lundi 14 août 2023

                                                              💙💙💙💙💙


20 ans après. Relecture de ce terrible roman. Il n’a pas pris une ride et hélas, il est toujours d’actualité…

 Kaboul. Les années postsoviétiques et la prise de pouvoir par les talibans : « la ruine des remparts a atteint les âmes. La poussière a terrassé les vergers, aveuglé les regards et cimenté les esprits ».

A l’intérieur de cette ville en proie à la tyrannie et à la barbarie, deux couples.

Atiq, un geôlier qui ne pense plus, ne croit plus à rien et sa femme Mussarat  atteinte d’une maladie incurable. Et Moshen,  ancien notable, amoureux fou de Zunaira, « magistrate licenciée par l’obscurantisme. » Comme l’ensemble des femmes, elle doit sortir habillée de son tchadri qui la couvre de la tête aux pieds. « Avec ce voile maudit, je ne suis ni un être humain, ni une bête, juste un affront ou une opprobre que l’on doit cacher comme une infirmité. »

Pour survivre, il faut cesser de penser, il faut cesser de respirer : « Moshen a cessé de rêver. Sa consciente s’est éteinte. Il s’assoupit dès qu’il ferme les yeux et ne ressuscite qu’au matin, la tête aussi vide qu’une cruche. »

Pas de manichéisme chez Yasmina Khadra. Chacun essaie de survivre avec ses désirs, ses lâchetés face à l’horreur. Atiq ne supporte plus sa femme malade et l’amour dévorant qu’elle lui porte. Il voudrait la voir morte physiquement. Comme il est mort, lui, dans la tête et le cœur… En même temps, il ne veut pas la répudier…

Zunaira va reporter toute sa honte, toute sa haine, de n’être plus rien sur son mari Moshen.

Pourtant la poésie est présente avec l’amour fou qui dévore les personnages. Seule antidote à l’anéantissement.

Écriture somptueuse, phrases courtes, mots appropriés percutants qui portent d’un bout à l’autre la tragédie de l’histoire.

Un récit intense  et puissant où chacun comprend avec son cœur et ses tripes, l’asservissement des hommes, l’exclusion des femmes, la non-vie.

Du grand Khadra ! 💙

 

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