dimanche 16 juillet 2023

                                                                    💙💙💙💙

Dès les premières pages, je tombe sous le charme. Tout me plaît : le graphisme et le propos de Michel Kichka. Des dessins travaillés, épurés, délicats. Le fond des planches est souvent orangé, bleuté, blanc. Des coloris doux qui accompagnent harmonieusement cette autobiographie de scénariste-dessinateur, dans le contexte de son pays, Israël.

Cerises sur le gâteau : l’entête de chaque chapitre est marquée par un dessin en noir en blanc représentant un paysage, une rue bordée d’arbres ou des maisons.

Deux parties bien distinctes.

Dans la première, il revient sur son parcours familial et professionnel. Le dessin, il est tombé dedans quand il était petit et c’est même une seconde nature.

« En dessinant, je suis parti sans le savoir à la recherche de moi-même. » L’influence de Brueghel, des peintures rupestres, l’importance du dessin de presse dans sa carrière, y compris quand il le pratique en direct.

L’humour est toujours présent : « Brueghel croquait ses personnages lors de kermesses et de ripailles et les mettait en scène dans ses tableaux. Dans les scènes de foule que je dessinais dans les années 1980, je croquais mes personnages dans les rues de Tel Aviv, de Jérusalem, de Londres et de New-York. (…) Certains accrochaient mes posters dans les toilettes et les connaissait par cœur, à force ! On m’appelait parfois « l’artiste des chiottes ». Ça m’amusait. »

La seconde partie est plutôt une réflexion à propos d’Israël. Et une prise de position affirmée sur ses contemporains  et sur le régime de Netanyahou.

A propos de ce dernier, il dit : il s’inscrit dans l’histoire aux côtés de Trump le Vulgaire, de Poutine le Cynique, de Xi Jinping le terrible. »

On le comprend vite, c’est d’abord un laïc, respectueux du culte  de chacun, la religion faisant partie de la sphère du  privé. Il rejette le clivage orchestré entre arabes et palestiniens, ainsi que le fanatisme : « les orthodoxes fanatiques sont la honte et la négation du projet sioniste. »

Malgré la gravité du sujet, et l’engagement et l’indignation de l’auteur, il n’oublie pas l’humour. A propos de son grand-père Maurice, il raconte le dialogue entre ses grands –parents dans un restaurant :

« _ Maurice, c’est casher ?

_ Si c’est bon, c’est casher ! »

Je n’oublie pas la scène superbe et émouvante, pudique en même temps, lors de l’enterrement de son père : « J’ai fait graver sa caricature sur une belle pierre de Jérusalem. Il me sourit chaque fois que je lui rends visite »

Une BD riche que je vais relire car je suis persuadée d’être passée à côté de beaucoup d’éléments.

Je la conseille pour tous ceux ( et toutes celles ) qui n’apprécient pas trop habituellement le roman graphique et préfèrent l’observation, la réflexion, l’analyse et l’humour.

Merci à NetGalley et aux Éditions Dargaud de m’avoir permis de découvrir cet auteur talentueux et modeste.

 

 


                                                                                 

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