mardi 28 janvier 2025

💙💙💙💙

Nick est un jeune illustrateur.  Solitaire, malheureux, il désespère de nouer de véritables relations avec les autres.

Toujours en miroir avec lui-même, il joue un rôle, il choisit par exemple d’être « triste » et se regarde jouer. Un mélange de fausse tristesse et d’auto-dérision car il est parfaitement lucide avec lui-même.

« Je faisais juste genre j’étais intelligent. » .Un extrait qui résume parfaitement la BD

📌On va suivre ses efforts, sa mutation pour entamer de vrais dialogues au long du récit.

Avec son plombier… Cette scène illustre parfaitement les efforts de Nick déployés à contre-courant : Il y a un moment, des situations pour parler. Là, ça ne l’est pas vraiment et la scène est grinçante de vérité pour démontrer le malaise de Nick.

Avec la rencontre de Wren, une oncologue. Tellement empathique envers ses patients qu’elle redoute et angoisse sur la mort des plus atteints. Ce n’est pas une extravertie, elle non plus… Une relation spéciale, de sexe et peut-être d’amour s’installe entre eux.

Avec sa mère, Hannah, une vraie taiseuse, dont les liens vont peut-être se resserrer quand il apprend qu’elle est touchée par un cancer très avancé...

📌Un texte et un graphisme grinçants de vérité : des gens, ensemble physiquement, mais chacun solitaire et enfermé dans sa bulle.

Comme les planches des pages 80 – 81. Sans texte, le dessin est suffisamment évocateur : Dans la salle de bains, Nick assis sur le lavabo et le plombier sur la cuvette des toilettes, un café à la main.

📌 J’ai aimé l’humour, présent par petites touches comme dans un tableau impressionniste, et encore plus, le graphisme : sublime.

Un trait dépouillé, expressif. Tantôt en noir et blanc, tantôt en couleurs, parfaitement harmonisé avec le texte.

Les planches des pages 80 – 81, avec le plombier sont géniales d’humour : sans texte, le dessin est suffisamment évocateur.

📌J’ai trouvé longs, trop longs, les moments où il est touché par ce que les autres lui disent. Avec son neveu :  9 pages d’explosion d’émotions positives. Après sa tentative de paroles avec sa mère : 12 pages…

Hormis ce léger bémol, c’est un texte intéressant sur l’incommunicabilité et la solitude, porté par un graphisme somptueux.

BD lue dans le cadre du Prix Public France TV d’Angoulême 2025.
Merci aux éditions 404 Graphic pour cette belle découverte.

 

📌Extraits

 « J’aime que les gens me regardent et se disent « lui, c’est un artiste. Comme il est beau, comme il a l’air tourmenté. Je parie qu’il n’est reconnu à sa juste valeur. »

 « Les tarifs : éprouvants »

« Ils ont les cheveux gluants comme des alevins »

 « Chaque encostardé à l’œil vitreux que je croise voit immédiatement ce que j’ai fait de ma nuit. Ma vie torride dans tous ses détails les plus intimes. Bébé ! Sauf un détail, je n’ai rien ressenti et j’ai simulé chaque émotion. »

 « Nous échangeons des sons qui nous permettront de sortir tous les deux indemnes de cette conversation. (…) Je me fiche complètement de ce que je dis. »

 « Je faisais juste genre j’étais intelligent. »

« De quoi, ça veut bien parler une maman ? »

 « _ Tu es ma mère. _ Je suis Hannah. »

En revanche, quand sa mère parle, les mots sont forts de sens : « peu importe ce qui m’arrive, ne te sers pas de moi comme excuse pour être malheureux. »

 « J’ai perdu tout ce que je ne savais pas encore d’elle. »

 

 

 

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