mercredi 13 décembre 2023

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« Ce matin, au détour d’une rue, dans la ville où j’habite désormais, j’ai cru reconnaître son visage et sa démarche.

C’était absurde, bien entendu : tant d’années se sont écoulées depuis les événements, il aurait forcément beaucoup changé et le croiser aurait exigé un improbable concours de circonstances. »

Les années 1980 – l’ile de Ré, les vacances d’été. Le narrateur, Philippe Besson, nous entraîne immédiatement dans ses souvenirs de jeunesse, quand il avait 18 ans, avec sa bande d’amis, trois garçons, qu’il retrouve durant les vacances. Les rejoindront Alice et son frère Marc. Histoires d’attirances, de séduction, de doute, de drames, puisqu’on sait déjà que l’un d’entre eux disparaitra…

Un récit comme des milliers d’autres. Pourtant l’auteur nous accroche dans ses filets rhétais, pour seulement nous lâcher à la dernière page.

Car ses souvenirs ont un charme infini. Ils possèdent le recul et la lucidité de la maturité. Un regard attendri sur ces années mais en même temps, exigeant et excessivement lucide.

 « Quand j’y repense, avec le recul des années, je trouve ce moment incroyablement attendrissant : on avait 18 ans, ce qu’on voulait, c’était plaire aux filles,  ou aux garçons, c’était même la chose la plus importante, le reste ne comptait pas, pas du tout, on était dans cette inconsistance formidable, cette soumission à nos hormones, cette soumission à l’instant aussi. Après, on a vieilli et a perdu cela : la vie tenant toute entière dans la futilité. »

 

« A ce stade de nos existences, on était empêtrés dans une contradiction fondamentale : on voulait séduire, avoir des histoires, on était guidés par notre libido balbutiante, et pourtant, le plus souvent, on restait dans l’incertitude, dans l’entre-deux, une sorte de zone grise , on manquait de résolution, ou de discernement , ou d’énergie, ou des trois et, à la fin, souvent, on préférait la compagnie de nos potes à l’amour et au sexe, c’était moins impliquant, moins épuisant. »

 

Passionnant aussi, le sentiment de responsabilité, de culpabilité qui poursuit l’auteur, de nombreuses années après. Quand on réalise  que notre attitude négligente et légère a eu des conséquences néfastes et irrémédiables.

« Je songe à nos indifférences, nos désinvoltures qui, la plupart du temps, sont sans conséquence et qui quelquefois s’avèrent coupables. Je songe à ceux  que nous laissons partir sans comprendre qu’ils nous suppliaient en silence de les retenir. »

 

Une écriture fluide, précise, en parfaite harmonie avec un garçon de 18 ans.

Une analyse  fine et percutante de l’adolescence, plus exactement des 17 – 18 ans. Un très bon moment de lecture !

 

Merci à Babelio et aux éditions Julliard  de m’avoir permis de découvrir ce roman sensible et singulier.

 

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