mardi 18 mars 2025

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📙1845 - Balzac écrit tranquillement à sa bien-aimée, Ewelina Hanska, au château de Saché, près de Tours, quand il reçoit la visite inattendue d’un juge et de Vautrin, Chef de la Sureté de Paris. Ce dernier lui demande des comptes.

La surprise de Balzac est immense, en découvrant que le Chef de la Sureté porte le nom de son personnage. Au début, il ne prend pas trop au sérieux les accusations de Vautrin, le vrai.

Puis au fur et mesure, il est obligé de se défendre, car Vautrin reprend un par un les ouvrages de Balzac où il occupe une place centrale. D’abord « le Père Goriot », où Vautrin conclut en l’accusant de « trouble à l’ordre public » : « Faire de moi, authentique policier, un génie du mal s’appelle un trouble à l’ordre public. »

Puis « Illusions perdues » et « Splendeurs et misères des courtisanes » où Vautrin est campé dans le personnage du Père Herrera.

Ce qui paraissait anodin pour Balzac devient de plus en plus menaçant, d’autant plus qu’on s’aperçoit que les personnalités de Vautrin – personnage et homme – sont très proches, et que tous les deux ont fait cinq ans de travaux forcés…

Balzac, désormais à la contre-offensive, différencie bien le roman de la réalité et indique que son inspirateur principal est François Vidocq, pas Vautrin…

📙 Ce court scénario est jubilatoire, par la confrontation entre l’écrivain et le personnage incarné dans la réalité.

Passionnant aussi car il pose la question du rôle de la littérature.

« Mais n’est-il pas salutaire que l’écrivain soit un trouble-fête ? 

N’est-ce pas la mission même de l’écrivain de questionner sans cesse l’ordre comme le désordre de notre société ? »

📙J’ai tout aimé dans cette BD : le scénario original et maîtrisé, le thème de la littérature, le graphisme, aux couleurs soutenues qui donne de la vie au texte, et les personnages très expressifs.

💙 Une lecture facile et passionnante, surtout quand on aime Balzac.

Merci à NetGalley et aux éditions :  Les humanoïdes associés – la Boîte à bulles – HSN

 Extraits

📙 « _ De quoi, m’accuse-t-on ?

_D’insultes envers une personne détentrice de l’ordre public, de diffamation et de contrefaçon.

_Et vous êtes mon accusateur ? monsieur ?...

_ Vautrin, Chef de la Sureté à Paris, victime d’odieuses caricatures et d’infâmes mensonges propagés par vos écrits. 

_ Vautrin ? Comment ça, « Vautrin » ? »

 📙 « Le portrait que Balzac brosse de ma personne dans son délire littéraire nuit gravement à l’exercice de ma tâche d’intérêt public. »

 📙 « Roman ou réalité, votre personnage porte mon nom et bon nombre de mes caractéristiques. Peu importe vos motivations, vous flétrissez mon image »

 📙« Faire de moi, authentique policier, un génie du mal s’appelle un trouble à l’ordre public. »

 📙« Si je ne me trompe pas, l’essentiel des griefs de monsieur Vautrin réside dans son accusation de trouble à l’ordre public…

Mais n’est-il pas salutaire que l’écrivain soit un trouble-fête ? 

N’est-ce pas la mission même de l’écrivain de questionner sans cesse l’ordre comme le désordre de notre société ? »

📙 « _ En somme, il y aurait autant sinon plus dans votre Vautrin, de Vidocq que de Vautrin lui-même ?

_ Je l’ai rencontré, comme je l’ai dit, en 1834, année de l’écriture du Père Goriot. »

 📙« L’affaire du roman, ce n’est pas de définir ce qui est vrai, monsieur Vautrin. Cherchez-y une certitude, vous ne rencontrerez que des doubles, voire des triples fonds. (…)

Si votre mission est d’incarner l’ordre et de punir les malfaisants, celle de l’écrivain n’est pas de protéger la société, mais plutôt de donner à lire les contradictions dont elle est faite. »


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