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Si vous vous intéressez à l’environnement, à l’apiculture, ce roman est pour vous.
L’intrigue est plutôt convenue mais l’arrière-plan est passionnant.
Celui de Gautier, dans un petit village du Cantal, apiculteur passionné et intègre. Il est devenu l’une des figures marquantes de la biodiversité, et suscite à la fois, beaucoup d’adhésion mais également de critiques, voire d’insultes et de bâtons dans les roues.
Un personnage bourru, maladroit, mais sensible et intègre.
Un homme amoureux de la nature, de la montagne, de ses abeilles : « La nature lui suffisait. (…) Il se bornait à regarder autour de lui avec ses yeux, son cœur, pour ressentir profondément le paysage, s’en imprégner, s’en imbiber, pour partir ailleurs. (…) Sa vie ne serait jamais assez longue pour apprendre, emmagasiner les connaissances essentielles sur son métier, ses montagnes, cette à portée de main pourtant toujours si mystérieuse. »
Cela devient difficile pour Gautier quand une société importante, Probees, cherche le quasi monopole des ventes de miel avec des pratiques douteuses : Importation d’abeilles, nourrissement au sucre, mélanges, traitements médicamenteux. »
Ce n’est pas seulement les pratiques qui sont différentes, mais également, les méthodes et la philosophie :
« Dans le rucher école, tout le monde va dépendre de Probees, on sera coincés. Ce type de structure est calqué sur le modèle de l’école actuelle, où un maître dispense un savoir, auquel l’amateur ne peut qu’adhérer. Le débutant n’est pas considéré comme une valeur mais comme un « client », un « disciple », un être humain parle, l’autre écoute, il n’y a aucun échange. Dans le rucher collectif, c’est à chaque fois une quinzaine de types qui se rejoignent pour partager leur savoir, progresser ensemble. Chacun reste indépendant. »
La situation va se compliquer encore, quand son ex-femme Nathalie se fait assassiner lors de son retour en France, après un long séjour aux USA. Et surtout quand il va récupérer du jour au lendemain ses deux enfants, choqués par la mort de leur mère et citadins jusqu’au bout de leur portable. Difficile pour les enfants de s’adapter à un nouveau décor : « Le silence contre le bruit, la solitude contre la foule, l’obscurité contre la lumière. D’autres encore, tout aussi évidents pourtant, leur échappaient, la pureté contre la pollution, la limpidité contre la saleté, la solidarité contre l’indifférence. Mais ceux-là, ils étaient trop jeunes pour s’en apercevoir. »
- J’ai beaucoup aimé l’excellente analyse de la difficulté de se découvrir « père » du jour au lendemain.
- Et surtout l’environnement économico-politique de l’apiculture. La farouche opposition entre la vente de sa production, la lutte contre les pesticides, d’une part, et la pression de grosses sociétés avec un miel d’importation et d’assemblage où seul le profit importe, d’autres parts. Les moyens financiers sont importants et donc tous les coups sont permis pour faire taire les vrais producteurs de miel.
Amateur de thriller aux intrigues serrés, s’abstenir, mais pour tous les autres, c’est un roman facile à lire et intéressant.
Je terminerai par une citation de Gautier : « L’abeille est une sentinelle de l’action de l’homme sur l’environnement. C’est aussi et surtout une mécanique huilée, un exemple en termes de démocratie directe, un insecte dont les performances ne peuvent que rendre admiratif, bref, on ne peut qu’être humble devant ce que nous sommes collectivement en train de détruire et qui devrait être absolument protégé. »
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