mardi 10 juin 2025

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Jamais plus, je ne considérerai la maladie mentale comme une maladie à part.

Une affection dont les malades ne parlent pas, comme si, en effet, elle était honteuse.  Comme l’était, rappelons-nous, le cancer, il y a quelques années.

Pire encore que le cancer, car pour la majorité des gens, la maladie mentale est assimilée d’un bloc à la folie et elle fait peur.

Fermer les yeux, et rejeter ce qu’on ne veut pas comprendre.

« Car je suis malade mental dans un monde qui ne sait pas ce qu’est la maladie mentale. »

Il faut au contraire en parler, laisser s’exprimer les patients, comme le fait si simplement, si sincèrement l’auteur, et se faire soigner, comme une grippe, comme un cancer, comme un sida. Et à défaut de guérir, retrouver une vie (presque) normale.

📌 Accepter d’être malade, accepter d’être pris en charge par un psychiatre, accepter – quand le besoin est urgent – quelques séjours à Sainte Anne. Même si dans les premiers temps, les allées Van Gogh, Verlaine, Artaud, Kafka semblent de mauvais augure à l’auteur…

« J’ai appris au fil des ans, à voir d’un autre œil ces artistes, à mieux comprendre la puissance désespérée de leur œuvre. »

📌 J’ai été touchée par le parcours d’errance médicale qu’a subie Nicolas Demorand. Attendre de nombreuses années avant de mettre un nom sur la pathologie.  Émue par sa patience de « bon élève » qui suit rigoureusement les prescriptions inutiles, voire dangereuses, de médecins qui le traitent comme un dépressif, avec des cocktails de médoc, tous plus variés les uns que les autres.

« J’en retiens aussi qu’aucun médecin généraliste n’eut jamais l’idée de m’envoyer consulter un spécialiste, même après des années d’échecs thérapeutiques. »

📌 Il explique très bien les deux pôles de la bipolarité : la dépression qui le cloue sur son canapé, et la suractivité, l’euphorie, la « combustion euphorique », dans la phase haute.

📌 Émue aussi par la souffrance, par sa capacité à l’exprimer aussi simplement, sans pathos. Par la honte qu’il en éprouve, « Honte car je n’avais aucune maîtrise de moi-même, allongé sur mon canapé, le téléphone en main ».

📌 Émue encore par sa question existentielle : qui suis-je ? La partie euphorique ou la partie dépressive de ma bipolarité ?

📌 Émue encore et toujours par son attachement aux auditeurs de France inter (dont je fais fidèlement partie depuis ma jeunesse). Son seul lien d’arrimage à la vie avec son métier de journaliste et de responsable du 7/10h. Un lien parfois très ténu, car la mort ne fait plus peur. Elle est reposante, au contraire…

📌 Un témoignage sensible d’une grande richesse dont ma chronique ne présente qu’une faible partie.

Un petit livre d’une centaine de pages, utile, indispensable, pour ouvrir les yeux et accepter l’autre, malade ou bien portant.

« J’ai un rêve : qu’une révolution du regard porté sur ces pathologies aide mes nombreux amis de maladie à avoir une vie sociale et professionnelle, débarrassée de la honte et de la culpabilité. Accordez-nous la banalité. »

 

Extraits

 📌 « La honte et la peur de tout perdre en « avouant » sa maladie : le regard neutre sur une personne que l’on croyait « normale ». »

 📌 « Car je suis malade mental dans un monde qui ne sait pas ce qu’est la maladie mentale. »

 📌 « Elles (les maladies mentales) nous isolent alors que nous sommes si nombreux à souffrir, à avoir honte et à nous taire. La cruauté des maladies mentales, c’est qu’elles sont pour la plupart invisibles ».

 📌 « Ce qui me définit aujourd’hui, c’est d’être divisé, habité par deux personnages antagonistes qui s’ignorent et ne dialoguent pas, mais dont le frottement peut susciter une explosion psychique. Laquelle des deux est la vraie, la bonne ? »

 📌 « Inutile de dire à quel point il est épuisant de ne savoir, ni qui, ni dans quel état je serai aujourd’hui ou demain, quand ce n’est pas tout à l’heure, entre midi et deux. »

 📌 « Honte car je n’avais aucune maîtrise de moi-même, allongé sur mon canapé, le téléphone en main ».

 📌 « J’ai un rêve : qu’une révolution du regard port sur ces pathologies aide mes nombreux amis de maladie à avoir une vie sociale et professionnelle, débarrassée de la honte et de la culpabilité. Accordez-nous la banalité. »

📌  « Mon problème est d’être un patient modèle. Un patient, qui comme l’exige la médecine, patiente. »

 📌 « J’en retiens aussi qu’aucun médecin généraliste n’eut jamais l’idée de m’envoyer consulter un spécialiste, même après des années d’échecs thérapeutiques. »

 📌 « Mais il avait posé une question qui embrasse toutes les autres, celle qui me hante depuis et à laquelle je n’ai toujours pas trouvé de réponse : quand as-tu été heureux ? »

 📌 « Je souffrais avec la même intensité mais je m’étais fait la promesse de respecter un délai de décence avant de tenter à nouveau de me suicider »

📌  « Je veux pouvoir parler, car les malades, mentaux ou autres, sont des personnes qui ont des droits, à commencer par celui d’être soignées et respectées. »

 📌 « La relation avec un psychiatre se construit dans le temps. (…) Je n’étais pas dépressif mais bipolaire, ni diagnostiqué, ni soigné depuis dix au moins. »

 📌 « TTC – Thérapie comportementale et cognitive.

J’atterris donc chez une psychothérapeute extraordinaire. (…) Une fois le diagnostic posé et les médicaments trouvés, il faut apprendre à vivre avec cette maladie. (…) Comment repérer « la montée » ? Comment la désamorcer ? par quels types d’exercices ? »

 📌 « J’ai appris au fil des ans, à voir d’un autre œil ces artistes, à mieux comprendre la puissance désespérée de leur œuvre. »

📌  « Le gris et la grisaille ne sont pas les teintes les plus joyeuses du spectre. Malgré mes sautes d’humeurs, mes agacements, mes impatiences, j’ai fini par admettre que le réel se peignait dans ces tonalités. Déprimant ? Souvent. Mais il ne tient qu’à moi, soigné toujours, apaisé parfois, de contempler ce paysage monochrome et déceler des couleurs vives dans la vie abîmée. »

 

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