samedi 7 janvier 2023

                                                                 💙💙💙💙


 

« Elle a préparé la veille le dosage de lait en poudre et d’eau minérale qu’il va lui suffire de mélanger puis de réchauffer. Je m’agite, je halète bruyamment, remuant bras et jambes tel un pantin devenu fou. Ça la fait rire, elle dit « ça vient, ça vient », s’allonge à demi sur le canapé, tire le plaid sur ses jambes découvertes, et puis ça vient, le liquide tiède dans ma bouche, dans ma gorge, qui déborde, elle a mal réglé la tétine et me l’arrache sans prévenir pour diminuer le débit. Je suis sur le point de hurler, le pis en plastique me rebouche le clapet. Je tête avec ardeur, cela produit une mélodie rythmée, monocorde et ronde qui la plonge dans la torpeur. »

Dès les premières pages du roman, le ton est donné. La petite Eve, fruit d’une PMA voulue par sa mère, Stéphanie, est la 1ère à s’exprimer.

Suivront, dans les chapitres suivants, Stéphanie, puis ses sœurs, ses amies, sa mère, sa nièce… Toutes ces femmes proches qui vont raconter avec beaucoup de sincérité, quelquefois d’humour, leurs difficultés, leurs souffrances, leurs résiliences. Elles rapportent l’intimité avec leur corps : le désir, la beauté flétrie, l’exaltation d’une adolescente et son viol, la maladie, le surpoids….

Beaucoup plus qu’un roman, c’est presque un exercice de style : analyser méthodiquement ce qui touche les femmes de près, avec sensibilité et finesse.

Opération réussie !

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