mercredi 19 juin 2024

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Un roman graphique à la mode Zelba où le grave et le rire s’enchevêtrent.

L’autrice raconte, plus de 13 ans plus tard, sa propre expérience : l’euthanasie de sa mère qu’elle et sa sœur ont aidée à mourir.

Elle choisit de faire parler sa mère jusqu’aux derniers moments de sa vie et même après. Sa mère, c’est Bri. Elle revient sur les années passées, les années heureuses avec son compagnon et ses filles. Sur sa maladie qu’elle sait incurable.

L’appel au secours  vers ses deux enfants pour abréger les souffrances.  Une femme rayonnante, aimante, qui aime la vie et l’humour. Déterminée aussi.

 « J’adore l’idée d’avoir donné la vie à celles qui allaient me donner la mort. »

Elle leur demande de l’aider à partir car elle sait que ses filles l’aiment infiniment et sincèrement, sans dissimuler  la gravité de l’acte : « Mes filles, depuis 4 mois, elles slaloment entre les gouttes. Chaque rire cache 10 larmes. Je m’en souviens. Perdre sa mère laisse un trou béant. Un cratère que l’on comble de chagrin. Elles me noieraient de leurs larmes versées, si je ne m’étais pas déjà noyée dans l’eau de mes propres poumons, le 3 mars dernier… »

Le graphisme accompagne admirablement le scénario : les attitudes et les expressions sont privilégiées, les fonds deviennent bleu nuit dans les moments sombres, ceux de la maladie et de l’agonie.

A voir les planches des pages 89 – 90 – 91. Elles sont terribles car très évocatrices.

On comprend la difficulté et le retard de Zelba pour revenir sur ce drame. Accomplir les volontés de la personne morte ne veut pas dire enfouir la culpabilité. Comment vivre avec ? Car il faut le recul du temps pour comprendre que le geste accompli n’est pas un geste de mort, mais un geste d’amour absolu. « On a tout foiré, Liv. On est des mauvaises filles…

On a fait comme on a pu. Personne ne nous a prévenues de cette horrible agonie. Sans nous, elle n’aurait pas pu partir. »

Un acte de courage qui interroge : pouvoir l’accomplir et ensuite pouvoir le relater. Un bel hommage à sa mère, un plaidoyer de l’autrice pour une euthanasie légale.

Un magnifique récit, à la fois sombre et lumineux.

Du grand Zelba !

 

 


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