mardi 7 février 2023

                                                                💙💙💙💙 



« Il m’a dit que c’était de ma faute, pour Nathan. Que si je n’avais pas… que si je n’avais pas épousé une cinglée, ça ne serait jamais arrivé. »

Une drôle de femme, Zoé, une cinglée peut-être…. En tous cas, une femme sauvage, solitaire, déterminée par un seul objectif : retrouver son fils Nathan disparu il y a 6 ans, alors qu’elle a relâché sa surveillance quelques minutes.  Tous pensent qu’il est mort, elle sait, elle a besoin de croire qu’il est vivant. Elle le cherche. Partout. Tout le temps.

On est en 2030, au Canada, sur les bords  de la rivière des Outaouais qui sépare le Québec de l'Ontario. Un chaos climatique pousse les américains à fuir leur pays, à se réfugier chez le voisin du nord. Ils ne sont pas les bienvenus et sont poursuivis  pour être parqués dans des camps de migrants, en Alaska.

Zoé fait partie des chasseurs de primes. Elle les traque dans la forêt et les ramène aux autorités canadiennes. En même temps, elle recherche toujours son fils, persuadée que son fils a été enlevé ou a rejoint les fugitifs.

 

Une drôle de femme, Zoé. Une drôle de vie. Petit à petit, on apprend à la connaître, à la comprendre. L’auteure fait lentement, mais surement, monter le suspens en distillant les faits et en laissant Zoé égrener ses souvenirs.

Abusée par son père, négligée par une mère alcoolique, qui rejette ses ascendances indiennes, haïe et jalousée par sa sœur, déficiente mentale. Son mariage avec Thomas lui avait pourtant apporté l’équilibre, la sérénité et le bonheur. Mais leur fils Nathan a disparu. Ainsi que la fracture définitive dans le couple car chacun a jugé l’autre responsable.

Sa vie n’a plus de sens. Seule la recherche de Nathan la maintient en vie. Il faudra aussi qu’elle se retrouve et accepte ses origines et son passé, aussi douloureux soit-il. Et retrouve un sens à sa vie.

« Je suis Zoé. A moitié algonquine, à moitié canadienne, à moitié québécoise, à moitié amoureuse d’un mari mort, à moitié parricide, à moitié fille, à moitié mère je ne suis rien et je suis tout, je suis Zoé. »

Un portrait de femme bien campé, crédible. Une analyse psychologique, fine et fouillée. Une nature hostile, qu’il faut affronter.

La progression dramatique est maîtrisée, le suspens permanent. Isabelle Amonou, dès le milieu de récit, tient son lecteur. Il reste scotché jusqu’aux dernières pages.

Cette lecture m’a fait penser à certains romans de Sandrine Collette, pour ces trois raisons justement : l’art du suspens, les figures de femmes (ou d’hommes) qui prennent leur destin à bras-le-corps, l’état naturel et sauvage. 

 Je remercie la Fondation Orange et les Éditions Dalva de m’avoir permis de découvrir cette autrice.

 

 

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