mercredi 18 octobre 2023

                                                                       💙💙💙💙


 

Première impression : quelle belle écriture ! Simple, fluide, précise. Ca commence bien !

En Italie – 1904 – 1986 – La vie et la mort de Mimo Vitaliani. Il cumule tous les ingrédients pour connaître une vie misérable. De petite taille (à la limite du nanisme), misérable et exploité par un sculpteur de pierres.

Sauf que… Ses mains enchantent la pierre, son sens de la création est  inné.

Dans le même village, Viola Orsini. La fille des notables, des « seigneurs » du village à qui tous se soumettent.

Entre les deux enfants, une amitié indéfectible, puis un amour se nouent.

Sauf que… Bien sûr, rien n’est possible entre eux.

 

Mimo va partir à Florence, à Rome, parfaire sa technique. Sans la présence de Viola, il se vautre dans les bas-fonds, comme une fuite en avant, provoquée par le désespoir.  Il devient aussi le protégé des Orsini qui s’appuient sur son talent, tandis que le fascisme, en arrière plan, gronde. Mimo ne soucie pas du tout de la politique, même pas de devenir l’un des artistes patentés du régime de Mussolini…

Proche de la mort,  Mimo se souvient et évoque aussi « La Piéta », la statue que lui a commandée le Vatican et qui demeure cachée dans l’abbaye du Piémont où il vit en reclus depuis une quarantaine d’années.

Une mystérieuse statue : « On l’enferme pour la protéger »…

J’ai beaucoup aimé cette fresque romanesque. Ces deux personnages liés à tout jamais et en même temps si opposés. Elle est éduquée, riche, complètement extravertie, ne doutant de rien. Lui, enfermé dans son milieu, sa pauvreté, sa petite taille. Et pourtant…

Peut-être car chacun accepte la différence, reconnait toute la richesse que l’autre apporte. C’est ce que dit Viola : « Toute ma vie, j’ai eu besoin de toi pour être normale. Tu es mon centre de gravité, raison pour laquelle tu n’es pas toujours drôle. Mais il y en moi une anormalité que même toi, tu ne soigneras jamais : c’est que je suis une femme et que je n’en ai rien à faire. »

En filigranes, c’est aussi la condition de la femme qui est abordée. A l’époque, quel que soit le milieu, les femmes sont des mineures soumises à l’ordre masculin.

J’ai encore plus aimé le rapport à la sculpture. Mimo est un artiste hors des sentiers battus, hors des conventions habituels. Ses œuvres sont saluées, pas souvent comprises.

C’est le cas de la Piéta. Pas celle de Michel-Ange, celle de Mimo. Le thème est semblable : la Vierge Marie dans sa douleur, le corps de son fils mort sur ses genoux. C’est tellement bien décrit que j’aurais souhaité qu’il existe vraiment une seconde Piéta, un vrai Mimo  Vitaliani.

On comprendra à la fin pourquoi elle est cachée, et l’explication est belle, conforme à la personnalité de Mimo, à son amour pour Viola.

Un très bon moment de lecture…

 


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