île où vécut, tout au long du XIXème siècle, une grande partie de ma famille. »

🌍 A propos du Sahel et du fleuve Niger

« Comme l’Egypte est don du Nil, l’Ouest africain doit tout au Niger.

Sans le Niger, cette partie du monde reviendra désert.

Et la lumière s’éteindra sur ses formidables civilisations.

Car le Niger est menacé.

Un beau jour, il peut très bien s’arrêter de couler, d’abreuver, de nourrir, de tisser, de transporter.

Un beau jour, les pirogues pourriront sur le sol et les plus résilients des poissons auront compris qu’il vaut mieux se changer au plus vite en poulets. (…)

Car sept plaies le survolent, sept plaies au-dessus de lui tournent et retournent comme autant de vautours affamés.

Contre les deux premières, le soleil et le sable, on ne peut guère agir. (…)

Des cinq autres plaies du Niger, nous sommes, nous, « sapiens sapiens », les seuls responsables :

L’assassinat des arbres

Les proliférations de jacinthes d’eau

Le cancer du djihadisme

La malédiction des matières premières

La furie des pirates dans le Golfe du Bénin. »

🌍 A propos du Sahel et du rôle des femmes :

« Depuis des décennies, tout le monde sait quelle est la mesure la plus efficace pour lutter contre l’explosion de la démographie : rendre obligatoire la scolarité des filles jusqu’à seize ans. On les préserve ainsi de la plaie des mariages précoces et donc forcés. Ainsi, on leur donne les moyens de leur autonomie, intellectuelle et matérielle.

Le Niger, au moins avant le coup d’état de juillet 2023, et contrairement à la plupart des autres pays du continent, considérait cet objectif comme une priorité et y consacrait de vrais moyens.

La femme est l’avenir de l’Afrique. 

A force d’être entendue, cette vérité vire vite à la rengaine, mélange d’évidence et de paresseuse espérance. Encore faudrait-il que l’homme africain permette à la femme africaine de déployer ses qualités. (…)

D’où l’idée d’ouvrir des … écoles pour les maris. »

En 2021, 1284 écoles ont été ouvertes, « et 12.388 maris modèles en étaient sortis pour devenir les ambassadeurs d’une nouvelle relation entre les hommes et les femmes. »

🌍 A propos du Bangladesh :

« Bangladesh, avant-garde martyre du dérèglement climatique.

Si la moitié de ses habitants se trouvent contraints de quitter leur pays, dans une région pauvre et déjà déchirée, vous imaginez 60 ou 70 millions de réfugiés ?

Sachez que 650 millions d’êtres humains habitent un delta.

🌍 A propos du travail en Chine

« Ils sont ainsi des milliers d’ateliers derrière les calmes façades de Datang et ses larges avenues indolentes. (…) On travaille tant qu’il y a des commandes. Mais comme les commandes ne manquent jamais, on ne cesse jamais de travailler. Souvent sept jours sur sept. Douze heures par jours. Pour mille yuans par mois (100 €). »

🌍 Éric Orsenna demande à Bo Chen. Membre actif du PC, son avis :

« _ Et vous ne craignez pas la concurrence indienne ?

_ L’Inde est trop démocratique. Elle y perd beaucoup trop d’énergie. »


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