samedi 7 janvier 2023

                                                                    💙💙💙 



Cela commençait plutôt bien avec l’humour de l’auteure, son auto dérision face à sa peur panique de la mort. Elle utilise même le terme de « tsunami d’angoisse ».

A propos de son fils, examiné par un médecin à l’hôpital : « Si au moins, il pouvait résister et pousser quelques  hurlements, il m’offrirait l’occasion de le rassurer, de jouer ma partition de mère protectrice et, ce faisant me détournerait de ma propre angoisse. »

3 narrateurs se succèdent au long des chapitres 

- l’auteure nous fait part de son angoisse, de ses  réflexions sur la mort.- Gabrielle, la thanatopractrice (les soins après la mort) nous raconte sa reconversion, la recherche de sens, son expérience quotidienne

- Le dialogue entre Didier (thanatopracteur) et Françoise, extrait de l’émission Vis ma vie de thanatopracteur, produite par Réservoir Prod

Les réflexions et expériences de Gabrielle sont passionnantes, chargées de sens, d’empathie, d’humanité. « Le respect de la dignité humaine, même après la mort et c’est beau. »

Elle dit, en s’occupant d’une JF de 22 ans suicidée, après avoir subi une agression sexuelle, et aucun soutien de sa famille : « Elle était très belle. On m’a donné son rouge à lèvres, ses bijoux. Je lui ai lavé les cheveux, j’y ai passé deux heures. C’était difficile parce qu’elle avait choisi un mode de suicide très propre, mais l’autopsie avait été très invasive. J’avais envie d’en faire le moins possible, elle en avait assez vu. C’était long, mais j’étais contente du résultat. Et je lui ai parlé, tout le temps. »

Conclusion de Françoise à la fin du reportage « vis ma vie » : « C’est le mot humanité qui me vient en tête. (…) et puis cette leçon de vie énorme. Se dire que la vie est courte et qu’avant d’arriver entre les mains de Didier, il y a plein de choses à faire. Oui, c’est une revanche de la vie. »

Ce que j’ai trouvé intéressant :

- Le sujet de la mort, de la dégradation inéluctable du corps. Sujet souvent tabou, en tous cas peu effleuré par les écrivains.

- La fusion du sombre et du lumineux. Le doute, les questionnements d’Amandine Dhée, l’acceptation, la certitude de Gabrielle.

- L’importance du corps sur le mental. On connait bien sûr l’importance du mental sur la santé physique, mais il en est de même dans l’autre sens. Soigner le corps, l’entretenir contribue à soigner l’âme.

Il y a d’ailleurs une telle humanité dans les propos de Gabrielle (à rapprocher du livre de Delphine Horvilleur « Vivre avec nos morts ») que ceux d’Amandine paraissent quelquefois insipides.

On apprend aussi à la fin du bouquin, qu’Amandine et Gabrielle se sont rencontrées lors d’une séance de dédicaces. Cela aurait été plus judicieux de le savoir au début car le lecteur ne comprend pas. Heureusement que le résumé de l’éditeur le précisait en 4ème page de couverture.

La reproduction du reportage in extenso m’a gênée. Un rappel en bas de pages aurait été largement suffisant. D’autant que le dialogue n’apporte pas grand-chose. 

Dommage, car la tonalité est juste et sensible.

 

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