dimanche 10 novembre 2024

💙💙💙💙

 
 C’est d’abord la plume de Viola Ardone qui m’a embarquée dans
 l’histoire de son personnage central, Olivia Denaro.

Une plume aussi simple, légère et sensible, que fluide et précise. Un ton qui correspond parfaitement à la narration d'Olivia. Adolescente puis femme, elle exprime ses doutes, ses envies, reprend les sentences strictes de sa mère, et observe la vie de sa famille.  Et par conséquent, retrace une vision passionnante de la société italienne des années 60 à 80, dans un petit village du sud.

📌Les filles sont libres en Italie, à cette époque. Très libres.  Jusqu’au moment où elles sont réglées. Ensuite, c’est : « Marche en regardant tes pieds, file droit et reste à la maison »

« A partir d’un certain âge, il faut garder les filles aux abris. Ici, le garçon est un brigand et la fille c’est comme une carafe : qui la casse la ramasse. »

Hors le mariage, souvent arrangé par les parents, pas de salut pour les filles.

📌 Ce roman aurait pu être le x-ième sur les conditions des femmes, mais c’est bien plus :  une juste analyse du patriarcat, des traditions et du féminisme : 

- L’assurance de la virginité en échange d’une situation sociale.

- Le rôle des mères qui souffrent de cette situation de femmes mineures et irresponsables mais la transmettent et l’imposent à leurs filles

- Le rôle des hommes chargés du savoir, de la charge financière et affective de la famille. Les coupables, les méchants, ou les victimes d’un système ?

Car pour une fille, ne pas être sage, vouloir être indépendante est une tare. Pour un homme, ne pas être viril en est une également. C’est parfaitement illustré par la figure du père d’Olivia. Un homme taiseux, sensible et… respectueux.

« Comment un homme, un père de famille, pourrait-il savoir ce qui est bon pour chacun juste parce qu’il porte la culotte, comme on disait autrefois ? Je suis seulement un paysan, ce que je sais faire, c’est planter une graine et aider la plante à pousser malgré la sècheresse, les pluies soudaines, les violents. »

- Le rôle des femmes entre elles, qui se jugent selon les critères sexistes et les entretiennent : « Tu vois ? On est les premières à juger : trop court, trop long, trop moulant, trop provocant. On répète les mots des hommes au lieu d’essayer de les changer. Ce qui t’est arrivé n’a rien à voir avec l’amour. L’amour ne s’impose, il se donne. »

- La force de caractère nécessaire face aux langues de vipère d’un petit village, face au sentiment d’exclusion. Surtout pour une femme qui se veut libre, tout simplement autonome, sans intégrer une organisation quelconque.  

« Les femmes ! Enfin, pourquoi faut-il toujours qu’on parle d’elles au pluriel pour qu’elles soient prises en compte ? Les hommes, eux, ils valent quelque chose, même pris isolément. Nous, par contre, on doit se mettre en rang, former une troupe, comme si on était une espèce à part. je ne veux être le soldat d’aucune armée, Magdalena. Je ne veux être sous aucun drapeau : associations, partis, groupes d’activistes, rien de tout ça ne m’intéresse. »

📌 C’est aussi une belle histoire sur une famille, sur l’amour profond entre ses membres, malgré les différences de vue. Le personnage du père d’Olivia est sublime en matière d’amour et d’engagement face à ses enfants.

Seul bémol : l’enlèvement d’Olivia, que j’ai trouvé un peu rocambolesque.

📌 Un beau roman qui suscite la réflexion et la gratitude pour nos mères, nos grands-mères, arrière-grand-mères qui se sont battues pour être respectées, responsables et libres de leurs choix.

 

 

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