lundi 19 juin 2023

                                                        💙💙💙💙💙💙💙💙💙💙


 

Attention  ! Charme addictif pour ce roman graphique original, puissant, somptueux, poétique !  Tout simplement BEAU !

Pourtant, en découvrant un texte en alexandrins, un graphique très coloré, très contrasté,  je suis sceptique…  Il ne correspond pas du tout à ce que j’apprécie habituellement.

Et….  😀 Je me suis laissée embarquée par la musicalité du texte, par les dessins inspirés des miniatures persanes et de l’iconographie orthodoxe.

Séduite, subjuguée par cette harmonie parfaite entre poésie et graphisme.

Le portrait de Leïli :

« Leïli, quant à elle, avait en héritage

Des paupières battant comme ailes de colombe,

Des lèvres de rubis, la lune pour visage,

Des collines pour seins, un val au creux des lombes. »

L’histoire  est inspirée d’un poème persan du 12ème siècle de Nizami

Qaïs, appelé Majnoun (celui qui devient fou par amour) et Leïli s’aiment passionnément. Leurs familles respectives vont s’opposer à cet amour.

« Mais les deux tribus, d’un avis unanime,

Séparèrent la rose de son rossignol,

Tranchèrent violemment entre racine et cime,

Cachèrent le soleil aux yeux du rossignol. »

Majnoun se réfugie alors dans le désert pour chanter son amour et sera sauvé de la mort par les animaux sauvages qui l’entourent et le protègent. Cri de l’amour, de la vérité que les animaux perçoivent.

« La compassion de l’homme envers les malheureux

N’est souvent qu’un fardeau, un joug supplémentaire,

L’animal, lui, sait être un ami silencieux

Parfois, pour consoler, il faut d’abord se taire. »

Le thème de la condition de la femme est exprimé de façon très juste et sensible. Car Majnoun exprime son amour, mais Leïli ne peut que se taire, qu’obéir à ses parents, et souffrir en silence :

« Et elle aussi souffrait, mais d’une autre manière.

Sa détresse restait enclose dans son âme.

Car pudeur et honneur sont une muselière

Dont l’homme a recouvert la bouche de la femme ».

 

Thème intemporel de la mort, de l’amour que rien ne peut endiguer.

Et d’ailleurs, j’ai trouvé que Yann Damezin le sublimait de la même façon qu’un roman pourtant très moderne, de 2023 : « le soldat désaccordé » de Gilles Marchand, prix des Libraires. Les contextes sont complètement différents et la puissance du sentiment est également démontrée parfaitement.

Un roman graphique difficile à résumer car il est très riche, tant au niveau du texte, que du graphisme. En le reprenant, je m’aperçois que je n’ai pas bien retransmis la beauté de la calligraphie et des planches. A chaque relecture, je découvre autre chose. Chaque page est un tableau.

 

J’avais adoré « Hoka Hey » de Neyef, un autre finaliste du prix Orange de la BD, mais Yann Damezin m’a accrochée dans ses filets poétiques et colorés, pour mon plus grand plaisir.

A lire, à offrir pour un trop bon moment de lecture !

 

BD lue dans le cadre du prix BD Orange 2023.

Merci à la fondation Orange pour ce moment de bonheur ! 💗

.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire