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Le portrait d’une femme courageuse et lucide, pendant le fascisme italien.
📌Cela se passe en Sicile, à une époque où :
« Les femmes restaient debout, derrière, pendant les repas. Les hommes se regroupaient autour du père, avant de s’asseoir, il récitait sa prière en joignant une supplique, au ciel il demandait de prendre soin de son champ et de ses oliviers, il demandait la pluie. »
C’est dur d’être une femme en Italie, dans les années 30. D’autant plus difficile quand on a des rêves de liberté, d’autonomie. C’est le cas d’Ida, une jeune fille paysanne idéaliste.
Elle rejoint les groupes communistes où la résistance s’organise. Mais elle comprend vite, que même au sein des opposants, elle ne sera toujours qu’une femme. Une femme qui doit obéir, servir, se taire même quand elle se fait violer par un chef de groupe communiste.
« La révolution justifie tout à leurs yeux, y compris les lâchetés. Massimo n’avait aucun remords de l’avoir laissée seule, avec sa douleur, devant Constantino, bouffi d’arrogance. Il faudra remonter à chaque chute, à chaque gifle, remonter sur le chemin et planter sa voix dans les pas de ces guerriers borgnes. Il faudra qu’elle s’appuie sur cette douleur. »
📌 Un beau portrait de femme lucide, déterminée à trouver sa place, celle qu’elle aura elle-même choisie. Pas la décision d'un père ou d’un mari…
Peut-être trouvera-t ’elle sa voix quand elle devra aider et sauver Aurora qui s’occupe des femmes blessées par le fascisme…
📌 J’ai aimé l’analyse, dépourvue de manichéisme, de la résistance. Les lâchetés, les violences, les manipulations y sont nombreuses. Il faut tenir, face à Mussolini et tous les moyens sont bons.
📌 Le scénario est bien construit, la plume belle, précise et fluide, mais je suis restée en observatrice devant la « mue » d’Ida. Peut-être car l’écriture très ciselée (trop ciselée ?) m’a empêchée de ressentir une véritable émotion.
Remarque subjective, à chacun de se faire sa propre opinion. Car le propos est intéressant : la place des femmes dans la résistance.
Extraits
« Massimo apparut le regard fixe et l’habit noir. Ce n’était pas un homme, c’était un espoir pour Ida. Il avait ouvert une fenêtre dans son imagination. »
« Les femmes restaient debout, derrière, pendant les repas. Les hommes se regroupaient autour du père, avant de s’asseoir, il récitait sa prière en joignant une supplique, au ciel il demandait de prendre soin de son champ et de ses oliviers, il demandait la pluie. »
« La révolution justifie tout à leurs yeux, y compris les lâchetés. Massimo n’avait aucun remords de l’avoir laissée seule, avec sa douleur, devant Constantino, bouffi d’arrogance. Il faudra remonter à chaque chute, à chaque gifle, remonter sur le chemin et planter sa voix dans les pas de ces guerriers borgnes. Il faudra qu’elle s’appuie sur cette douleur. »
« L’Italie aimait ses épouses surtout si elles célébraient le grand Mussolini, mais l’Italie ne voulait pas de femmes qui serrent les poings. (…) Les femmes portaient la vie mais elles ne pouvaient porter la liberté. (…) Autour d’elle les fascistes commençaient à hisser des murs et à imposer leur monde aux femmes : (…) avant tout sanctuariser leur rôle de mère, créatrice de combattants. »
« Ida ne découvrait pas la misère, mais la révolte possible. Se heurter, se hisser, affronter, faire fi de la terreur natale, de la mise en ombre silencieuse, en servante éperdue, en pondeuse éternelle. »
« Ida comprit bien sûr. Sa vie ne valait rien face à la révolution. En fait, elle ne valait rien dans le monde des hommes. (…) Les hommes qui veulent changer le régime veulent changer la vie des autres, pas la leur et encore moins celle des femmes qui les servent. »
« La révolution justifie tout à leurs yeux, y compris les lâchetés. Massimo n’avait aucun remords de l’avoir laissée seule, avec sa douleur, devant Constantino, bouffi d’arrogance. Il faudra remonter à chaque chute, à chaque gifle, remonter sur le chemin et planter sa voix dans les pas de ces guerriers borgnes. Il faudra qu’elle s’appuie sur cette douleur. »
« Massimo savait aussi redire le missel du parti à haute voix comme un prêche haletant pour que leur façon de voir leur vie s’en imprègne et l’épouse. »
« Pour recevoir les autres, il faudra oublier. (…)
Être vide et fort pour recevoir les autres femmes.
Alors, reprendre le monde sans les vieux réflexes, sans ses anciennes obsessions, sans ses coups de poing, sans ses coups de bâton, sans ses viols et son sang qui n’a jamais été la couleur de la réparation.
Aimer la liberté. Ne pas déguiser son amour.
Être vide, fort et aimer. »
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