mardi 23 janvier 2024

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Un roman inclassable, comme son héros… Comment le raconter ?...

Un gamin de sept ans, très mature, se dit éternel… Pathologie ou réalité ?

C’est l’histoire de Théodore, élevé par son oncle et sa tante, après le décès violent de ses parents durant la commune de 1871. Il grandit dans un riche milieu bourgeois car l’aciérie de son oncle Anselme fonctionne très bien.

Un enfant à part, atteint de neuropathie aigüe (hypersensibilité au froid) qui le force à revêtir, même l’été, plusieurs couches de vêtements.

« Les domestiques eux-mêmes le surnommaient le « malbâti ». De surcroit, sa neuropathie l’amenait à adopter un algorithme vestimentaire souvent en décalage avec les saisons, les codes de la société bourgeoise à laquelle il appartenait. »

Un enfant surprenant par son apparence, mais également par sa maturité mentale et verbale. Un enfant passionné par la musique, par l’art, en général. Par l’immortalité de l’art.

Et l’assurance affirmée d’être éternel. Pour protéger du Temps,  ceux qu’il aime, il les fait mourir et les conserve  à l’intérieur de lui. Ils sont « vivants » mais prisonniers de l’enveloppe corporelle de Théodore. La première sera sa tante Irina. « Je t’ai libérée de l’emprise du temps, sois tranquille, tu ne peux plus mourir maintenant, tu es en moi. »

Un roman riche, foisonnant car il suit la période de la Commune jusqu’aux années 1990, où Théodore, toujours trentenaire, marquera bien son regard et son rejet du pouvoir de l’argent et du nazisme.

Difficile de savoir si on éprouve de l’attachement ou de la répulsion pour Théodore… Un mécène de la peinture, de la musique, épris d’humanisme, qui souhaite concéder aux êtres qu’il aime, la même immortalité de la sienne… En les faisant mourir…

Une fable philosophique sur le Temps, la Mort, la Peur, la Solitude, la Liberté, l’Âme, et surtout la notion de Dieu. Un Dieu qui capture en son sein, les êtres qu’il aime, ceux qu’il juge justes. « Seul lui importait ce que nul œil ne pouvait voir : la grandeur d’âme. »

Au point de les priver de leur liberté de vivre, de vieillir, de mourir… Un Dieu prédateur…

Un roman que chaque lecteur percevra différemment, selon ses valeurs et sa sensibilité. Richesse de la littérature, richesse de ce premier roman.

Oui, je sais, en lisant ces quelques lignes, vous vous dites : « drôle de roman, ce doit être bien compliqué… »

Ben non ! Le scénario est prenant, la vision historique, complète et on tourne les pages sans rien lâcher de l’intérêt du récit. J’avoue que je me suis demandée comment ce diable d’auteur, qui m’avait si bien prise dans ses filets, allait conclure son récit…

La conclusion est à l’image de l’ensemble : surprenante et magnifiée par une écriture riche, précise et fluide.

Rentrée littéraire 2024

Merci à Lecteurs.com et aux Editions  Hervé Chopin de m’avoir permis de découvrir et de savourer ce roman

Maison d’éditions  💗 qui publie souvent des textes originaux, bien construits et toujours passionnants. Je n’oublie surtout pas « La femme au dragon rouge ».




 

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