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« Je crois que cette guerre a unifié la Finlande comme jamais avant, et si elle est devenue une forteresse, nous en avons été le ciment. Et je suis certain que nous avons réveillé leur satané SISU. »
📌Merci à Olivier Norek de restituer de manière aussi précise la Guerre d’Hiver, l’envahissement de la Finlande par l’URSS, de novembre 1939 à mars 1940 ; la vie de la 12ème compagnie sur le front et la figure sublime de Simo Häyhä ( prononcer Heye-Heh). Appelé « la Mort Blanche » par les russes, car c’est le meilleur tireur d’élite de tous les temps.
📌 Une guerre qui ressemble tragiquement à celle de l’Ukraine. La volonté de tout gommer, pulvériser, éradiquer. Qu’il s’agisse des hommes ou de la nature, le bulldozer aveugle russe écrase tout sur son passage. Même ses propres morts…. « Les ordres étaient clairs. Aucun corps ne devait être ramené en terre soviétique, pour ne pas contredire une propagande qui assurait que la Russie, puissante et indestructible, ne perdait pas un seul homme pendant la Guerre d’Hiver. »
Sauf que l’ours russe est bien lourd et bien incompétent face au renard finlandais. Ce dernier a pourtant peu de chances, théoriquement. Compte tenu de la puissance de l’un et de la faiblesse de l’autre en hommes et en armement, le gouvernement russe avait prévu de faire plier la Finlande en 10 jours. Mais les officiers sont peu formés et tous redoutent le Kremlin plus que les Finlandais : « Je crains davantage Celui pour lequel on se bat, que ceux contre qui on se bat. »
Le gouvernement finlandais est lucide, lui, quant aux conditions de guerre. Le général en chef écrit : « C’est en enfer que je les envoie. »
La chair à canons russe contre le SISU finlandais : « L’état d’esprit d’un peuple qui vit par un froid mordant, avec un ensoleillement rare. Une vie austère, dans un environnement hostile, a forgé leur mental d’un acier qui nous résiste.
Il faudrait y ajouter l’obstination, le cran, la force intérieure, la ténacité, la résistance, la détermination, la volonté… Et le caractère pour le moins complexe qui va avec, puisqu’ils sont aussi froids et sauvages que le cœur de leurs forêts. »
📌 J’ai adoré et admiré le respect et la fidélité de l’auteur face aux événements. Un roman fluide, facile à lire, passionnant et intense par sa dimension historique.
Il n’occulte rien : le tragique quotidien du front, les combattants de deux camps et ceux emblématiques de l’armée finlandaise. Même son lieutenant atypique Aarne Juutilainen sur le front de Kollaa. Une analyse psychologique juste et fine, tout en nuances.
Et bien sûr Simo Häyhä. Un paysan finlandais chasseur depuis l’enfance. Un homme pacifique avant tout mais qui va se dépasser face à l’invasion russe.
« Lui était terrorisé de sentir que cette violence pouvait devenir routine. Il a toujours fait la différence entre pouvoir et devoir tuer. Et lorsque la guerre s’est terminée, après avoir miraculeusement survécu, il est redevenu le fermier qu’il était, vivant avec son cheval et son chien jusqu’à devenir presque centenaire. C’est un personnage sublime. »
📌 Merci d’avoir rajouté à la fin, les cartes géographiques et les portraits des combattants. Ce complément ajoute une proximité supplémentaire au pays et aux combattants.
Un livre puissant et magistral !
Extraits
« L’arme ultime de Staline serait psychologique. Plus il serait cruel, en était-il convaincu, plus rapide serait la reddition. Et pour cela, il faut viser les civils. »
« Des soldats russes à qui l’on avait promis un conflit rapide et facile venaient de perdre la vie sur une terre dont ils n’avaient que faire, dans un pays que le Kremlin avait hissé au rang d’ennemi à force de propagande et contre lequel ils n’avaient aucun ressentiment à peine une semaine plus tôt, car ce n’était pas une nation entière qui avait déclaré la guerre, mais un seul homme qui en avait décidé. Malgré les coups de feu tirés en l’air, les hommes effrayés restèrent immobiles, et de rage, l’officier politique dût en abattre trois pour qu’enfin les autres sortent de la tranchée. »
« Malgré leur supériorité écrasante, l’expérience militaire leur faisait défaut. Lors des paranoïaques Grandes Purges, Staline avait emprisonné ou exécuté près de trois quarts de ses officiers, et nombre de ceux qui aujourd’hui étaient engagés dans la Guerre d’Hiver n’avaient même pas terminé leur formation. »
« Je crains davantage Celui pour lequel on se bat, que ceux contre qui on se bat. »
« Ukrainiens, Roumains, Géorgiens, Mongols, Turcs, Azéris, Kazakhs, Tadjiks, Usbeks, Biélorusses, Arméniens… Aucun n’avait souhaité partir en guerre. Tous avaient été enrôlés de force. Et forcer un homme revient à fabriquer un insoumis. »
« Les ordres étaient clairs. Aucun corps ne devait être ramené en terre soviétique, pour ne pas contredire une propagande qui assurait que la Russie, puissante et indestructible, ne perdait pas un seul homme pendant la Guerre d’Hiver. »
« Cette guerre n’est qu’un gigantesque suicide national. La gagner est impossible, nous sommes des milliers de soldats contre un million et nous n’avons comme alliés que la connaissance du terrain et un hiver que seul un Finlandais pourrait supporter. Nous la perdrons, c’est certain, mais c’est la manière de la perdre qui importe à Mannerheim. Soit, nous capitulons rapidement, et le pays entier devient russe, soit nous tenons le coup assez longtemps pour que ce pays devienne une gêne pour eux, auquel cas nous pourrons les forcer à entrer en négociations de paix. »
« Pourtant, si la Russie et la Finlande avaient, semble-t-il, gagné pour l’une, capitulé pour l’autre, la réalité était totalement inverse. Une nation ogre de 171 millions d’habitants n’avait pas réussi à dominer un pays pacifique de 3,5 millions d’âmes, ni à avancer de plus de quinze kilomètres dans les terres convoitées. Une fausse défaite devenait une victoire honteuse pour Staline, et le dictateur, mauvais gagnant envoya ce jour-là un ordre officiel et un ordre secret. »
Lorsqu'on lui demanda s'il regrettait d'avoir tué tant de gens, il répondit : « Je n'ai fait que mon devoir, et ce que l'on m'avait dit de faire, du mieux que je le pouvais. Il n’y aurait plus de Finlande si tous les autres soldats n’avaient pas fait comme moi, » répondit Simo humblement ».
« Ce dont je me souviens le plus de cette guerre, c’est l’incompétence de notre armée. Elle n’avait même pas réussi à s’occuper d’une poignée de Finlandais. Ce sont eux qui nous ont montré comment faire la guerre. »
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