jeudi 17 août 2023

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L’histoire d’Adrien, gueule cassée dès les premiers jours de la guerre, sans même combattre. Sa souffrance physique et morale : « Mes blessures au visage me causent moins de souffrance que cette défaite sans combat, que l’absurdité de mon sort que je n’ai ni construit, ni défendu. »

Pendant 5 ans, dans une chambre du Val de Grâce, il va partager la vie d’autres officiers défigurés également. Des amitiés solides se constituent qui se prolongeront au-delà de 1918.

Ce qui m’a touchée, c’est qu’Adrien représente des milliers d’hommes. Il est beau, intelligent, instruit, promis à une belle carrière et à une vie de famille épanouie. La guerre et sa barbarie, le font basculer dans l’horreur et l’exclusion.

On comprend mieux, non, on ressent mieux grâce à cet exemple particulier, le calvaire des soldats, des accompagnants, des soignants. Une souffrance que les autres (ceux qui ne l’ont pas faite, cette « der des der) ne peuvent même imaginer.

Ce qui m’a touchée également, c’est l’amitié profonde de tous ceux qui ont partagé la même galère. Comme un lien de sang, aussi indéfectible, c’est un lien de souffrances, de regrets qui les soude jusqu’à la mort.

Le dessin accompagne harmonieusement le texte. Les traits sont expressifs, les couleurs sont belles et adaptées à la tonalité précise du récit. L’horreur est montrée sans voyeurisme. C’est la réalité, le soldat a du mal à l’accepter, le lecteur aussi. Tous les deux embarqués dans le même cauchemar.

Et enfin, j’ai adoré les extraits du roman de Marc Dugain, particulièrement à propos dans la trame de l’histoire, comme lors de la mobilisation :

« Le 12 novembre, l’enthousiasme de la victoire est retombé comme les feuilles d’automne.

Nous imaginions la démobilisation, tous ces hommes sains et saufs qui rejoignaient leur famille. Tant qu’ils étaient là-bas, au front, dans la boue et le froid, sous l’étreinte de la prochaine offensive, nous arrivions à nous considérer comme chanceux.

Maintenant que les canons se sont tus, que des cohortes de soldats démobilisés retrouvent les leurs dans l’allégresse, nous nous sentons les derniers des vivants. »

Extraits accompagnés d’un simple dessin au coloris sépia, très délicat, en parfaite osmose avec le texte.

Terrible et émouvant. Une vraie réussite, sur un sujet difficile !

 

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