samedi 12 août 2023

                                                                  💙💙💙💙



Sacré défi pour le premier roman graphique de Victor Pinel, auteur et dessinateur. Démontrer que la vie sociale est semblable à une partie d’échecs. Les personnages sont ici, les pièces du jeu, tous différents, mais tous importants. Même si on est un pion, on a un rôle à jouer et il peut être déterminant.

On va donc croiser le parcours de Samir, identifié comme un fou, celui de Marion, comme un roi, celui de Lys (magnifique personnage) comme un cheval, et ainsi de suite.

La difficulté est importante, l’ensemble des acteurs doit finir par se rejoindre pour former une seule trame dramatique (principe du roman choral).

Un conseil pour bien suivre le déroulé de notre partie, sur le terrain de la vie : identifier au plus vite les différents protagonistes pour ne pas être perdu.

C’est une belle leçon de vie : chacun va jusqu’au bout de son parcours quelles que soient les embûches rencontrées, en cheminant avec ce qu’il est, ses forces, ses ratés : « On apprend plus quand on perd que quand on gagne ».

Un pion n’aura pas le même parcours que le fou, et la tour se déplacera plus facilement que le cheval. Le roi est le plus important, mais c’est aussi le plus fragile, l’objet de toutes les convoitises. Peu importe, on se réalise avec ce qu’on est.

Tous les personnages sont attachants, c’est une grande force de Victor Pinel dans ses dessins. Je l’avais déjà constaté dans « Le plongeon » dont la scénariste était Séverine Vidal.

Madame Dubois, la vieille dame qui initie Samir aux échecs est odieuse, mais aussi jubilatoire et touchante par son franc-parler. A Samir, qui veut lui tenir compagnie, elle dit : «  Ne perds pas ton temps, gamin. Sors d’ici. Je suis sûre que tu trouveras un autre mourant à emmerder. Il y en a plein ici ! »

J’ai apprécié cette BD pour ce challenge très ambitieux : la mise en place de l’interconnexion des personnages en respectant leur place sur l’échiquier.

Corolaire de cette exigence : le récit manque de fluidité. C’est parfois un peu difficile de se retrouver  dans les relations de chacun.

D’autant plus, que les traits de certains protagonistes sont très (trop) proches, comme Samir et Vincent, comme Marion et Julie. Et de fait, rendent la lecture plus ardue. 

Mais bon, une partie d’échecs, ce n’est pas facile non plus, et on va se dire (car j’apprécie infiniment Victor Pinel) que le récit est à l’image d’une partie. Si on veut gagner, cela se mérite !

Cela constitue une excellente BD, à mettre entre toutes les mains, et surtout, ceux des passionnés des échecs.

Je remercie Babélio et les Éditions Grand Angle (dont j’apprécie infiniment les publications) de m’avoir permis de « jouer » et de remporter un grand moment de plaisir. 

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