samedi 30 août 2025

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A onze ans, Colette perd sa sœur jumelle Lison dans un accident de voiture. Lison, la brillante, la préférée de leur mère.

« C’est elle qui a vu le jour en premier. C’est peut-être pour ça qu’elle prend si bien la lumière.

Ça tombait bien, je me sentais mieux dans son ombre ».  

Colette blessée, se rétablit, sa mère amputée d’un bras, également, et la vie continue sans Lison.

Sans Lison, vraiment ? Depuis la mort de sa sœur, Colette a cessé de grandir et elle vit par procuration, pour sa sœur.

En fait, elle cherche à devenir Lison :  ses cheveux longs, son amour pour la danse… Mais elle, dans cette discipline, est plutôt médiocre.

Heureusement, une ombre encourageante, mais lucide et cash, l’accompagne en permanence, celle de Lison.

Pourra-t-elle se retrouver, être elle-même, réaliser ses rêves, qui ne sont pas ceux de sa sœur ? 

Peut-être faudra-t-il une salle de boxe, pour l’y aider… Pour trouver enfin le courage de dire « non » à sa mère surprotectrice, pour réaliser ce qu'elle a envie de faire, elle …

✏ Un personnage touchant, très attachant, celui que Colette. 

 Un récit grave sur la gémellité, sur le deuil quand l’un(e) des deux disparaît…

Et le courage nécessaire pour continuer…

✏ Félicitations à la scénariste – Véra Cazot – et à ma graphiste préférée – Carole Maurel -  qui sont parfaitement à l’unisson.

Véra Cazot est tombée par hasard sur le dessin de la petite boxeuse de Carole Maurel, s’est sentie totalement inspirée, et le duo nous a offert cette jolie BD tout en nuances…

Monsieur l’éditeur, Dupuis, c’est quand le Tome 2 ?

 

Extraits

✏ « C’est elle qui a vu le jour en premier. C’est peut-être pour ça qu’elle prend si bien la lumière.

Ça tombait bien, je me sentais mieux dans son ombre ».  

 

vendredi 29 août 2025

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 Tendre et rebelle !

« Enfin, la suite de Mathis ! » va me dire une petite fille impatiente.

📌 Impossible de laisser Mathis tout seul, quand les parents sortent le soir. Ils se rappellent justement sa dernière bêtise : « Je te rappelle que la dernière fois, il a construit la tour de Pise avec de la colle à porcelaine et toutes les assiettes creuses ! »

Ils font donc appel à une baby-sitter, Jana, leur jeune voisine.

Sauf que « DébildeJana » n’est guère plus responsable que Mathis…

Heureusement que « Carton » est là…  

Mais lui aussi, ne doit pas faire de bêtises et surtout être la maison quand Monsieur Barbillon rentrera…

Mathis rebelle, Jana autoritaire, Carton inquiet…

📌Un récit tendre au rythme soutenu qui plaira bien aux enfants de 6 à 10 ans. Encore une belle aventure !

Merci aux éditions Sarbacane.

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Un ami intéressé par ce titre m’a demandé un bref résumé, il n’aime pas que je le « soule » avec mes coups de cœur.

J'ai expliqué : « Notre société va droit dans le mur et l’auteur l’explique très précisément en l’argumentant, car il a été un témoin privilégié de nombreuses rencontres internationales.  Un monde nouveau est en train d’émerger et il n’est pas réjouissant. Un essai à lire pour comprendre et résister. »

📌 Les thèmes abordés sont passionnants :

- Analyse des régimes autoritaires et de leur essence profonde. L’importance des objectifs au détriment de tout le reste. Ou, « la fin justifie les moyens ». S’ils sont coûteux en vies humaines, en règles démocratiques, ce n’est pas le sujet.

 - « Ferveur » de la guerre qui s’appuie sur un coût moindre pour attaquer. Par exemple, un drone vaut 200 $, chaque missile Patriot qui défend vaut 3 millions de $.

- Rapprochement intéressant avec l’histoire entre César Borgia, « la bête de pouvoir réelle, moitié renard et moitié lion, sachant utiliser l’astuce pour flatter les hommes et la force pour les subjuguer » et de nombreux dirigeants autocrates. Comme MBS, Trump ou Poutine…Les borgiens, les prédateurs…

- Le fossé de plus en plus grand entre les prédateurs et « l’ancien monde, avec le respect de l’indépendance de certaines institutions, les droits de l’homme et des minorités, l’attention portée aux répercussions internationales ».

