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C’est le
jour et l’heure pour Edith. Partir en Suisse avec ses quatre enfants, son mari,
Simon, pour une euthanasie volontaire.
Elle se
sait incurable et elle sait surtout que désormais, c’est la démence qui la
guette.
Tous
partent en voiture de Lyon à Bâle. Durant ce « road movie », ou ce
compte à rebours (comme vous voulez), chacun devient le narrateur. Il ou elle exprime ses propres souvenirs, souvent
avec des sursauts de révolte face à la décision de leur mère. Par exemple,
Anna, la benjamine, pense à son fils
Léon : « Toutes mes larmes sont
pour lui, à présent. Pour cette grand-mère qu’il adorait et qu’il ne verra
plus. »
Une mère
et une grand-mère adorée qui va manquer.
C’est aussi la prise de conscience pour les enfants d’être désormais seuls et responsables : « Perdre sa mère, c’est devenir définitivement adulte, c’est se dire, je ne peux plus aller chouiner dans les jupes de Maman, je n’ai plus qu’à m’assumer. »
Pourtant,
ils comprennent et acceptent sa décision. Peut-être aussi, car ils sont, en
majorité dans le corps médical.
Ils vont
d’ailleurs discuter âprement à propos des cendres, de leur dispersion.
Sujet grave, difficile, qui peut faire peur à beaucoup. Traité avec beaucoup de lucidité, d’amour et d’humanité. Sans mélo. Pas du tout larmoyant, encore moins glauque.
Une façon saine d’envisager la mort. La liberté de parole est permanente dans cette famille et elle fait du bien. Ce n’est pas le choix du désespoir, mais celui de la lucidité, de la liberté. Celui aussi d’une femme de caractère, et d’une famille soudée et aimante.
Accepter
la mort, sa mort, celle de ceux qu’on aime. Bien sûr, c’est terriblement
difficile, mais cela fait partie de la vie.
L’émotion,
la souffrance, les doutes sont forts : C’est comme si ta mère se tuait sous tes yeux tout en te demandant de lui
faire un bisou. Et accompagner sa mère dans un suicide, ça laisse des
traces.»
Comme le
dit si justement Théo, le benjamin : « Etre
médecin, c’est surtout apprendre à connaître le vivant. La mort entre dans la
normalité du vivant au même titre que la vie. La mort, c’est la vie. Il faut
l’accepter pour mieux vivre. »
Une belle réflexion sur la vie, tout simplement. En conclusion, je laisse la parole à Simon, le conjoint d’Edith : « Moi, je vois la mort comme une étape de la vie(…) Edith, c’est comme pour mon grand-frère, comme pour mes parents, elle continuera de vivre à travers nos discussions.(…) Mes morts, ils viennent au moment où j’ai le plus besoin d’eux. Quand je dois prendre une décision. »
Un beau roman, tout simplement.
Et entre parenthèses : la mort volontaire assistée existe en Suisse depuis 1480.
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