mercredi 15 janvier 2025

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Comment continuer à vivre quand sa fille est tuée par un chauffard, comment continuer à vivre, quand on est condamné à une peine injuste ?

📌Deux narrations : celle d’Anna, elle a perdu sa fille, Lucie et celle de Paul, qui a tué un adolescent en scooter et qui est condamné à la prison ferme.Deux histoires différentes, mais un même délit perçu par la partie civile et par le coupable.

Anna ne comprend pas, n’accepte pas que le chauffard de Lucie, soit condamné à une peine si légère. Même pas de prison, le bracelet électronique uniquement, bien au chaud chez lui, avec les siens. Qu’en est-il de la victime ? De sa fille que la justice ne considère pas…

« Anna avait hurlé sa rage et son mécompréhension face à un tel déséquilibre. D’un côté, le tueur d’enfant laissé libre, de l’autre des parents endeuillés à qui la justice n’avait accordé ni explication, ni considération. »

De plus, elle se sent coupable : pourquoi l’avoir laissée revenir en vélo de nuit. Pourquoi ne pas l’avoir récupérée en voiture ? Rien de tout cela ne serait arrivé. « Lucie serait encore en vie si elle avait été une meilleure mère. »

📌 Paul, lui est un chauffard. Il est condamné à 7 ans de prison. De prison ferme, pas avec sursis. Il comprend sa faute, il la regrette amèrement et surtout sincèrement. « Il est temps que le châtiment vienne, que j’expie pour espérer une nouvelle vie, une vie après les remords, les peines, et la peine que va m’infliger la justice. »

Mais pourquoi, 7 ans ? Son avocat lui explique qu’il a sans doute été condamné à titre d’exemple, après l’accident provoqué par un célèbre humoriste qui conduisait sous le coup de stupéfiants.

Pourquoi le même délit entraîne-t-il  des peines si différentes ?

 

📌 Mathieu Menegaux détaille avec précision et sensibilité, le fonctionnement de la justice, ses procédures, ses délais qui broient les familles des victimes.

Une justice bien imparfaite, codifiée, rigide, où la place de la victime est négligée, voire occultée. « Cela voudrait dire que la vie de ma Lucie ne valait rien ? »

 Pourtant Anna est accompagnée par un avocat, très empathique, qui maîtrise ce type de dossier. Il la conseille au mieux : « Aucune condamnation ne pourra apaiser votre douleur de mère. Le procès est essentiel, mais il ne réparera rien. Vous avez perdu votre fille, il n’est pas de malheur plus affreux, il n’y a rien de plus injuste et aucune peine de prison, aucune déportation au bagne, aucune flagellation en place publique, aucune compensation financière, rien ne vous la rendra. (…) Mais le procès ne sera qu’une étape dans la seule voie qui se présente à vous : celle de l’acceptation. Votre fille est décédée, mais devez continuer à vivre. A vivre avec. »

La Justice, avec un J majuscule, et des peines injustes. Comment continuer à vivre sans comprendre, sans pouvoir pardonner ?

📌L’auteur traite également avec beaucoup de justesse, la question du sens de la prison : « Qu’est-ce que je fais en prison ? C’est absurde. Un non-sens. Je n’y apprends rien, on n’y corrige rien et on ne protège personne, parce que je ne crois pas représenter un quelconque danger pour la société. »

Une prison où l’homme devient un n° d’écrou, perd sa dignité et son intégrité.

Une justice déshumanisée pour les uns et les autres.

📌 Peut-être que la solution pour les uns et les autres se trouve dans la « justice restaurative : « Une justice qui aide à réparer, pas juste à sanctionner. »

Anna et Paul vont se rencontrer, essayer de parler ensemble, d’écouter l’autre…

« Une unique rencontre entre une victime et un auteur, liés par un crime de même nature (…) mais sans aucun lien entre eux. »

Un face à face aussi terrible que sincère…

 

📌 Un passionnant et bouleversant roman choral, parfaitement documenté comme le sont tous les romans de l’auteur.

Mon premier coup de cœur de la RL 2025.💙

Un livre en lisse pour le Prix RTL Lire Magazine.

 

Merci à NetGalley et aux éditions Grasset pour ce magnifique roman.

 

 

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