Force brutale des premiers, faiblesse- impuissance des seconds.

- La manipulation des masses par les réseaux sociaux et la puissance et le danger de l’IA.

« Le pouvoir de l’IA n’a rien de démocratique, ni de transparent. Plus qu’artificielle, l’IA est une forme AUTORITAIRE, qui centralise les données et les transforme en pouvoir. Le tout dans l’opacité la plus totale, sous le contrôle d’une poignée d’entrepreneurs et de scientifiques qui chevauchent le tigre en espérant ne pas se faire dévorer. »

Un même autoritarisme, une même opacité avec les prédateurs politiques et technologiques.

📌 Une analyse lucide, brillante, mais bien sombre de notre société dans un proche avenir.

A nous de décider de quoi sera fait demain. La balle est dans notre camp ! 

 

Extraits

📌 « Selon Sourkov (spin doctor de Poutine limogé trois mois avant l’invasion de l’Ukraine), les grands empires de l’histoire se régénérèrent en déplaçant le chaos qu’ils produisent hors de leurs frontières. »

📌 « La guerre est de nouveau à la mode. Les dirigeants qui l’invoquent gagnent les élections. Certains d’entre eux passent ensuite aux actes. Dans les cinq dernières années, les dépenses d’armement ont augmenté de 34% dans le monde. »

📌 « Ces jours-ci, l’attaque coûte moins cher que la défense. Beaucoup moins. A l’avenir, certains prétendent qu’un seul individu pourra déclarer la guerre au monde entier, et la gagner. »

«📌  La bête de pouvoir réelle, moitié renard et moitié lion, sachant utiliser l’astuce pour flatter les hommes et la force pour les subjuguer »

📌 « Si l’ancien monde supposait des garde-fous, - le respect de l’indépendance de certaines institutions, les droits de l’homme et des minorités, l’attention portée aux répercussions internationales – tout cela n’a plus la moindre valeur à l’heure des prédateurs. »

📌 « Dans ce monde nouveau, les borgiens ont un avantage décisif car ils ont l’habitude d’évoluer dans un monde sans limites. Ils ne se contentent pas de résister à l’adversité, ils tirent leur force de l’inattendu, de l’instable et du belliqueux. »

📌 « Les plates-formes se présentent comme une vitrine transparente, (…) mais elles ne sont que des miroirs de foire, qui déforment la réalité au point de la rendre méconnaissable, afin de l’adapter aux attentes et aux préjugés de chacun »

📌 « A celui qui lui demandait comment se préparer à jouer un rôle dans le monde, Kissinger répondait avec les mots de Winston Churchill : « étudiez l’histoire, étudiez l’histoire, étudiez l’histoire. » Le sommet de la transgression dans une époque où les borgiens misent sur les mémoires qui s’estompent pour réécrire l’histoire et réactiver les passions des mouvements antidémocratiques de la première moitié du XXème siècle, tandis que les seigneurs de la tech font de leur ignorance du passé un élément markéting. »

 📌« Pour la première fois, (…) la connaissance humaine perd son caractère personnel, les individus se transforment en données et les données deviennent prépondérantes » Kissinger en 2015

📌 « l’IA n’est pas qu’un simple accélérateur de pouvoir, il s’agit d’une nouvelle forme de pouvoir, qui se distingue de toutes les machines inventées par l’homme jusqu’ici. Si l’automatisation portait sur les moyens, l’IA, elle, s’intéresse aux fins. Elle établit ses propres objectifs et « développe une capacité qu’on croyait réservée aux être humains. Elle émet des jugements stratégiques sur l’avenir. »

📌 « Comme les borgiens, l’IA ne s’embarrasse ni de règles, ni de procédures. Personne, pas même ses concepteurs, ne sait comment elle prend ses décisions. La seule chose qui compte, c’est le résultat. »

📌 « Le pouvoir de l’IA n’a rien de démocratique, ni de transparent. Plus qu’artificielle, l’IA est une forme AUTORITAIRE, qui centralise les données et les transforme en pouvoir. Le tout dans l’opacité la plus totale, sous le contrôle d’une poignée d’entrepreneurs et de scientifiques qui chevauchent le tigre en espérant ne pas se faire dévorer. »

📌 « Dans quelles mesures nos vies doivent-elles être soumises à de puissants systèmes numériques – et à quelles conditions ? En fin de compte, les individus et les sociétés devront décider quels aspects de la vie réserver à l’intelligence artificielle ou à la collaboration entre l’homme et l’IA. Et chaque fois qu’ils choisiront de privilégier l’humain, là où une IA aurait pu garantir des résultats plus efficaces, il y aura un prix à payer »

