vendredi 22 mars 2024

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Une BD en hommage aux enfants d’Izieu. En commémoration aussi car la BD sort le 3 avril 2024, 80 ans après le drame.

Première page : un paysage bucolique, apaisant, des vignes et des collines, Izieu, près de Chambéry.

Pages suivantes : des soldats allemands brutalisent deux hommes  et embarquent avec une violence inouïe,   44 enfants et 7 adultes de la colonie d’Izieu. Une maison d’accueil pour les enfants juifs, de 4 à 17 ans,  où , jusque là, ils étaient en sécurité.

C’était sans compter le gouvernement de Vichy, « Depuis l’été 1942, la France de Vichy livre les juifs de la zone sud aux nazis et obtient même des allemands l’autorisation de déporter les enfants juifs, jusqu’alors exclus des convois. », sans compter  la fin de l’occupation italienne qui laisse le champ libre aux allemands, et sans compter Klaus Barbie…

« Le 13 avril 1944, 34 premiers enfants et 4 de leurs éducateurs sont déportés de Drancy vers Auschwitz-Birkenau par le convoi n°74. Les enfants ne parlaient pas, ne criaient pas. Ils étaient murés dans le silence. »

Grâce au dessin, la souffrance et la sidération des enfants sont perceptibles et particulièrement émouvantes. L’arrivée au camp de concentration, où les enfants sont arrachés à leurs éducateurs pour être conduits dans les chambres à gaz, est même difficile à supporter tant elle est réaliste.

Aucun enfant ne survivra.

Les auteurs alternent avec beaucoup de fluidité, le présent et « l’après ».

Léa Feldblum accompagnera  les enfants jusqu’au bout. C’est la seule rescapée d’Auschwitz. Elle raconte leur parcours inéluctable vers la mort, l’impuissance des adultes. Son récit simple nous prend aux tripes.

En 1987, Quatre témoins seront présents au procès de Klaus Barbie défendu par Serge Klarsfeld : Léa Feldblum, Gabrielle Perrier, l’institutrice, absente lors de la rafle, Léon Reifman, qui a échappé aux Allemands, Sabine Zlatin, la créatrice et directrice de la maison d’accueil. Elle avait pourtant bien mesuré le risque d’arrestation, recherchait une solution plus préservée. Trop tard…

Lors de ce procès, Ils n’obtiennent aucune réponse, rien que le mépris à la question : pourquoi les enfants ? Comment peut-on s’attaquer à des innocents ?  Plus de 40 ans plus tard, c’est toujours la même incompréhension des témoins rescapés face au responsable sourd, aveugle et dépourvu d’humanité.

« Lyon, palais de justice, 17 mai 1987. Nous étions une petite colonie heureuse et ne demandant qu’à le rester. Puis un jour, des êtres qui n’étaient pas des hommes sont venus nous éclabousser d’une tâche de sang. »

Une BD passionnante, car elle interroge la barbarie et souligne la réaction des  proches de la colonie. Tous ceux, qui pour des raisons affectives ou humanitaires, y étaient attachés.

Qui a dénoncé les enfants juifs d’Izieu ? Comment peut-on rester insensible à la souffrance d’enfants et les mener sciemment vers la mort ?

Comment se débarrasser de la culpabilité d’être sain et sauf alors que ses élèves sont tous morts ?

Des émotions qui nous touchent.

Le graphisme accompagne parfaitement le récit : alternance de scènes douces et apaisantes dans la campagne, et celles du cauchemar des enfants. Couleurs claires et plus sombres. Éclairage sur les expressions tout en restant juste et retenu.

 

Impossible de ne pas être touchée par cette BD parfaitement maîtrisée,  en hommage aux innocents. A lire et à faire lire, pour ne pas oublier.

 

 



 

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