samedi 11 mars 2023

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Mais qu’auraient bien pu dire les grands écrivains disparus à propos de nos préoccupations actuelles ? Non, ce roman ne répond pas à la question mais l’idée est intéressante et humoristique.

 

Originaire de Nabeul, petite ville sur la côte est de la Tunisie, Oualid est enfant unique et passionné de culture française. Son ambition est de faire une carrière théâtrale en tant que comédien ou auteur, en rejoignant le Pôle, terme qu’il utilise pour désigner la France.

Las des continuelles disputes entre ses parents, il prend l’habitude de croquer les comportements des habitants de sa ville, ce qui l’exerce à la pratique de l’écriture. Malgré l’avis contraire de son père, il entreprend des études de théâtre à Tunis puis après être diplômé, il rejoint enfin, non pas Paris mais Montpellier pour poursuivre ses études. Le désenchantement le ramènera en Tunisie où il finira par répondre à l’annonce d’un centre d’appels particulier.

En effet, il s’agit de permettre aux correspondants de pouvoir interroger des écrivains disparus, sur tous les sujets, même touchant l’actualité. En plus de deux autres comédiens chevronnés qui incarnent Balzac et Hugo, il s’identifie à Samuel Becket.

 

En cette veille de la Révolution de Jasmin, les exactions policières du gouvernement Ben Ali sont insupportables à la population. Et ce qui devait arrive, le centre d’appels devient indésirable. Mais les contacts liés pendant cette période vont permettre à Oualid de rebondir et de pouvoir enfin vivre de sa passion entre le Pôle et son pays.

 

Voici un livre rapide et facile à lire, d’une écriture chargée d’humour et de critiques sur le monde qui nous entoure. Beaucoup de sujets sont abordés (la relation avec l’ancien état « protecteur », la lutte pour exister artistiquement, l’arrivée de l’islam radical en Tunisie, la dictature tunisienne) avec toujours un sens grinçant de la formule.

 

Deux parties dans cet ouvrage :

 La première nous parle de la vie d’un jeune tunisien qui souhaite faire aboutir ses envies, de façon assez classique et sans trop de surprise.

Le livre trouve toute sa saveur avec la seconde partie. A partir du moment où Oualid répond à l’annonce du C.A.E.D., le récit s’emballe. Les personnages prennent plus de corps, la colère et le fatalisme du peuple tunisien trouve un écho qui suscite l’intérêt dans les disputes des comédiens.

Un bon livre, plaisant et instructif car l’ouverture d’esprit est toujours un progrès pour tous les peuples.

 

Chronique établie par Gérard G.

 

Lu dans le cadre du prix Orange 2023

Je remercie la Fondation Orange et les Éditions Asphalte de m’avoir permis de découvrir ce roman original et intelligent.

 

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