dimanche 25 juin 2023

                                                                      💙💙💙💙

« Vendredi 21 aout 2020

A l’ombre de ta colère, mon père, je suis née, j’ai vécu, j’ai fui.

Aujourd’hui, me voici de retour. J’arrive et je suis nue. Seule et les mains vides. »

Isabelle revient dans son village natal des Alpes à la demande de son frère, Olivier, pour leur père : « Il a 80 ans, il est en excellente forme physique, étonnante même. C’est la mémoire qui commence à lâcher. Il a la maladie de l’oubli ».

Le roman commence par la narration d’Isabelle et elle s’adresse à son père.

 

Le retour est douloureux, poignant. Elle se rappelle la violence de son père, les mille exemples où il l’a blessée, meurtrie, son désespoir de s’en faire aimer. Un être dur qui semblait ne trouver le sourire qu’en montagne. Il était d’ailleurs guide et partait souvent pour des courses.

Elle évoque  également la mort de son compagnon, Vincent,  et les mots pour en parler sont bouleversants, tellement simples et sensibles : « Je ne peux pas te rappeler que Vincent est mort il y a un an et demi, ni que chaque matin, je m’éveille dans son absence, en guettant le poids, la chaleur de sa main sur ma peau. »

Le père reprend la narration et on comprend mieux sa sécheresse, sa cruauté, sa méchanceté qui paraissent  si souvent gratuites. Sa souffrance aussi. Quelqu’un qui, comme le dira Olivier ( le frère) dans les pages suivantes, est « dévoré par ses monstres ». Une personnalité complexe.

Je ne vous en révèle rien.

 

Puis, Olivier reprend la plume : « Vendredi, 1er janvier 2021. Je suis le fils, celui qui n’est jamais parti.(…) Celui qui vient d’enterrer un père. Celui demeuré près d’un homme près de chuter, près d’un silence que j’ai fini par accepter. »

C’est aussi Olivier qui comprend le mieux les souffrances, les failles de son père et sa sœur.

Un très beau roman sur l’enfance qui marque à jamais nos vies, sur les sentiments de culpabilité qui entravent et rendent violents, mais aussi sur la résilience. Comprendre, apporter le pardon, et retrouver la vie, ou du moins l’accepter telle qu’elle est.

En harmonie avec l’écriture de Gaëlle Josse : simple, précise, efficace.

Une belle réussite ! 

 


 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire