vendredi 18 avril 2025

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Waouh ! Première réflexion après avoir refermé la BD

La deuxième c’est : comment exprimer mon enthousiasme devant un récit et un graphisme aussi sidérants…

📹Dès la première page, on est emportés par le dessin d’Alex Inker, saisi par son superbe trait noir et blanc au fusain et à la pierre noire. Tout de suite, il s’en dégage une ambiance particulière, sombre, malsaine, faite d’oppression et de magnétisme à la fois.

📹Berlin – 1929 – une période sombre où les rues sont devenues dangereuses, où la pègre règne en maître. « Vous ne savez rien de ce qui se passe quand les réverbères s’éteignent »

Dans la rue, l’inspecteur Lohmann apostrophe Fritz Lang, en cours de tournage, à Berlin. Il l’a côtoyé en 1921 pour le décès de la 1ère femme du réalisateur. Meurtre ou suicide ? L’enquête a conclu au suicide…Lohmann est persuadé du contraire…

L’inspecteur espère convaincre Fritz Lang de s’inspirer pour son prochain film du meurtrier en série qu’il recherche actuellement, le vampire de Düsseldorf qui s’attaque aux femmes et aux petites filles.

« Si vous montrez ce qui arrive quand la nuit tombe et que l’homme en noir sort de l’ombre, alors nous changerons le monde. »

Après l’échec de son film, « La femme dans la lune »,  Fritz Lang choisit de raconter « M. le maudit » basé sur l’histoire et la personnalité du vampire de Düsseldorf. l'homme en noir,  c’est aussi Hitler et « personne n’aime en parler. Personne n’aime y penser. »

📹Un parallèle glaçant entre la montée du nazisme en Allemagne et les meurtres en série. Pas de limites, pas de pitié, cruauté et sadisme.

Les scènes de crime sont élaborées en silhouettes noires, mais elles donnent le frisson, justement par la simplification du trait qui montre la brutalité de l’acte.

Imaginez d’ailleurs cette scène d’anthologie, pages 178 / 179, dans les tons gris uniformes. Lang et Lohmann derrière une vitre sans tain assistent au dialogue entre le psychiatre et le meurtrier. Un homme fade, affaissé sur sa chaise qui essaie d’expliquer :

« Coller mon oreille contre la gorge trouée et écouter le glougloutement du sang… (…) Je l’ai fait, Docteur mais je ne suis pas coupable. (…) Je n’ai qu’à me promener en ville pour trouver une fille… Il n’y a qu’à se servir ! C’est comme de faire du viol à l’étalage… Est-ce que c’est de ma faute ? Elles sont là ! Moi aussi ! Pourquoi ne pas se servir ?

📹 Fritz Lang et Lohmann sont dépourvus de la moindre empathie concernant les victimes. L’inspecteur donne l’impression de jouer au chat et à la souris avec le meurtrier, en étant assuré de le coincer tôt ou tard.  Il s’en délecte même au point de préférer montrer un crime annoncé à Fritz Lang plutôt que d’agir pour protéger la victime.

« C’est peut-être ce qui préoccupait le plus Fritz Lang cette nuit alors qu’il rentrait à pied… Que Lohmann ait volontairement attendu afin de le confronter à une scène de crime. »

📹Avec son film M le maudit, sorti en 1931, le réalisateur, lui, souhaite interroger l’aspect criminel de la société, l’irresponsabilité des fous, dénoncer la barbarie : « Et le monde de M comme le nôtre est un monde qui cherche à se débarrasser des enfants. (…) C’est pour ça, qu’on les tue. », mais il est aussi complètement obsédé par la réussite de son film.

Il choisira très judicieusement le comédien Peter Lorre, « une belle tête d’assassin. » pour figurer le meurtrier.

Du courage pour sortir ce film en pleine ascension du nazisme quand on est un « un mischung. Un sang-mêlé, un demi-juif. »

On parle de la BD comme le neuvième art. Cet album illustre parfaitement cette affirmation.

Merci aux éditions Sarbacane !

 

Extraits :

📹Le suicide de la femme de Fritz Lang ou… son meurtre

« _ C’est un suicide, rien d’autre.

Elle a fait ça proprement, dans la baignoire, pour éviter d’en mettre partout… 

📹Les gens ont besoin de violence dans leur vie, ils ont besoin d’histoires violentes, de coupables. Cette histoire-là, « Fritz Lang a tué sa femme » valait beaucoup mieux que « c’est un malheureux accident. »

 📹« La rue est devenue un terrain de chasse ».

 📹Hans – le majordome de Fritz Lang

« Les mères de famille iront voir ce film. La peur du croquemitaine est ancrée dans le cœur de chaque mère. (…) Chaque mère depuis la nuit des temps. Des hommes en noir, il y en a toujours eu. »

📹Pourtant, enfoncé dans son fauteuil au cinéma, le spectateur est bien obligé de regarder les faits en face. « Ces gens-là n’ont plus d’autre choix que d’ouvrir les yeux et les oreilles. »

📹« Et le monde de M comme le notre est un monde qui cherche à se débarrasser des enfants. (…) C’est pour ça, qu’on les tue. »

📹 « Peter Lorre, l’acteur « une belle tête d’assassin. »

📹 « Coller mon oreille contre la gorge trouée et écouter le glougloutement du sang… (…) Je l’ai fait, Docteur mais je ne suis pas coupable. (…) Je n’ai qu’à me promener en ville pour trouver une fille… Il n’y a qu’à se servir ! C’est comme de faire du viol à l’étalage… Est-ce que c’est de ma faute ? Elles sont là ! Moi aussi ! Pourquoi ne pas se servir ?

📹 « Vous ne savez rien de ce qui se passe quand les réverbères s’éteignent »

📹 « Si vous montrez ce qui arrive quand la nuit tombe et que l’homme en noir sort de l’ombre, alors nous changerons le monde. »

📹« C’est peut-être ce qui préoccupait le plus Fritz Lang cette nuit alors qu’il rentrait à pied… Que Lohmann ait volontairement attendu afin de le confronter à une scène de crime. »

 📹« _ Un crime, du genre impardonnable alors… C’est ce que tu dois filmer sinon…

_ Ce ne sera pas assez puissant. »

 📹« Avouez que ça n’a rien à voir avec votre cinéma ou même mes transcripts.. »

📹 « Quand un crime est commis, c’est toute la société qui est responsable »

📹« Voyez-vous, Adolf, pour ce genre d’hommes, ça demande moins de courage de violer au détour d’une ruelle que de voler un chou à la crème dans une confiserie. »

📹Les scènes de M le Maudit avec Peter Lorre, l’acteur qui joue le rôle du tueur, Peter Kurten :

« Toujours, je dois aller par les rues, et toujours je sens qu'il y a quelqu'un derrière moi. Et c'est moi-même ! […] Quelquefois c'est pour moi comme si je courais moi-même derrière moi ! Je veux me fuir moi-même mais je n'y arrive pas ! Je ne peux pas m'échapper ! […] Quand je fais ça, je ne sais plus rien… Ensuite je me retrouve devant une affiche et je lis ce que j'ai fait, alors je me questionne : J'ai fait cela ? »

📹« Les fantômes de toutes ces mères et de ces enfants… Ils ne me quittent jamais… Sauf quand je le fais

📹« Le 5 mars 1933, les nazis remportèrent à la majorité au Parlement. Ils annulèrent les mandats des députés communistes et firent arrêter ls socialistes. »

📹Le 20 mars 33, le nouveau film de Fritz Lang ( le testament du Docteur Mabuse) doit sortir quand il est remplacé par un film de propagande et appelé à rencontrer Joseph Goebbels, ministre de la Propagande.

« _ Nous savons qui vous êtes, Lang. Et nous décidons de ce que vous serez.

(…) Un mischung. Un sang-mêlé, un demi-juif. Fritz savait que ces circonstances, ce ne serait jamais lui, le patron. »

Mischung : mélange

📹Lohmann en direction des camps de concentration

« La grande vague nous a rejetés sans que nous puissions y faire quoi que ce soit, vous de ce côté-là, mois, de celui-ci.

Ech ! J’ai cru toute ma vie que j’étais allemand et pour finir je ne suis que juif. »

 


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