📌 « Par mon expérience de scribe aztèque, il est vrai que je suis profondément incompétent en matière d’intelligence artificielle. En revanche, fréquentant la politique, j’ai développé une certaine compétence en matière de stupidité naturelle. Et quand on pense à l’avenir de l’intelligence artificielle, force est d’admettre qu’elle ne va pas que renforcer notre intelligence humaine, elle va aussi renforcer notre stupidité. »


jeudi 28 août 2025

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 La maladie de Crohn * touche Camille de plein fouet. Une jeune fille discrète et introvertie, vendeuse dans un magasin de sports, qui ne rêve que de dessins et de création.

« Toi, tu voulais dessiner, créer. Mais aucune école n’avait voulu de toi. Et ton corps avait profité de ce moment pour te lâcher. » 

 * « La maladie de Crohn est une maladie inflammatoire chronique du tube digestif. Elle provoque une inflammation et un épaississement de la paroi, ainsi que des ulcères et, parfois, des fissures et des perforations. »

🌸 A partir de cet instant, une sorte de fantôme, sa maladie, l’accompagne en permanence. Fantôme lucide et bienveillant qui la console, quand elle a mal, quand elle a honte d’être malade, quand elle angoisse.  Il faudra vivre avec désormais, avec les mieux et les rechutes…

Le dialogue s’installe entre eux, comme un double pour Camille. Un double qu’elle voudrait souvent écarter définitivement.

Camille : « je pense à toi tout le temps. J’ai toujours l’impression que tu vas débarquer, au pire moment évidemment. Et que ça va recommencer… »

Le fantôme Crohn poursuit un seul objectif : faire comprendre à Camille qu’il faut accepter la maladie, l’apprivoiser, ne pas chercher à aller contre mais faire avec.

Et surtout continuer à vivre et à réaliser ses rêves, même en étant malade.

« Il n’y a malheureusement pas de réponse.

Tu peux suivre le cours des choses, pas remonter le courant. »

🌸Et si la maladie apprenait à se concentrer sur l’essentiel et à réaliser ses rêves ?

« Si on ne s’était pas rencontrées, je crois que j’aurais jamais eu le courage de prendre ce temps pour moi.

J’aurais continué mon train-train et à faire l’autruche sans jamais me confronter à mes désirs profonds. Je ne me serais jamais trouvée finalement. »

🌸 Une harmonie parfaite entre scénario et graphisme. Un trait dépouillé qui laisse passer l’émotion.

 J’ai beaucoup aimé ce contraste entre les tons pastel bleus et roses, le crayon noir pour les scènes de vie, et le fantôme Crohn en noir habillé d’une tête blanche.

🌸 Un message percutant de résilience et d’espoir !  Renforcé par la matérialisation de la maladie en un fantôme toujours présent. 

Force et émotion.

Une belle découverte ! 

Merci aux éditions Sarbacane.  

 

Extraits

🌸 « Toi, tu voulais dessiner, créer. Mais aucune école n’avait voulu de toi. Et ton corps avait profité de ce moment pour te lâcher. »

🌸« Je me suis emparée d’une part de toi.

Celle qui crie mais que personne n’entend. »

🌸« Non, la danse, c’est pour les gens vivants. »

 🌸 « Il n’y a malheureusement pas de réponse.

Tu peux suivre le cours des choses, pas remonter le courant. »

🌸 « Ces petits gestes que ta mère exécute comme un sacerdoce, sans broncher depuis ton diagnostic.

C’est attendrissant.

Mais ça ne cacherait pas votre incapacité à parler de ce qu’il t’arrive ? »

🌸« J’ai peur de sortir.

J’ai peur qu’une crise survienne à tout moment.

Je n’ai plus confiance en mon corps.

Je veux que ça s’arrête. »

 🌸 Camille

« Si on ne s’était pas rencontrées, je crois que j’aurais jamais eu le courage de prendre ce temps pour moi.

J’aurais continué mon train-train et à faire l’autruche sans jamais me confronter à mes désirs profonds. Je ne me serais jamais trouvée finalement. »

🌸 Le fantôme Crohn

« Mais je suis une part si importante de ta vie qu’il est absurde de ne pas m’assumer.

Tu as honte de moi. »

🌸 « Ces dernières années, tu t’es construite en laissant les autres te dicter ce que tu devais ressentir. »