vendredi 30 juin 2023

                                                                     💙💙💙💙


 

Quand le silence et la colère des opprimés(es) s'expriment différemment selon les milieux, les sensibilités et les genres. 

Suite et sans doute pas « fin » des aventures de la famille Pelletier, au début des 30 Glorieuses.

Je ne vais pas détailler les membres du clan que tout les amoureux du « Grand monde » connaissent parfaitement, mais simplement insister sur ce qui m’a paru passionnant.

 Avec Pierre Lemaitre, l’analyse sociale n’est jamais très éloignée.

- La condition des femmes, et leur seule responsabilité quand elles sont enceintes sans le vouloir. C’est le cas d’Hélène « la Fille »,  qui veut avorter. Les angoisses, les moyens farfelus, dangereux, dramatiques pour parvenir à leurs  fins.

Ce sentiment de culpabilité des femmes :

« Qui est responsable quand on fait les choses ensemble ? Est-ce que ce n’était pas à elle de compter les jours, de prendre sa température, faire ses petits calculs ? »

Sans oublier la parenthèse historique qui replace le dossier dans l’histoire :  

« Le plus sur moyen de réprimer l’avortement consistant à décourager ceux qui le pratiquaient, les médecins, les sages-femmes risquaient des peines de prison ferme, des amendes considérables, et la suspension, voire l’interdiction définitive d’exercer. Étonnamment, ce n’est pas sous le régime de Vichy que la répression de « ce fléau social »  avait été la plus vive, mais à la Libération. En 1946, on comptait mille comparants de plus qu’en 1943. »

- Toujours avec Hélène, le lecteur côtoie maintenant « l’ogre de béton ». Le barrage destiné à recouvrir le village de Chevrigny.  La population s’accroit, les besoins en électricité aussi.

Ça, c’est la théorie économique. Que se passe-t-il quand il s’agit de sa maison, de son village, de son passé, que tout va être ennoyé ? 

Comme toujours, et c’est la grande force de Pierre Lemaitre, c’est l’histoire vue au niveau de chacun. Celle qui nous intéresse, nous touche, nous permet de comprendre les réactions de nos ancêtres ou de nos contemporains.

Avec Jean, « Le Fils ainé », personnage falot mais serial killer, et entrepreneur visionnaire, on va découvrir l’ouverture des grands magasins, les petits prix afin de favoriser le volume d’affaire et permettre la rentabilité. Un vrai défi à l’époque du solide, de la qualité. La consommation autorisée pour tous.

C’est aussi les colères des femmes salariées et exploitées par les patrons… 

Un livre riche de rebondissements, même si je n’ai pas accroché les personnages. Je ne les ai pas trouvés attachants, et même quelquefois, peu crédibles, notamment celui de Jean. Peut-être car je n’ai pas lu « le Grand monde » et partais « à froid » sur la suite. Peut-être aussi pour cette raison que le contexte social m’a bien plus intéressée que les personnages.

Les seuls qui m’ont touchée sont ceux de Raymonde et de son fils handicapé mental « Petit Louis. »

 Malgré cette réticence, cela demeure un excellent moment de lecture.

 

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