dimanche 16 avril 2023

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Un vrai moment de plaisir avec cette fable grinçante, parfaitement maîtrisée, tant par le texte que par le graphisme.

Au Moyen-âge, dans un petit bourg, une truie est accusée d’avoir provoqué la mort d’un cavalier, fils de notable.  Elle et son propriétaire sont emmenés en prison. Ce type de situations existait, en effet, à cette époque.

Cela commence comme  une fable de Jean de la Fontaine, des animaux qui parlent, avec le réalisme de ceux qui observent les hommes.

Dialogue entre une poule et une oie :

« Il va y avoir un procès, dit-on.

Certainement, les hommes appellent cela « la justice », une sorte de passage avant de revenir à leur barbarie habituelle »

On peut se dire, en commençant la lecture, que le ton est léger, humoristique. Qu’il va s’agir d’une histoire qui se termine bien grâce à la complicité des animaux, avec un homme juste et intelligent qui plaide pour la truie et son propriétaire. Ce dernier est un brave paysan simple, doux et gentil. Tout devrait donc bien se terminer et les méchants seront punis.

Sauf que la méchanceté de l’homme, la force et la puissance des notables, le mépris des plus faibles vont l’emporter. « La raison du plus fort est toujours la meilleure » disait fort justement Jean de la Fontaine.

Il s’agit d’une observation très fine des travers des hommes, de leurs discours stéréotypés (toujours bien en cours aujourd’hui), des attitudes habituelles pour trouver un bouc émissaire, du respect de l’animal, du sens de la justice, du rôle de la religion, des phénomènes de foule qui se laisse manipuler, de la place de la femme dans la société :

« Pour votre gouverne, Madame, sachez que la justice à l’instar de Dieu, n’est pas là pour être clémente, mais pour garder les hommes, et plus encore les femmes sur le droit chemin. »

Les auteurs de cette BD nous proposent une fable de notre temps, avec des dessins en plus. Ils sont dépouillés pour laisser toute la place aux expressions. et celle des animaux est particulièrement réussie. Voir le chat, page 40, celle de la truie, page 57, ils sont saisissants de réalisme. Le fond des planches accompagne admirablement les différentes scènes, dans leur dramaturgie, comme une musique accompagne un film.

Bravo aux auteurs également pour ce brutal changement de ton. Je n’ai rien vu venir et le récit bascule dramatiquement à ce moment.

Une vraie réussite, à la portée de tous, adolescents et adultes.

Je remercie Babélio et les Éditions Delcourt / Mirages de m’avoir permis de découvrir cette BD passionnante. 

 

 

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