mercredi 27 décembre 2023

💙💙💙💙


 Une fable percutante sur la déshumanisation de nos sociétés, le réchauffement climatique, et le rêve d’une société idéale, en parfaite altérité avec la nature et les animaux

Encore un récit dystopique, me direz-vous…

Pourtant, ce roman graphique est plutôt original : un graphisme particulier, des couleurs flashy, un contraste marqué entre les rêves des personnages, parfaitement illustrés par des couleurs « hallucinogènes » ( par moments, comme un kaléidoscope) et le pessimisme du scénario. Et une conclusion semblable à celle d’un conte…

 

Il faut accepter d’entrer dans l’univers de Jérémie Moreau. On  est alors happé par l’harmonie entre les dessins, le réalisme des situations et la poésie qui se dégage des personnages.

 

L’histoire :

La nuit. Les couleurs orangées des éclairages électriques des métropoles, Nathan, au volant de sa voiture Uber, dépose un client. Il est ailleurs, pas derrière son volant,  et en mal-être essentiel, voire existentiel.  Heureusement le GPS le guide à la maison.

Il travaille dur et tout le temps, pour élever son petit frère et sa sœur, depuis le décès de leur mère.

Totalement perdu dans la tête, il prend une nouvelle cliente, Annie, pour la déposer à Roissy où elle doit rejoindre son pays d’origine, l’Alaska.

Il craque complètement, la voiture aussi, et Annie leur propose à tous les trois, de l’accompagner en Alaska. Elle pense alors leur offrir une vie proche de la nature, loin du stress des courses multipliées pour subsister, loin du vide qui est en train d’engloutir Nathan, mentalement et même physiquement.

Entre les souvenirs d’Annie du pays qu’elle a laissé, il y a 40 ans, pour suivre son amoureux, « un blanc »,  et la réalité du terrain, touché de plein fouet par le réchauffement climatique, le fossé est immense.

J’ai aimé la sagesse d’Annie, son empathie face à Nathan et aux enfants : « Mon cher Nathan, il faut que tu saches que tu hérites d’une civilisation qui s’est appliquée pendant des siècles à dépeupler le monde.

D’abord, en transférant les esprits des arbres, des animaux et le sacré des écosystèmes vers un ciel divin. Puis en réduisant ce qu’il restait du monde  à une matière inerte prête à l’exploitation.

Le monde moderne a produit une terre muette, et dénuée de sens. Où plus personne ne rêve. »

Un graphisme particulier. Plutôt simple. Les visages des personnages sont tous semblables, et pourtant tous différents, grâce  aux expressions bien marquées, aux couleurs éclatantes ou très sombres.

Pas du tout ce que j’aime habituellement mais il accompagne très harmonieusement, et avec beaucoup de caractère, le scénario.

 

Jérémie Moreau joue habilement du contraste. Entre rêves et monde à l’agonie. Entre noirceur du scénario et graphisme et  tout en couleurs.

Un conte philosophique qui suscite les réflexions.

 

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