mercredi 8 février 2023

                                                                    💙💙💙 



« La Joconde. Vous connaissez ses traits par cœur. (…) Vous pouvez fermer les yeux et la ressusciter à l’envie.(…) Pourtant vous savez tous ici, que cette vision est dégradée par les outrages du temps. Les vernis oxydés et jaunis ont déréglé ses contrastes, opacifiant le portrait qui année après année s’enfonce un peu plus dans la pénombre. (…) Mona Lisa baigne dans une marée verdâtre. Vous avez parlé cent fois de la restaurer, mais jusqu’à présent, vous n’êtes jamais passé à l’action. (…) Pourtant, c’est exactement ce que vous devriez faire. »

Le couperet est tombé pour Aurélien, directeur du département des peintures du Louvre. L’agence Culture Art Média Patrimoine, qui a le vent en poupe parmi les « décideurs » a tranché : il faut restaurer la Joconde.

Aurélien sait que les risques sont grands. Une restauration trop franche la perdrait. En traînant les pieds, il va devoir s’y résoudre et trouve en la personne de Gaetano, personnage fantasque et imprévisible, le restaurateur de la Joconde.

L’auteur part d’un fait réel : la restauration de Sainte Anne, la Vierge et l’enfant, en 2016, avait provoqué des tollés parmi les experts.

Entre Aurélien, mutique et introverti, la nouvelle directrice du Louvre, qui s’appuie sur les courants exigeant du changement, du neuf, le ton est donné.

L’humour, la malice se glissent dans chacun des portraits, dans les situations également où le « côté tendance » le snobisme de l’art, la toute puissance du marketing sont bien analysés.

Dans ce monde clos, s’insinue un agent d’entretien, Homéro, qui a toujours regretté de ne pas être danseur. Il le fait sur son autolaveuse de 280 kg. Son coup d’œil à propos de l’art est pourtant infiniment plus précis et plus fiable que n’importe quel expert.

Un roman agréable, distrayant avec quelques longueurs. Je l’ai imaginé en BD avec les tableaux (l’alibi culturel), les personnages intro et extravertis, les personnages d’Homéro et de Gaetano, loufoques en diable.

J’aurais aimé que l’environnement du Louvre soit plus étudié, de façon à plonger le lecteur dans un monde clos et inconnu du grand public.

Un bon feel-good.

Je remercie la Fondation Orange et les Éditions Philippe Rey de m’avoir permis de découvrir cet auteur.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire