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Comme d’habitude, Hélène passe en coup de vent voir ses vieux parents, sa mère atteinte d’Alzheimer… En coup de vent car, « _ Daniel voulait pas que je ne rentre pas trop tard. Je file. »
Sauf que l’orage gronde, la pluie est trop forte, « les flics ont barré la route ». Petit à petit l’eau monte, impossible de sortir, la maison ainsi que celle de son voisin sont entourées d’eau. Les voitures ont disparu. Il faut s’installer au 1er étage.
Son père sculpte quand il ne s’occupe pas de sa femme. Un couple aimant et proche. Elle, « débloque » par moments mais elle est souvent lucide, notamment à propos de sa fille, de l’emprise qu’elle subit par son mari violent.
Elle est atteinte d’Alzheimer. Ses proches l’acceptent, avec tendresse et humour.
Leur amour, leur compréhension de ce qu’elle vit, leur absence de jugement, l’éloignement forcé d’avec son compagnon, obligent Hélène, presque malgré elle, à réfléchir, à remettre en cause sa vie...
Une scène, celle de la double page 68 et 69, sans texte, le démontre parfaitement. En se déshabillant, elle s’examine dans la glace. Maigre, contusionnée de partout… C’est à ce moment-là, qu’elle en prend conscience !
Le miroir lui renvoie sans filtre, la violence subie…
Avec le voisin, elle parle par la fenêtre. Il lui raconte le calvaire de sa mère, sa non-vie à cause de son père violent.
« _ Mais à force, elle s’était presque éteinte. Toute sa joie de vivre, tout ce qu’elle était. (…) Ses mains tremblaient, ses épaules fragiles tombaient. Et son regard fuyait tous ceux qu’il croisait.
_ Ça se voit tant que cela ? »
Il est enfin prévu une baisse du niveau des eaux. Tous les trois se couchent tôt pour nettoyer le rez-de-chaussée dès le lendemain matin…
Que seront les jours suivants ?...
De cette arche de Noé perdue au milieu des eaux, que va-t-il advenir ?
📘Le graphisme, dans les tons pastel, est somptueux. Une petite merveille d’observation des attitudes, des allures et surtout des expressions.
Dépouillé et travaillé. Comme la page 111, l’étirement du chat (qu’elle a sauvé sur le toit), la douceur de sa présence. Et les magnifiques gros plans des pages 176 et 177.
📘Violence conjugale avec Hélène. Et en parallèle, amour conjugal et familial avec ses parents. L’ensemble est abordé avec beaucoup de nuances, de force et de douceur en même temps.
Un autre modèle conjugal est donc possible. Même après des années, même avec la maladie…
📘 Un scénariste hors pair, un dessinateur talentueux.
Un gros plaisir de lecture et un coup de cœur !
Extraits
📘 « _ Daniel voulait pas que je ne rentre pas trop tard. Je file. »
📘 « Toi, tu n’entends pas des remarques incessantes sur ton corps ou ta foutue coiffure !
Toi, tu ne te retrouves pas bloquée devant ta porte d’entrée quand tu as le malheur de finir le boulot plus tard, tout ça parce que ton compagnon t’empêche de rentrer !
Toi, tu peux encore discuter avec ton mari, ou au moins avoir la chance de t’expliquer !
Vous deux, vous pouvez encore vous perdre dans une routine de vieux couple ! Ou même manger ensemble et inviter des amis sans vous hurler dessus ! »
📘 « _ Aucun homme ne devrait lever la main sur sa compagne. Jamais.
_ Je sais.
C’est juste que… je ne sais plus quoi faire !
En dehors des coups, il y a le harcèlement quotidien.
Parfois, il m’appelle 50 fois par jour !
Quand je suis au boulot. Ou même les rares fois où je suis avec mes amies !
Même quand je viens voir, vous, mes propres parents ! »
📘 Avec son voisin, elle parle par la fenêtre.
Il lui raconte le calvaire de sa mère, sa non-vie à cause de son père violent.
« _ Mais à force, elle s’était presque éteinte. Toute sa joie de vivre, tout ce qu’elle était. (…) Ses mains tremblaient, ses épaules fragiles tombaient. Et son regard fuyait tous ceux qu’il croisait.
_ Ça se voit tant que cela ? »
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