mardi 18 mars 2025

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« Un garçon et une fille. Frère et sœur. Ils sont debout devant une sépulture, simple dalle en ciment, avec un nom, deux dates gravées dessus. (…)

Lui, il vient d’avoir 18 ans. Il est grand, il est majeur désormais. « Tu es un homme, mon fils » aurait-elle pu lui dire. Mais elle ne lui dira pas. Elle ne le lui dira jamais. »

🍃Le garçon donne une clef USB à sa sœur « comme s’il lui confiait sa vie, comme s’il lui confiait la clé du coffre au trésor et ce trésor serait son cœur saignant et palpitant. »

On comprend vite que les enfants ont été les témoins passifs de la violence faire à leur mère, par leur père.

S’ajoute maintenant que leur mère s’est suicidée, un immense sentiment de culpabilité pour Dylan, car c’est lui qui a toujours voulu garder le silence :

« Mais si n’avait tenu qu’à elle, on aurait parlé. Très vite, on l’aurait dénoncé. C’est moi. C’est moi tout seul. C’est moi qui lui ai fait jurer de se taire. »

🍃 La honte était trop forte pour parler : « C’est trop la honte. C’est la honte intégrale. C’est même pour ça que j’en avais pas des potes. J’avais trop peur qu’il y en ait un qui finisse par se rendre compte ».

Un témoin lâche, mais lucide et observateur. Ses mots sont forts et percutants sur le martyr de sa mère :

« Des mains de vieille. Un corps de vieille. Un regard de vieille. Parce que ça use tout ça. La peur, la douleur, la tristesse, le chagrin, ça fait des couches et des couches en plus. »

Les voisins n’ont pas bougé non plus. « Heureusement nos voisins étaient sourds. Nos voisins étaient aveugles. Apparemment, ils se sont jamais rendus compte. »

🍃 Les enfants restent-ils sous l’emprise du conjoint violent ? Incapables de prendre parti, de dénoncer ? « Pourtant, je continue de l’affirmer : ce n’était pas le diable en personne. Ce n’était pas toujours un monstre. »

Et pourtant Dylan est fusionnel avec sa mère, ce qu’elle ressent, il le ressent : « Son cœur, c’était mon cœur, je sais exactement comment il bat, du verbe battre. Je voudrais arrêter la balançoire, la retenir, mais je suis incapable de bouger. Incapable de faire un geste. Incapable d’ouvrir la bouche. Incapable de tout. Trop tard têtard, trop tard bâtard. »

🍃 Un texte fort et percutant : souffrir comme sa mère et être incapable de parler, de la délivrer. « Trop tard têtard, trop tard bâtard. »

Un texte qui interroge et angoisse sur toutes les répercussions des violences faites aux femmes.

Terrible et magnifique !

Merci à Netgalley et aux éditions Rageot


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